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Shogun

Shogun

Titel: Shogun Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Clavell
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« Ce serait si facile de nous blâmer si quoi que ce
soit arrivait à l’Ingeles.
    — Oui.
    — Vous devriez peut-être remonter à la source du problème. Éliminer Toranaga, dit Ferriera brutalement.
    — Le moment n’est pas à la plaisanterie, dit le père
visiteur.
    — Ce qui a si bien marché en Inde, en Malaisie, au
Brésil , au Pérou, au Mexique et ailleurs réussira ici. Je
l’ai moi-même fait une douzaine de fois avec l’aide de mercenaires japonais à
Malacca et à Goa. Je n’ai pas votre influence ni votre savoir. Nous nous
servons des rois chrétiens. Nous aiderons l’un d’entre eux à éliminer Toranaga
s’il devient un obstacle. J’irai voir Kiyama. Père Alvito, si vous voulez bien
me servir d’interprète…
    — Vous ne pouvez comparer les Japonais aux Indiens ou à
ces sauvages analphabètes d’Incas. Vous ne pouvez diviser et gouverner ici. Le
Japon ne ressemble à aucune autre nation.
    — Pas du tout…, dit Dell’Aqua d’un air fatigué. Je dois
vous demander formellement, commandant, de ne pas vous immiscer dans les
affaires intérieures de ce pays.
    — D’accord. Oubliez, je vous prie, ce que je viens de
dire. Heureusement que les tempêtes sévissent, à cette époque de l’année.
    — Si une tempête éclate, c’est la grâce de Dieu. Mais
vous n’attaquerez pas le pilote.
    — Oh ?
    — Pas plus que vous n’ordonnerez à quelqu’un de
l’attaquer.
    — Je suis lié par serment à mon roi pour
détruire les ennemis de la couronne. L’Ingeles est un ennemi national. Un
parasite, un pirate, un hérétique. Si je décide de l’éliminer, c’est mon
affaire. Je suis commandant du Vaisseau noir cette année, et donc gouverneur de
Macao et donc investi de pouvoirs semi-régaliens en ces eaux. Si je veux
l’éliminer lui, Toranaga, ou qui que ce soit d’autre, je le ferai.
    — Vous ne tiendriez donc pas compte de mes conseils.
Vous risqueriez ainsi l’excommunication ?
    —  C’est hors votre juridiction.
C’est un problème temporel, pas spirituel.
    — La position de l’Église est si regrettablement mêlée
à la politique et au commerce de la soie que tout engage sa sécurité. Tant que
je vivrai, personne ne mettra en danger le futur de notre Sainte Mère l’Église
ici !
    — Merci d’être aussi explicite, Votre Éminence. J’essaierai
à l’avenir de mieux comprendre les problèmes japonais.
    — Je vous le conseille. Pour nous tous. Le
christianisme n’est toléré ici que parce que les daimyôs sont intimement
persuadés que s’ils nous expulsent et qu’ils chassent la Foi, les Vaisseaux noirs
ne reviendront jamais plus. Nous, les Jésuites, sommes particulièrement
recherchés et avons de l’influence parce que nous sommes les seuls à parler
japonais et portugais. Nous pouvons donc jouer les arbitres dans les questions
commerciales. Quant à la Foi, ce qu’ils croient n’est malheureusement pas vrai. Je suis sûr que le commerce continuerait quelle que soit notre
position et celle de l’Église, parce que les marchands portugais sont bien plus
préoccupés par leurs intérêts égoïstes que par la Gloire de Dieu.
    — Les intérêts égoïstes de notre clergé qui veut – au
point de demander à Sa Sainteté les pleins pouvoirs – nous
contraindre à faire route vers les ports de son choix, à traiter avec les daimyôs de son choix, sont peut-être tout aussi évidents !
    — Vous ne savez pas ce que vous dites,
commandant ?
    — Je n’ai pas oublié que vous aviez demandé, il y a
trois ans, au vice-roi de Goa d’annuler le Vaisseau noir et de ne l’envoyer que
lorsque vous le décideriez. Vers le port de votre choix. Il est cependant passé
outre, considérant vos désirs comme une ingérence inadmissible.
    — C’était pour créer une crise économique au milieu de
cette guerre stupide contre la Chine et la Corée. C’était pour refréner le Taikô.
Si vous coopérez avec nous, suivez nos conseils. Tout le Japon sera chrétien
dans une génération ! Qu’y a-t-il de plus important ? Le commerce ou
le salut des âmes ?
    — Le salut des âmes. Mais puisque vous m’avez éclairé
su r les affaires japonaises, laissez-moi les replacer dans
leur perspective correcte. L’argent japonais nous donne les soies et l’or
chinois. Les immenses bénéfices que nous en tirons et que nous transférons sur
Malacca et Goa, puis sur Lisbonne, soutiennent tout notre empire asiatique,
tous nos forts, toute s

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