Shogun
meurtre dans les dix jours. La légende veut que, si le meurtre a lieu, le meurtrier retourne au temple et commet, en grande pompe , un suicide rituel.
— Vous pensez donc que nous ne découvrirons jamais l a personne qui a payé la tentative d’assassinat
d’aujourd’hui ?
— Non.
— Vous pensez qu’il y aura une autre tentative ?
— Peut-être. Peut-être pas. Ils signent un contrat pour
u ne tentative unique à chaque fois, neh ? Mais
vous feriez bien d’accroître et de renforcer votre sécurité. Les femmes de l’Amida sont entraînées pour empoisonner aussi bien que tuer
au couteau ou étrangler. C’est du moins ce qu’on dit.
— Avez-vous jamais fait appel à leurs services ?
— Non.
— Mais votre père y a eu recours, lui ?
— Je ne sais pas. En tout cas, pas avec certitude. On
m’a dit que le Taikô avait cherché à les contacter, une fois.
— Est-ce que l’attaque a été concluante ?
— Tout ce que faisait le Taikô était concluant. D’une
façon ou d’une autre. » Yabu sentit une présence derrière lui et cru t que les gardes étaient secrètement revenus. Il mesura la
distance qui le séparait de ses épées. Est-ce que j’essaie de tuer
Toranaga ? Je l’avais décidé. Maintenant, je ne sais plus. J’ai
changé d’avis. Pourquoi ?
« Quelle somme leur verseriez-vous en échange de ma
tête ?
— Il n’y a pas assez d’argent dans toute l’Asie pour me
pousser à faire appel à eux, pour un tel acte.
— Que devrait payer un autre ?
— Vingt milles koku, cinquante milles, cent, peut-être
plus. Je ne sais pas.
— Est-ce que vous paieriez cent mille koku pour devenir
shôgun ? Votre lignée descend des Takashima, neh ? »
Yabu dit fièrement : « Je ne paierais rien.
L’argent, c’est du fumier, un jouet pour femmes ou pour ces charognes de
marchands. Si c’était possible, mais ça ne l’est pas, je donnerais ma vie, la
vie de ma femme et de tous mes parents à l’exception de mon fils unique, la vie
de tous mes samouraïs, la vie de leurs femmes et de leurs enfants
pour, un jour, devenir shôgun.
— Et que donneriez-vous pour les Huit Provinces ?
— Comme je vous l’ai déjà dit, tout hormis la vie de ma
femme, de mon fils et de ma mère.
— Et pour la province de Suruga ?
— Rien. Ikawa Jikkyu ne vaut rien. Si je ne lui tranche
pas la tête dans cette vie, je le ferai dans une autre. Je pisse sur lui et sur
sa semence pendant dix mille générations.
— Et si je vous la donnais ? Et si je vous donnais
toute la province de Suruga, et peut-être même Totomi ? »
Yabu se sentit fatigué de ce jeu, de cette conversation sur
Amida. « Vous avez décidé d’avoir ma tête, Sire Toranaga. Très bien, je
suis prêt. Je vous remercie pour cette aube. Mais je n’ai aucunement le désir
de gâcher tant de beauté en continuant cette conversation. Qu’on en
finisse !
— Mais je n’ai pas décidé d’avoir votre tête, Yabu-san.
D’où vous vient cette idée ? L’ennemi vous aurait-il versé du poison dans
les oreilles ? Ishido peut-être ? N’êtes-vous pas mon allié
favori ? Croyez-vous que je vous entretiendrais ici sans gardes si je vous
jugeais hostile ? »
Yabu se retourna doucement. Il s’attendait à trouver des
samouraïs derrière lui, des épées au-dessus de sa tête. Il n’y
avait personne. Il se retourna et regarda Toranaga. « Je ne
comprends pas.
— Je vous ai fait venir ici pour pouvoir parler en
privé. Et pour voir l’aube se lever. Aimeriez-vous gouverner les provinces
Suruga et de Totomi, si je ne perds pas cette guerre ?
— Oui, beaucoup. » Yabu voyait ses espoirs
grandir.
« Deviendriez-vous mon vassal ? M’accepteriez-vous
comme suzerain ? »
Yabu n’hésita pas. « Jamais, dit-il. Allié, oui. Chef,
oui. Toujours votre inférieur, oui. Ma vie et tout ce que je possède sont à vos
pieds, oui. Mais Izu est à moi. Je suis daimyô d’Izu et je ne donnerais
jamais à personne aucun droit sur Izu. Je l’ai juré à mon père et au Taikô qui
nous a confirmé dans notre droit héréditaire sur Izu. Il était notre suzerain.
J’ai juré de ne plus en avoir d’autre avant que l’héritier
ne soit en âge de gouverner. »
Hiro-matsu tordit légèrement son épée dans sa main. Pourquoi Toranaga ne me permet-il pas d’en finir une bonne fois
pour toutes ? On était d’accord. Pourquoi tous ces bavardages
inutiles ?
Toranaga se gratta
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