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Si je meurs au combat

Si je meurs au combat

Titel: Si je meurs au combat Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Tim OBrien
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c’était minuscule.
    — Ma première opération, et j’ai déjà récolté une médaille. Ça promet d’être une longue année, Timmy. Mais ouah, j’ai perdu un paquet de gars, aujourd’hui.
    Les mines avaient tué deux éclaireurs vietnamiens. Quand les hélicos sont arrivés, on y a foutu nos éclaireurs morts et huit soldats blessés. En moins d’une heure, Alpha avait perdu dix-sept gars.
    Une fois que les hélicos sont repartis, le capitaine Smith et le chef des engins à chenilles ont recommencé à s’engueuler. On était assis sur les digues, avec l’ennemi qui devait encore être dans les parages. Pendant ce temps, les deux officiers continuaient à s’opposer sur des histoires d’honneur et de compétence. Smith a dit au chef des engins qu’il aurait dû l’informer sur leur méthode qui consistait à reculer quand on se prenait des roquettes :
    — Bordel de merde, ils vont m’en faire voir de toutes les couleurs à cause de ces conneries ! Qu’est-ce que mon chef va penser de tout ça ? Il va voir une liste de morts et de blessés d’un kilomètre de long, et moi, j’en suis qu’à ma première opération. Ma carrière est carrément compromise, maintenant.
    Le chef des engins à chenilles a balancé un juron avant de déclarer que Smith était censé connaître les rudiments de la tactique des engins à chenilles. Il a marmonné un truc sur l’entraînement de la ROTC.
    Puis ils ont continué à se bouffer le nez à propos de la procédure à suivre. Les ordres en provenance du quartier général du bataillon étaient clairs. On était censés fouiller le village et nous rendre dans une zone d’atterrissage pour hélicoptères située à quelques kilomètres de là. Au bout du compte, les deux officiers ont décidé de laisser tomber la fouille du bled. Les engins ont fait demi-tour. On allait contourner le village et laisser le coin aux Viêt-congs.
    On est montés dans les engins, on a gardé tout notre barda sur nous, et la colonne a avancé de dix mètres avant de s’arrêter. Le chef des engins a envoyé un message radio au capitaine Smith pour lui expliquer qu’on allait devoir descendre et avancer en éclaireurs. Smith a secoué la tête :
    — Tu veux qu’on fasse ça à pied, hein ? Dis-moi un peu, pourquoi tu veux qu’on marche pendant cinq bornes ?
    — Les mines, a répondu le chef des engins. Ce coin en est truffé. Va falloir que tu foutes un mec au détecteur de mines à l’avant et que tous les gars marchent devant nous à l’affut de ces putains de bestioles.
    — Bon Dieu, mon pote, tu veux que mes gars te dénichent des mines ? T’es sérieux, là ?
    — Affirmatif, a répondu le chef des engins à la radio. Les mines sont plutôt balaises. On a un détecteur de mines, alors tant qu’à faire, on va s’en servir.
    — Détecteur de mines mon cul ! Quand c’truc nous dénichera une mine, ça s’ra la fin des haricots. C’est comme si tu disais à mes troupes d’avancer tranquillement, là, devant tes engins, pour dégager le terrain.
    — Bon, sois raisonnable. Que va-t-il se passer quand l’un de mes engins va sauter sur une mine de 105 ? On va tous péter en mille morceaux, voilà ce qui va se passer.
    — Raisonnable, tu me demandes d’être raisonnable ! T’essaies de me dire que je dois me servir de mes gars comme détecteurs de mines ? Et qu’est-ce que tu fais des Bouncing Betties, bordel ? Si un de mes gars pose le pied sur une Bouncing Betty, il est mort. Bon Dieu, ces trucs-là, ça fout même pas une égratignure à un engin à chenilles.
    Smith a fait venir ses chefs de section, il leur a expliqué le problème, puis il a essayé de les convaincre d’écouter les ordres du chef des engins. Les chefs de section se sont marrés et lui ont dit qu’il n’en était pas question. Smith a répondu qu’il savait bien que c’était un ordre complètement débile, mais qu’est-ce qu’il y pouvait ? Les chefs de section se sont barrés de là et l’ont ignoré, mais Smith a donné l’ordre à tout le monde de sauter des engins. On s’est mis en rang, prêts pour la marche. Quand les chefs de section se sont mis à faire la tronche et à commencer leur opération escargot, Smith s’est dandiné dans la flotte pour aller voir le chef des engins, question d’en remettre une couche. Dix minutes plus tard, il a retraversé la flotte pour nous dire de remonter à bord. Le chef des engins à chenilles en avait marre de

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