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Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Teyssier
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de nouvelles recrues rejoignent volontairement l’armée levée par le propréteur . Ainsi, les légions de Crassus seront beaucoup mieux encadrées que les armées consulaires levées précédemment par des consuls sans charisme. Les citoyens aptes au combat ne manquent pas à Rome et en Italie, et le Sénat peut appeler sans difficulté des milliers d’hommes. Mais la force des légions romaines a toujours reposé sur les centurions et les vieux soldats, qui arborent fièrement leurs cicatrices et les phalères qui ornent leurs poitrines. Les centurions savent encadrer les hommes et les emmener au combat. Ce sont souvent eux qui payent le plus lourd tribut. Durant la bataille, leur place est au milieu de leurs troupes, parfois au premier rang. Leurs signes distinctifs, comme un panache sur le casque, une paire de jambières métalliques ou des décorations sur le torse, en font des cibles privilégiées. Mais ces hommes d’expérience ont le coup d’œil et le calme des vieilles troupes. Ils savent résister au choc sans plier et ils peuvent emmener au bon moment leur centurie à l’assaut tout en veillant à conserver sa cohésion. Polybe, un historien grec qui a longtemps vécu auprès des Romains, rapportait un siècle plus tôt ce que sont les missions d’un centurion : « Ce qu’on attend des centurions, ce n’est pas tant qu’ils fassent preuve d’audace et qu’ils aiment les risques. On préfère qu’ils aient le don du commandement, du sang-froid et de la pondération. On ne leur demande pas de prendre l’initiative de l’attaque et d’engager le combat, mais plutôt de tenir bon ou de se faire tuer sur place quand, ayant le dessous, ils sont soumis à la pression de l’ennemi 82 . » Les armées précédemment opposées à Spartacus n’ont pas eu de telles qualités. Aux côtés des centurions, les vieux soldats sont aussi extrêmement importants. Ils constituent dans la légion la catégorie des triarii . Dotés comme les autres du grand bouclier cintré et du glaive, ils sont armés d’une lance. Placés à l’arrière des lignes, ils soutiennent par leur présence les soldats des premiers rangs. Les plus jeunes constituent les lignes des hastati et les hommes dans la force de l’âge celles des principes . Même s’ils sont moins nombreux, les triarii ont un rôle important à jouer en cas de panique. Si les hommes des premiers rangs viennent à lâcher pied, les vieux briscards formant les derniers rangs constituent l’ultime recours pour renvoyer leurs camarades au combat, à coups de lance s’il le faut.
    Le fait que Crassus puisse rallier un grand nombre de ces hommes joue un rôle fondamental dans l’issue de la troisième guerre servile. Ces vieux soldats et ces sous-officiers expérimentés ont déjà rempli leurs obligations militaires et seul le volontariat peut les arracher à leur retraite. Crassus doit donc avoir quelques qualités pour leur donner envie de reprendre du service. Là aussi, il faut se méfier de la vision manichéenne de nombreux auteurs modernes. Presque tous font de Crassus un être détestable en insistant lourdement sur sa richesse et sa cruauté. Dans les romans d’inspiration marxiste, Crassus occupe très opportunément le rôle du capitaliste crapuleux prêt à tout pour ramener les esclaves dans leurs fers. Que Crassus n’ait pas de sympathie pour eux ne constitue pas vraiment une surprise dans le contexte universellement esclavagiste de l’époque. Pour autant, Crassus mise surtout sur la formation de ses esclaves pour en tirer un meilleur prix. Accessoirement, il offre ainsi à ces hommes de solides chances d’être un jour affranchis. Au moins pour cela, Crassus ne doit pas compter parmi les pires des maîtres. Sa popularité semble même bien réelle car les historiens anciens reconnaissent qu’il peut compter sur la confiance de nombreux Romains qui le suivent avec enthousiasme. Cette ferveur qui pousse les meilleurs soldats à rejoindre Crassus permet de constituer la première armée digne de ce nom que Rome puisse opposer à Spartacus. De toute évidence, Crassus est beaucoup plus subtil que la caricature que l’on fait de lui depuis l’Antiquité.

    La fidélité des alliés de Rome
    L’influence de Crassus semble faire des miracles. D’après Salluste, les troupes levées par le préteur « sont réunies sous les armes en peu de jours ». Au-delà de ses citoyens, Rome fait aussi appel à ses alliés. Florus évoque

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