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Souvenir d'un officier de la grande armée

Souvenir d'un officier de la grande armée

Titel: Souvenir d'un officier de la grande armée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Baptiste Auguste Barrès
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bibliothèque ; sa connaissance me fut très précieuse par ses entretiens pleins d’intérêt. Plusieurs régiments espagnols, sous les ordres du marquis de La Romana, leur général en chef, tenaient garnison avec nous. Leur indiscipline et leurs mœurs féroces occasionnèrent de fréquentes querelles, où leurs poignards jouaient toujours le rôle d’auxiliaire. Un sergent-major et deux ou trois militaires de la Garde furent tués traîtreusement par eux. Ces Espagnols faisaient partie du corps d’armée que leur gouvernement avait mis à la disposition de l’Empereur.
    Il y eut à Hanovre une cinquième promotion de vélites. Je n’y fus pas compris, malgré tous les efforts que fit mon capitaine. Mes notes étaient des plus favorables, mais il y en avait de bien plus protégés que moi.
    Enfin, le 25 octobre, nous arrivâmes à Mayence, sur le sol de l’Empire français. Et, le 17 novembre, à Meaux.
    La ville de Paris avait voté des couronnes d’or, pour nos aigles, et une grande fête pour l’entrée de la Garde impériale dans la capitale. Afin que tous les corps qui la composaient fussent réunis, il fallut ralentir la marche de ceux qui faisaient tête de colonne, et les faire tourner autour de Paris pour donner place à ceux qui nous suivaient. C’est ainsi que nous parcourûmes Dammartin, Louvres, Luzarches, Gonesse, Rueil, en attendant que les dernières troupes arrivassent aux portes de Paris.

ENTRÉE TRIOMPHALE DE LA GARDE À PARIS
     
    25 novembre. – La ville de Paris avait fait élever, près de la barrière du Nord ou Saint-Martin, un arc triomphal de la plus grande dimension. Cet arc n’avait qu’une seule arcade, mais vingt hommes pouvaient y passer de front. À la naissance de la voûte, et à l’extérieur, on voyait de grandes Renommées présentant des couronnes de laurier. Un quadrige doré surmontait le monument, des inscriptions étaient gravées sur chacune des faces.
    Dès le matin, l’arc de triomphe était entouré par une foule immense de peuple. Arrivés à Rueil, vers 9 heures, nous fûmes placés en colonne serrée dans les champs qui bordent la route et le plus près possible de l’arc de triomphe, en laissant la route libre pour la circulation.
    À midi, tous les corps étant arrivés, les aigles furent réunies à la tête de la colonne et décorées par le préfet de la Seine. Des couronnes d’or avaient été votées par le conseil municipal, qui, avec les maires de Paris, entourait le préfet, M. Frochot et tout notre état-major général, ayant à sa tête le maréchal Bessières, notre commandant en chef. Après les discours d’usage et la rentrée des aigles à leur place habituelle, 10 000 hommes en grande tenue s’avancèrent pour défiler sous l’arc de triomphe, au bruit des tambours, des musiques des corps, de nombreuses salves d’artillerie et des acclamations d’un peuple immense, qui s’était porté sur ce point. De la barrière au palais des Tuileries, les mêmes acclamations nous accompagnèrent. Nous défilions entre les haies formées par la population de la capitale. Toutes les fenêtres, tous les toits des maisons du faubourg Saint-Martin et des boulevards étaient garnis de curieux. Des pièces de vers où nous étions comparés aux dix mille immortels, et des chants guerriers étaient chantés et distribués sur notre passage. Des vivats prolongés saluaient nos aigles. Enfin, l’enthousiasme était complet, et la fête digne des beaux jours de Rome et de la Grèce.
    En arrivant aux Tuileries, nous défilâmes sous le bel arc de triomphe qui avait été construit pendant notre absence. À la grille du Carrousel, après avoir déposé nos aigles au palais, où elles restaient habituellement pendant la paix, nous traversâmes le jardin des Tuileries et y laissâmes nos armes, formées en faisceaux.
    On se rendit ensuite aux Champs-Élysées, où une table de dix mille couverts nous attendait. Elle était placée dans les deux allées latérales. Au rond-point était celle des officiers, présidée par le maréchal. Le dîner se composait de huit plats froids, qui se répétaient indéfiniment ; tout était bon ; on était placé convenablement, mais malheureusement la pluie contraria les ordonnateurs et les héros de cette magnifique fête.
    Après le dîner, nous fûmes déposer nos armes à l’École militaire, où nous étions casernés, et rentrâmes dans Paris pour jouir de l’allégresse générale, des illuminations,

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