Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Teyssier
Vom Netzwerk:
bientôt appuyées par les troupes de Pompée, qui finira bien par rentrer d’Espagne. De toute façon, même avec la décrue, le fleuve restera difficile à traverser. Le pire serait de faire passer l’armée par petits paquets et d’être attaqué au milieu d’une telle manœuvre. Le passage des Alpes avant l’hiver semble donc bien compromis et il est sans doute déjà trop tard pour déboucher rapidement dans un espace libre de Romains.
    D’autres hypothèses ont été avancées pour expliquer cette volte-face de Spartacus. D’après l’historien israélien Z. Rubinsoh 77 , le héros renonce à traverser les Alpes parce que les Italiens sont de plus en plus nombreux dans son armée. L’auteur s’appuie sur la difficulté de Florus à donner un nom à cette guerre. Une guerre où les esclaves doivent compter avec une présence de plus en plus importante de libres dans leurs rangs. Ces derniers n’ont pas les mêmes motivations que les fugitifs réunis à Thurium et n’ont aucune envie de quitter l’Italie. Il est vrai qu’après les victoires contre les deux consuls et contre le proconsul de Cisalpine les ralliements des hommes libres du centre et du nord de la Péninsule se sont multipliés. Dans ces régions, la petite propriété a mieux résisté que dans le Sud et les esclaves sont donc moins nombreux qu’en Campanie. Pour autant, les victimes de la guerre des alliés y sont nombreuses. Cet afflux d’hommes libres modifie profondément la composition sociale et ethnique de l’armée des fugitifs. Ultramajoritaires au début de l’aventure, les esclaves étrangers le sont certainement de moins en moins au fil du temps. Les bergers et les bouviers nés en Apulie et en Lucanie doivent également rechigner à passer les Alpes. Leurs craintes sont renforcées par les supplications des nouveaux ralliés italiens qui préfèrent profiter de cette guerre pour renverser l’ordre des choses dans le pays même. Cette théorie peut s’appuyer sur les chiffres donnés par les auteurs anciens. Si l’armée de Spartacus compte plus de 100 000 hommes à l’été 72, il est probable que la majorité d’entre eux soient nés en Italie et veuillent surtout profiter de l’opportunité pour se livrer au pillage. Il faut rappeler que le Thrace Spartacus n’est chef que par les hasards de la mort d’Oenomaus et de Crixus. Il s’impose donc par défaut et son autorité peut encore être remise en cause. Cette théorie n’exclut pas celle de la crue du fleuve. Il se peut même que ce contretemps naturel ait été mis à profit par tous ceux qui ne sont pas tentés par la traversée périlleuse des Alpes et l’avenir incertain qui se profile pour eux derrière les sommets enneigés.

    Marcher sur Rome ?
    Que faire dans ces conditions ? Prendre le chemin en sens inverse ? Cette perspective est sans doute difficile pour des hommes qui ont consenti autant d’efforts. Alors il faut leur offrir un nouvel objectif. Appien donne de la suite des événements une version très elliptique. Spartacus « […] avec son armée de cent vingt mille hommes d’infanterie […] prit avec diligence le chemin de Rome, après avoir mis le feu à tout le bagage qui ne lui était point nécessaire, après avoir fait passer au fil de l’épée tous ses prisonniers, et assommer toutes ses bêtes de charge, afin d’aller plus rapidement. Beaucoup de déserteurs se déclarèrent en sa faveur, et vinrent grossir son armée ; mais il ne voulut plus admettre personne ». Appien, qui ne parle pas de la bataille contre Cassius, résume ici plusieurs épisodes développés par d’autres auteurs. D’après lui, la victoire sur les consuls semble apporter de nouveaux contingents, au point d’arriver au chiffre faramineux de 120 000 hommes d’infanterie, qui, s’il est exact, doit être relativisé. Si l’on admet que les 40 000 hommes des armées consulaires ont été mis en déroute, Spartacus dispose des équipements nécessaires à armer un nombre équivalent de soldats. Il peut donc, dans le meilleur des cas, doubler le nombre de ses fantassins équipés comme des légionnaires. Pour le reste, soit environ 40 000 hommes, il doit revenir aux expédients des débuts de la révolte pour les armer très médiocrement. Ainsi, au maximum seuls les deux tiers de son armée disposent d’un armement digne de ce nom. De plus, la moitié, au mieux, est réellement entraînée, car il semble difficile de donner une

Weitere Kostenlose Bücher