Shogun
à
une senhorita civilisée. Je savais pas qu’il en existait, sur Dieu !
— Moi non plus, senhor. Je n’avais jamais parlé à un
Portugais civilisé, en dehors des pères. Nous sommes des Japonais, pas des
Japs, neh ? Les singes sont des animaux, n’est-ce pas ?
— Pour sûr. » Le bosco montra ses dents cassées.
« Vous parlez comme une donna. Oui. Sans insultes, donna senhorita. »
Blackthorne se mit à marmonner. Elle s’approcha de sa couchette et le secoua
doucement.
« Anjin-san ! Anjin-san !
— Oui… oui ? » Blackthorne ouvrit les yeux.
« Oh, hello… Je suis déso… Je… » Mais la douleur et cette pièce qui
tanguait le contraignirent à se rallonger.
« Faites venir un domestique, s’il vous plaît, senhor.
Il faudrait le laver.
Il y a des esclaves… mais pas pour ça, donna senhorita.
Laissez l’Ingeles… Qu’est-ce qu’un peu de dégueulis pour un hérétique ?
— Il n’y a pas de domestique ? demanda-t-elle,
stupéfaite.
— Nous avons des esclaves… des salopards de nègres…
mais ils sont paresseux. »
Mariko comprit qu’elle n’avait pas le choix. Sire Toranaga
pouvait avoir besoin de l’Anjin-san. « J’ai besoin d’un peu d’eau,
dit-elle. Pour le laver.
— Il y a un baril sous les escaliers, à l’entrepont.
— Allez m’en chercher, s’il vous plaît, senhor.
— Envoyez-le, lui. » Le bosco pointa un doigt sur
Kana.
« Non. Vous allez chercher l’eau. Immédiatement. »
Le bosco regarda à nouveau Blackthorne. « Vous, sa
petite amie ?
— Non, non, senhor. Je ne suis pas sa petite amie.
— Alors de qui ? Du sin… la petite amie du
samouraï ? Du roi peut-être, de celui qui vient de monter à bord ?
Tora… quelque chose ?
— Non.
— Pas la petite amie d’un de ceux qui sont montés à
bord ?
— Voulez-vous, s’il vous plaît, aller me chercher cette
eau ? » Le bosco acquiesça et sortit. Blackthorne remua. Il essayait de reprendre conscience. Elle se mit à le
déshabiller, maladroitement, à cause de son bras.
« Laissez-moi vous aider. » Kana était très
habile. « J’ai l’habitude de déshabiller mon père quand il a trop bu de
saké. » Au bout d’un moment, Kana dit : « Puisse Bouddha
permettre à sire Buntaro de s’échapper. – Oui. » Mariko observa la cabine.
« Je me demande comment ils peuvent vivre là-dedans.
— C’est révoltant. Je n’étais jamais monté à bord d’un
bateau barbare. »
La porte s’ouvrit. Le bosco entra, posa le seau. Choqué par
la nudité de Blackthorne, il sortit une couverture de dessous d’une couchette
et l’en recouvrit. « Il va attraper la crève… à part ça… c’est honteux de
faire ça à un homme, même à lui.
— De lui faire quoi ?
— Rien. Comment vous vous appelez, donna
senhorita ? »
Elle ne répondit pas, rejeta la couverture et nettoya
Blackthorne, heureuse de faire quelque chose. Elle détestait cette cabine, la
présence du bosco et se demandait ce qu’ils pouvaient bien se dire, dans
l’autre cabine. Quand elle eut terminé, elle roula le kimono et le pagne souillés .
« Est-ce que vous pouvez faire nettoyer ça,
senhor ?
— Hein ?
— Il faut les faire nettoyer tout de suite. »
— Jetez-les, donna senhorita. Ils en valent pas la
peine. Notre capitaine-pilote Rodrigues a dit de lui donner des vêtements
propres. Ici. » Il ouvrit un caisson. « Qu’il prenne là-dedans ce
qu’il lui faut.
— Je ne sais pas comment habiller un homme avec ça.
— Il a besoin d’une chemise, d’un haut-de-chausses,
d’une braguette, de chausses, de bottes et d’une veste de
mer. » Avec l’aide de Kana, elle habilla Blackthorne, toujours plongé dans
sa torpeur.
« Comment doit-il porter ça ? » Elle tenait à
la main cette pièce de tissu triangulaire qui ressemblait à un sac avec ses
aiguillettes.
« Madonne, il la porte devant, comme ça, dit le bosco,
gêné touchant du doigt la sienne. Vous la mettez par-dessus le
haut-de-chausses, comme je vous ai dit. Sur ses parties. »
Elle étudia la braguette du bosco qui, sentant son regard,
eut un début d’érection. Elle repoussa une mèche de cheveux qui lui gênait la
vue.
« Senhor, est-ce que l’Anjin-san est correctement
vêtu ?
— Ouais. À part les bottes . Elles
sont là, mais ça peut attendre. » Le bosco s’approcha, les narines
frémissantes, bais sa la voix, tourna le dos
a u samouraï. « Ça
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