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Souvenir d'un officier de la grande armée

Souvenir d'un officier de la grande armée

Titel: Souvenir d'un officier de la grande armée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Baptiste Auguste Barrès
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cosaques. Quand elle fut à peu près toute passée, je fis faire feu, ce fut alors au tour des cosaques à fuir. Quelle raclée ils reçurent, avec quelle vitesse ils disparurent !
    Une fois éloignés, je rejoignis mon bataillon qui était de l’autre côté du ravin. On rallia la cavalerie et une fois organisée, on se remit en marche, mais une demi-heure après, elle était encore en déroute et s’était laissé prendre deux pièces de canon. Le bataillon tout entier partit au pas de charge et les reprit. Dans cette position, le bon colonel Boudinhox, commandant un régiment provisoire de dragons, vint me voir et m’offrir ses services. Il était navré de commander de si mauvais cavaliers.
    Je fus ensuite envoyé par le duc de Raguse sur une hauteur, pour garder le débouché de deux chemins, avec ordre de ne quitter cette position que quand il n’y aurait plus de nos gens dans la plaine, et de faire ensuite l’extrême arrière-garde. Je marchai au hasard, une partie de la nuit, pour rejoindre le corps d’armée, que je trouvai près de l’Elbe, en face de Meissen, où nous bivouaquâmes. Je fus bien heureux de n’avoir pas été enlevé par les cosaques, dans l’abandon où l’on m’avait laissé, car, à moins de me jeter dans les bois et de marcher à l’aventure dans un pays que je ne connaissais pas, je n’aurais pas pu résister longtemps à de nombreuses charges réitérées.
    28 septembre. – Nous descendîmes la rive gauche de l’Elbe. À une lieue au-dessous de Meissen, à un endroit où le fleuve est resserré entre deux chaînes de collines assez élevées, nous fûmes horriblement canonnés par quinze ou vingt pièces de canon placées sur une hauteur de la rive droite, tirant à plein fouet des boulets et de la mitraille, avec d’autant plus de succès qu’on ne leur ripostait pas. Ce qu’il y avait de mieux à faire, c’était d’accélérer le pas, pour se trouver, le plus vite possible, hors d’atteinte des projectiles ; la cavalerie put le faire rapidement, mais nous, ce n’était pas aussi facile. Nous laissâmes sur le terrain plus de trente morts, indépendamment d’une vingtaine de blessés, dont deux officiers que nous enlevâmes. Nous fîmes pendant quelque temps le coup de fusil, pour faire éloigner les pièces, mais ce fut sans succès. Nous restâmes à peu près un quart d’heure sous les coups de cette incessante canonnade.
    Le soir, nous avons logé à Riesa, sur les bords de l’Elbe, c’est le premier logement que nous faisions depuis le 17 août…
    8 octobre. – Nous étions au bivouac, sous les murs de Torgau, sur l’Elbe. Le 9 au matin, le comte de Narbonne, aide de camp de l’Empereur, et gouverneur de Torgau vint nous passer en revue et nous pria de le dégager un peu. Il y eut alors un combat, qu’on pourrait considérer comme une petite bataille en miniature, entre les glacis de la place et les blockhaus construits par les troupes du blocus. Trop faible pour tenir la campagne, l’ennemi chercha à nous attirer vers ses retranchements pour nous accabler de sa grosse artillerie, mais, à notre tour, nous n’étions pas assez nombreux pour tenter l’attaque de ces nombreuses positions aussi bien armées ; en sorte que la journée se passa en démonstrations de part et d’autre sans engagement très vif. Toutes les armes, infanterie, cavalerie, artillerie, furent en action, sans éprouver beaucoup de pertes. Ma compagnie jouait le rôle d’éclaireurs. Mais l’entreprise était au dessus de nos forces.
    Le 12 octobre, nous sommes passés sur la rive droite de l’Elbe à Vittemberg, et je commençai l’affaire sur l’ordre du général Chastel, commandant une brigade de cavalerie du corps d’armée du général Regnier. Ce combat (combat de Coswick) fut heureux et brillant. On y prit beaucoup de prisonniers, de bagages, et l’on fit un grand chemin en courant, car l’ennemi fut mis en déroute dès le commencement de l’affaire. Nous avons bivouaqué à deux lieues en avant du champ de bataille. Nous étions très fatigués, parce que nous avions voulu rivaliser de vitesse avec la cavalerie.
    Le 13, nous avons poursuivi l’ennemi jusqu’en face d’Ackern. Il y eut dans la journée plusieurs charges de cavalerie très heureuses sur l’arrière-garde ennemie. Nous allions à marche forcée. Dans la journée, nous fîmes halte dans la jolie petite ville de Roslau. Pour avoir un bon déjeuner, mes camarades dirent au propriétaire

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