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Si je meurs au combat

Si je meurs au combat

Titel: Si je meurs au combat Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Tim OBrien
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qu’on tue à coup de napalm et tout ça, rien ne prouve que toute cette horreur serve à quelque chose et justifie le fait d’empêcher Ho Chi Minh de succéder à Thieu. Vous voyez un peu ? Je cherche une preuve tangible.
    Je vois le mal dans l’histoire du régime de Ho, dans le nord du pays, je vois le mal, d’après les livres de Fall, dans l’histoire de toute la série de dirigeants qu’on a soutenus, dans le Sud. Les deux camps ont répandu le mal. Mais le troisième grand mal, la mort et la douleur, doivent aussi entrer en compte. Et je ne suis pas persuadé qu’on doit aggraver ce mal-là pour mitiger l’une des deux autres formes de mal.
    — O’Brien, ce que tu me racontes là me surprend, vraiment. T’as l’air d’être un bon gars. Mais écoute-moi un peu, tu trahis ton pays quand tu racontes des trucs pareils. J’ai rencontré des types qui n’aimaient pas le Viêtnam, c’est clair, mais toi, t’es glacial quand tu parles de ça. Dans tout ce bordel, qu’est-ce que tu fous des tripes, du courage, dis-moi voir, dans ta grande combine d’intello ? Dieu et l’incertain, tu les mets où, dans tout ça ? Écoute, j’ai fait le Viêtnam, moi. Et je peux te dire que pour les soldats américains, le Viêtnam, c’est un grand moment plein d’héroïsme.
    — Chef, est-ce qu’on peut laisser les détails de côté pendant un petit instant ? Tout ce que je demande, c’est un conseil. Je ne crois pas qu’on puisse se faire changer d’avis sur quoi que ce soit, pas sur la politique, en tout cas. Mais supposons, chef, supposons, tout simplement que je pense vraiment que la guerre, c’est quelque chose de mal – j’ai peut-être tort, je vous l’accorde –, alors, dans ce cas, le fait d’y aller et de tuer des gens, n’est-ce pas aussi quelque chose de mal ? Si je fais ça, qu’est-ce qui va arriver à mon âme ? Et si je ne me bats pas, si je refuse, je trahis par là même mon pays, pas vrai ?
    Le capitaine Edwards me lançait maintenant un regard furieux. Il a tapé le poing de toutes ses forces sur son bureau. Il a décroché le téléphone, tout en continuant à me transpercer du regard. C’est avec la plus froide des politesses qu’il a appelé le quartier général du bataillon et qu’il a pris rendez-vous pour moi avec la grosse pointure.
    Une voiture de service du quartier général est venue me chercher. Elle s’est garée juste devant la chapelle. Un sergent a ouvert la porte de derrière et s’est posté avec respect à côté de la voiture pendant que l’aumônier descendait les escaliers avec moi et s’excusait de s’être emporté :
    — La situation n’est pas facile, en ce moment. On n’a plus assez d’aumôniers pour faire tout le boulot. Sérieusement, on devrait avoir au moins un aumônier dans chaque section. On dirait bien que les gars prennent la guerre un peu plus au sérieux qu’avant – les jeunes, les nouveaux. Ils ont besoin d’aide, de types qui ont un minimum d’autorité, question d’abattre un peu de boulot. Pour les congés, les permes, les trucs dans le genre. Mais il y a tellement de gamins qui ont besoin d’aide, ça commence à me fatiguer.
    Il m’a serré la main, je l’ai salué.
    — Écoute-moi un peu, O’Brien. J’aime bien ton style. Je suis sincère, quand je dis ça, l’histoire que tu m’as racontée, elle est pas mauvaise. J’éprouve du respect à ton égard et tu peux compter sur moi. Si tu veux, je te suis pendant les mois à venir. Passe me voir à ton retour du Viêtnam, on pourra continuer notre petite conversation.
     
    *
     
    — Tu vois, la guerre de Corée et la guerre du Viêtnam, c’est pas si différent que ça. Un pays divisé par une ligne artificielle. Des gens de la même race qui s’entretuent. Aide humanitaire communiste, aide humanitaire américaine. Troupes communistes, troupes américaines. Dans les deux cas, les rouges ont commencé à devenir un peu trop gourmands. Bon, d’accord, au Viêtnam, on a un tout nouveau type de combat, la guérilla, mais on commence à apprendre, on commence à devenir bons. J’ai servi l’Oncle Sam en Corée, et puis je l’ai servi au Viêtnam. Trois fois. Eh ben, écoute un peu, soldat, ces deux guerres, c’est kif-kif bourricot. C’est les Chinois qui sont derrière ces guerres asiatiques. Soldat, ton uniforme est couvert de pellicules, brosse-moi ça. C’est une bonne chose d’arrêter les Chinois tant qu’il en est encore temps. Si

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