Shogun
n’est-ce pas à cause de l’Armada ?
Peut-être que Blackthorne peut être converti ? Ce
serait la solution idéale, pour la Gloire de Dieu. Pour sauver une âme de la
damnation vers laquelle elle court très certainement. Pour ce qui est de
Toranaga : nous allons lui donner les cartes qu’il réclame. Nous allons
tout lui expliquer les “sphères” d’influence. Dites-lui
que je serai très honoré de le faire par écrit. Je lui donnerai les cartes dès
que possible. Il faut que je vérifie les faits en allant à Macao. Pourrait-il
nous accorder un délai raisonnable ? Vous lui direz en même temps que vous
êtes au plaisir de lui annoncer que le Vaisseau noir arrivera trois semaines en
avance, avec la plus importante cargaison de soie et d’or jamais vue, que
toutes nos marchandises et… (il réfléchit un instant), et qu’au moins
trente pour cent de toute la cargaison sera vendue par l’intermédiaire
de son courtier.
— Votre Éminence, le commandant ne voudra pas partir e n avance et ne voudra pas non plus…
— Vous avez pour responsabilité d’obtenir de Toranaga
les autorisations portuaires de Ferriera. Allez le voir tout de sui te avec ma réponse. Qu’il soit impressionné par notre rapidité.
N’est-ce pas l’une des choses qu’il admire le plus ? Avec ses
autorisations en poche, Ferriera nous concédera cette arrivée anticipée, cette
saison. Quant au courtier, quelle différence y a-t-il pour le commandant entre
un indigène et un autre ? Il obtiendra quand même son pourcentage.
— Mais Sire Onoshi et sire Kiyama se divisent
généralement le courtage entre eux. Je ne sais s’ils seront d’accord.
— Alors, résolvez le problème. Toranaga acceptera un
retard pour obtenir une concession. Les seules concessions dont il ait besoin
sont le pouvoir, l’influence et l’argent. Que peut-on lui donner ? Nous ne
pouvons pas lui livrer les daimyôs chrétiens. Nous…
— Pas encore, dit Alvito.
— Même si nous le pouvions. Je ne sais toujours pas si
nous serions obligés de le faire ou si nous le ferions volontairement Onoshi et
Kiyama sont ennemis, mais ils se sont ligués contre Toranaga parce qu’ils sont
sûrs qu’il éliminera l’Église, qu’il les éliminera, s’il arrive à prendre le
contrôle du Conseil.
— Je ne partage pas votre confiance, Martin. Nous ne
devons pas oublier ça, parce que Kiyama et Onoshi sont chrétiens. Nous ne
pouvons pas les offenser. La seule concession que nous pouvons faire à Toranaga
est d’ordre commercial. C’est un fanatique du commerce, mais il ne s’en est
jamais occupé personnellement. Ce que je suggère pourrait le pousser à nous
garantir un délai qui deviendrait par la suite permanent. Vous savez combien
les Japonais aiment ce genre de solutions, un gros bât on
brandi bien haut et les deux partis faisant semblant d’en ignorer l’existence,
n’est-ce pas ?
— De mon point de vue, il n’est pas sage, politiquement
parlant, pour sire Onoshi et sire Kiyama de se retourner en ce moment contre
Toranaga. Ils devraient suivre le vieux proverbe qui dit de toujours se ménager une voie de salut, non ? Je pourrais leur suggérer
qu’une offre de vingt-cinq pour cent à Toranaga – chacun aurait ainsi une part
égale – serait une décision anodine qui ferait oublier leur prise de parti “ provisoire ” en faveur d’Ishido.
— Ishido ne leur ferait plus confiance et nous en
voudrait encore plus quand il découvrirait le pot aux roses.
— Ishido nous déteste. Ishido ne leur fait pas plus
confiance qu’ils ne lui font confiance. Nous ne savons pas pourquoi ils s e sont rangés à ses côtés. Avec l’accord d’Onoshi et de Kiyama,
nous pourrions formuler la proposition comme si elle venait d e nous et maintenir ainsi le statu quo entre Ishido et Toranaga.
Nous pouvons en privé informer Toranaga de leur générosité. » Dell’Aqua
mit en balance les qualités et les défauts du plan et finit par dire : « Excellent. Mettez-le tout de suite à effet. Pour ce qui
est de l’hérétique ? Donnez ses carnets à Toranaga aujourd’hui. Retournez
immédiatement auprès de lui. Dites- lui que les carnets
nous ont été envoyés secrètement.
— Comment expliquer le retard mis à les lui apporter ?
— Pas d’explication. La vérité, simplement : ils
nous ont été apportés par Rodrigues. Aucun de nous n’avait réalisé que ce paquet cacheté contenait les cartes manquantes. Nous
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