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Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Teyssier
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surtout fait connaître pour l’ampleur de ses prévarications. Plutarque rapporte que ses rapines étaient alors si importantes qu’elles ont fini par indisposer son protecteur lui-même. « Sylla lui demanda des comptes sur son administration en plein Sénat 81 . » Devant les accusations portées contre lui, Lentulus s’est contenté de relever sa toge et de montrer sa jambe, comme le font les enfants qui ont commis une faute au jeu de balle. Ce geste de dédain lui a valu son surnom de « Sura », le « mollet ». Sur son consulat de 71, les auteurs ne nous disent rien, pas plus que sur l’action de l’autre consul, Aufidius Orestes. Sans doute lui-même et son collègue se contentent-ils d’expédier les affaires civiles tandis que Crassus se charge des affaires militaires durant cette année cruciale. Les mauvaises habitudes prises au temps de Sylla ont cependant dû refaire surface, car le consul Lentulus sera exclu du Sénat pour immoralité dès sa sortie de charge en 70. Malgré cette sanction, il parviendra à revenir aux affaires en tant que préteur en 63. Impliqué dans la conjuration de Catilina, il sera exécuté sur ordre du consul Cicéron. Qu’un tel homme soit élu consul en 72, alors que Spartacus est aux portes de Rome, en dit long sur la déliquescence de la République finissante. Cette élection témoigne également du faible nombre de familles qui peuvent alors prétendre au consulat. Si l’on juge de la force d’un régime aux qualités morales de ses gouvernants, l’histoire de Lentulus Sura permet de mieux comprendre les difficultés que rencontrent les Romains pour venir à bout de la révolte de Spartacus.

    Une clientèle mobilisée
    Pour l’heure, l’homme providentiel de Rome s’appelle Crassus. Le fait que le Sénat lui ait confié la conduite de la guerre semble redonner espoir. Il faut avoir bien présent à l’esprit que le système romain est fondé sur un clientélisme que nous qualifierons de mafieux. Chaque homme politique important doit avoir une clientèle à sa mesure. Au sein de cette clientèle politique, certains ne sont pas médiocres et ont eux-mêmes leurs propres clients. En temps normal, un client peut espérer que son patron le protège et lui fournisse aide et assistance, ce que Crassus sait parfaitement faire. Prêts sans intérêts, aide dans les procès, soutien dans une campagne électorale, il existe bien des moyens de se créer des obligés. Pour les plus modestes, il existe aussi des interventions diverses comme l’attribution d’un logement. Une telle faveur est chose aisée pour Crassus, heureux propriétaire d’une part considérable du « parc locatif » de Rome. Le don d’un simple repas constitue une autre forme de service pour les citoyens les plus pauvres, et ils sont nombreux à Rome. Cela coûte peu et procure la popularité indispensable à toute carrière politique. De plus, Crassus fait tout cela avec une bonhomie qui lui vaut souvent un attachement sincère. Pour autant, un patron romain n’est pas un philanthrope et sait rappeler son client à ses devoirs. Au Forum, il est de bon ton de le saluer avec respect et de manière visible. Plus encore, au spectacle, il est judicieux de l’acclamer lorsqu’il apparaît sur les gradins du bas, réservés aux personnes haut placées. Dans ces lieux, la cité est en représentation et il est facile alors de juger de la faveur de tel ou tel homme politique. Enfin, à la guerre, il va de soi que les clients en âge de porter les armes sont les premiers à rejoindre les étendards de leur protecteur. Et c’est bien ce qui semble se produire à Rome durant l’été 72. D’après Plutarque, « un grand nombre de jeunes gens des premières familles le suivirent, attirés par sa réputation et par l’amitié qu’ils lui portaient ». Il semble bien que le système clientéliste constitué patiemment par Crassus fonctionne alors à merveille.
    Ce ne sont pas que de pauvres bougres qui répondent à son appel, mais aussi des jeunes gens des milieux aristocratiques qui peuvent eux-mêmes mobiliser les clients de leurs familles. Ces enrôlements volontaires constituent les cadres d’une armée plus solide que les précédentes. Salluste souligne également l’importance des vieux soldats qui rejoignent Crassus. Ce dernier intègre « tous les vétérans et centurions ». Ce fragment suggère que des soldats déjà retirés du service mais encore assez jeunes pour encadrer

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