Shogun
détacher cinq hommes et en faire notre “ garde personnelle ”. Ils auront chacun une
paire de pistolets. Mon père, à vous de fixer les détails. Allez-y, mais
traduisez-nous ce qui est dit. »
Alvito s’approcha du plat-bord et cria : « Vous ne
gagnez rien en mentant. Préparez vos âmes au feu éternel, vous et vos bandits.
Vous avez dix minutes, sinon le commandant vous met tous en morceaux et vous
envoie dans les tourments éternels !
— Nous arborons le pavillon de Sire Toranaga, bon
Dieu !
— Faux pavillon, pirate ! »
Ferriera fit un pas en avant. « À quoi jouez-vous, mon
père ?
— Soyez patient, commandant, dit Alvito. Ce n’est
qu’une simple question de forme. Nous avons affaire à Toranaga, p as à n’importe quel daimyô ! Vous feriez peut-être mieux de
vous souvenir qu’il a plus de troupes en armes que le roi d’Espagne ! »
Le vent soupirait dans le gréement. Les espars
s’entrechoquaient nerveusement. Des torches furent allumées sur le gaillard
d’arrière. Maintenant, ils pouvaient clairement voir Toranaga. Sa voix leur
parvint par-dessus les vagues.
« Tsukku-san ! Comment osez-vous éviter ma
galère ? Il n’y a pas de pirates ici. Il n’y en a que dans ces bateaux de
pêche qui obstruent le chenal. Je veux venir bord à bord tout de
suite ! »
Alvito cria en japonais, feignant l’étonnement :
« Mais, Sire Toranaga, nous sommes désolés, nous ne savions pas !
Nous croyons que c’était une ruse ! Les Gris nous ont dit que des bandits- ronin s’étaient emparés de la galère ! Nous avons pensé que c’étaient des
bandits, sous le commandement du pirate anglais, qui naviguaient sous un faux pavillon.
J’arrive immédiatement.
— Non. Je viens à couple.
— Je vous en prie, Sire Toranaga, permettez-moi de vous
escorter. Mon maître, le père visiteur, est ici avec le commandant. Ils
insistent pour que nous vous présentions toutes nos excuses. Acceptez-les. »
Alvito parla de nouveau en portugais et
cria très fort au bosco : « Une chaloupe à la mer », puis de
nouveau en japonais, à Toranaga : « Une chaloupe est mise à la mer,
Sire. J’y vais tout de suite, commandant », disait Alvito qui s’était remis
à parler en portugais. « Votre Éminence, si vous veniez aussi, le
compliment et l’honneur que vous lui feriez permettraient de l’apaiser.
— Je suis d’accord avec vous.
— N’est-ce pas dangereux ? dit Ferriera. Vous
pourriez être tous les deux pris en otages. »
Dell’Aqua dit : « Dès que la trahison devient
évidente, je vous ordonne, au nom de Dieu, de détruire ce bateau, que nous
soyons à bord ou pas. » Il traversa le gaillard d’arrière, descendit sur
le pont principal, passa devant les canons. Au haut de l’échelle de coupée, il
se tourna, fit le signe de croix puis descendit en traînant le pas et sauta
dans la chaloupe. Le bosco mit en route. Tous les marins étaient armés de pistolets et un baril de poudre était caché sous le banc du
bosco.
« J’ai besoin d’une escorte pour sortir du port.
C’est urgent, dit Toranaga à Dell’Aqua par l’intermédiaire d’Alvito. Mariko
était à côté de Yabu qui se tenait sur le gaillard d’avant de la galère,
Dell’Aqua était au-dessous de lui, sur le pont principal, Alvito à ses côtés.
« Ou, si vous voulez, votre frégate peut écarter de mon
chemin les bateaux de pêche.
— Veuillez m’excuser, mais ce serait un acte hostile,
injustifiable, que vous ne pouvez conseiller à cette frégate, Sire, dit
Dell’Aqua en lui parlant directement, trouvant comme d’habitude la traduction
simultanée d’Alvito surnaturelle. Ce serait impossible. Un acte de guerre
flagrant.
— Que suggérez-vous alors ?
— Retournons à la frégate et demandons au commandant.
Il trouvera une solution maintenant que nous connaissons votre problème. C’est
lui, le militaire, pas nous.
— Amenez-le ici.
— Ce serait plus rapide si vous y alliez, Sire. En plus
de l’honneur que vous nous feriez ! Je crois que nous devrions y aller
tout de suite.
— Très bien. » Toranaga accepta. « Yabu-san,
prenez le commandement du bateau. Mariko-san, allez dire à l’Anjin-san qu’il
doit rester sur le gaillard d’arrière et surveiller la barre. Venez ensuite
avec moi.
— Bien, Sire. »
Toranaga avait compris, vu la taille de la chaloupe, qu’il
ne pouvait prendre que cinq gardes avec lui. Le plan était simple.
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