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Sir Nigel

Sir Nigel

Titel: Sir Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Conan Doyle
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la Saint-Martin, mon
cœur a saigné en voyant l’état pitoyable de votre harnachement et
pourtant vous avez résisté à Sir Olivier dans son armure milanaise.
Quand retournez-vous à Tilford ?
    – À l’instant même.
    – Holà, Jenkin, amène mon bidet, cria le
brave Wat. Et que ma main droite perde toute son adresse si je ne
vous envoie point au combat dans l’armure de votre père ! Il
me faut être rentré demain dans ma boutique, mais je vous accorde
ce jour gratuitement pour tout le respect que je porte à votre
maison. Je vous accompagne à Tilford et, avant même que la nuit
tombe, vous saurez ce dont Wat est capable.
    Et c’est ainsi que la soirée fut très occupée
au manoir de Tilford, où Lady Ermyntrude tailla les tentures
qu’elle accrocha dans la salle et remplit ses placards des bonnes
choses que Nigel avait ramenées de Guildford.
    Cependant le jeune seigneur et l’armurier
étaient assis l’un en face de l’autre, ayant sur les genoux la
cotte de mailles avec la gorgière à plat. De temps à autre, le
vieux Wat haussait les épaules comme si on lui eût demandé de faire
plus qu’il n’en était possible à un simple mortel. Enfin, sur une
suggestion du jeune homme, il retomba en arrière sur son siège en
riant aux éclats, si bien que Lady Ermyntrude lança un noir regard
de mécontentement devant une satisfaction aussi plébéienne. Puis,
prenant dans sa trousse à outils son ciseau et son marteau,
l’armurier se mit en devoir de percer un trou au centre de la
tunique métallique.

Chapitre 8 COMMENT LE ROI CHASSA AU FAUCON DANS LA BRUYÈRE DE CROOKSBURY
    Le roi et sa suite s’étaient débarrassés de la
foule qui les suivait depuis Guildford sur la route des pèlerins.
Les archers ayant quelque peu malmené les curieux les plus tenaces,
ils poursuivaient leur route à leur aise, formant un long cortège
scintillant qui ondulait dans la sombre plaine couverte de
bruyère.
    Dans le cortège se trouvait le roi en
personne. Il s’était muni de ses faucons car il espérait bien
pouvoir chasser. Édouard, à cette époque, était un homme vigoureux
et bien développé, à la fleur de l’âge, rude jouteur et vaillant
chevalier. C’était un érudit aussi, parlant le latin, le français,
l’allemand, l’espagnol et même un peu d’anglais.
    Tout cela n’était que trop connu dans le
monde, et depuis longtemps, mais il n’y avait que peu d’années
qu’il avait dévoilé des caractéristiques bien plus
importantes : une ambition inlassable, qui lui faisait
convoiter le trône de son voisin, et une prévoyance étonnante dans
les questions commerciales qui le poussait à introduire en
Angleterre des tisserands flamands et à faire semer les graines
qui, pendant des années, devaient constituer la principale
industrie anglaise. On aurait pu lire chacune de ces qualités sur
son visage. Le sourcil, ombragé par un couvre-chef cramoisi, était
haut et touffu. Les grands yeux bruns étaient ardents et
téméraires. Le menton était fraîchement rasé et la sombre moustache
coupée ras n’arrivait pas à dissimuler la bouche, ferme, fière et
gracieuse, mais qui pouvait se serrer pour ne plus former qu’une
fine ligne, signe d’une impitoyable férocité. Il avait le teint
cuivré tant il avait passé de temps sur les champs de sport et de
guerre. Il montait négligemment et avec aisance son magnifique
cheval noir, comme quelqu’un qui a constamment vécu en selle.
Édouard était noir, lui aussi, car sa fine et nerveuse silhouette
était enveloppée d’un costume collant, en velours de cette couleur,
sur lequel ne tranchait qu’une ceinture d’or.
    Dans son attitude hautaine et noble, avec son
costume simple mais riche et un destrier splendide, il avait tout
ce qu’on attendait d’un roi. Ce tableau du fier chevalier sur sa
fière monture était complété par le noble faucon des îles qui
battait des ailes sur son épaule, attendant qu’une proie se levât.
Le second faucon était porté sur le poignet de Raoul, son chef
fauconnier, qui le suivait.
    À la droite du monarque et quelque peu en
retrait chevauchait un jeune homme d’une vingtaine d’années, grand,
fin et brun, aux traits aquilins et nobles et aux yeux pénétrants
qui pétillaient de vivacité et d’affection quand il répondait aux
remarques du souverain. Il était vêtu de pourpre sombre, diaprée
d’or, et le harnachement de son palefroi blanc était d’une
magnificence qui attestait son

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