Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Teyssier
Vom Netzwerk:
sicilien
    Une fois le pays samnite traversé, Spartacus ne s’installe pas en Lucanie. Pour certains, il est un véritable général, conduisant son action avec une logique et une rigueur qui sont à l’origine de l’admiration qu’il suscite souvent. Florus, dont le ton est toujours très dur envers les esclaves, a une version un peu différente des choses. Selon lui, c’est Crassus qui a « chassé et mis en fuite les ennemis – je rougis de leur donner ce nom – qui se réfugièrent à l’extrémité de l’Italie ». Dans cette version, Florus nie donc toute intelligence tactique à Spartacus et présente sa marche vers le sud comme la fuite d’un gibier traqué. Appien parle lui aussi de cet affrontement qui aurait « mis en fuite » Spartacus. D’après Appien, juste après l’épisode de la décimation, Crassus a vaincu le Thrace « avec éclat, et le poursuivit du côté de la mer, vers lequel il prit la fuite dans la vue de s’embarquer pour la Sicile ». Ainsi, deux historiens, un grec et un romain, attribuent le mérite de cette retraite à Crassus, qui repousse ainsi la menace pesant sur Rome. Spartacus suit-il un projet précis ou tente-t-il d’échapper à un adversaire plus redoutable que les autres ? Il est d’autant plus difficile de trancher que Plutarque, qui donne généralement le récit le plus précis, ne dit rien sur l’événement en question. Quant à Salluste, les fragments de ses Histoires sont muets sur cette période. Quoi qu’il en soit, Spartacus et ses hommes traversent la Lucanie et continuent leur marche. Par la via Popillia, ils s’engagent dans la pointe de la Botte en direction de la Sicile. Parmi ses hommes, ceux qui le suivent depuis l’année précédente reconnaissent le pays où ils ont passé l’hiver 72. Certains doivent penser que Spartacus veut s’installer à nouveau pour l’hiver entre Consentia et Thurium, le temps de renforcer encore l’armée des esclaves. Mais leur chef a d’autres plans qui vont nourrir sa légende. D’après Salluste, les rebelles se dirigent vers l’extrême sud de la Botte, là où « toute l’Italie resserrée par un détroit se termine coupée par deux promontoires, celui du Bruttium et celui des Salentins […]. Dans ces défilés la guerre pourrait se prolonger ». Dans ce but, Spartacus et ses hommes « se réfugièrent dans la forêt Sila ». Le massif de la Sila se situe autour de la ville de Consentia ; dans cette zone montagneuse et boisée, l’armée des esclaves reprend l’avantage du terrain et peut préparer l’étape suivante de sa marche. Plutarque donne quelques détails importants sur ce projet. Après avoir traversé la Lucanie en se retirant vers la mer, Spartacus « rencontra dans le détroit de Messine des navires de pirates ciliciens 87 et il songea à un coup de main dans l’île pour y rallumer la guerre des esclaves ». Toujours très vague, Florus confirme néanmoins le projet de passage en Sicile : « Enfermés dans les environs de la pointe du Bruttium, ils se disposaient à fuir en Sicile. »

    Un nouveau Moïse ?
    Les versions des auteurs anciens concordent sur l’essentiel : Spartacus a bien le projet de passer en Sicile. Mais sur les détails les avis sont partagés. Les fragments des Histoires de Salluste ne donnent pas de précisions ; il ne nous reste de ce passage qu’une longue description des frayeurs que le détroit séparant Rhegium de la Sicile inspire aux marins. Florus parle d’une fuite en avant tandis que Plutarque semble suggérer que ce sont les « pirates ciliciens » eux-mêmes qui donnent cette idée à Spartacus. Ils tiennent toujours la mer et aucune force organisée ne peut leur nuire vraiment. La guerre des esclaves comme celles de Sertorius et de Mithridate VI servent leurs intérêts au plus haut point. Tant que ces guerres dureront, Rome ne pourra pas réunir les forces nécessaires pour lutter contre eux. Le but premier de Spartacus n’est pas de s’échapper d’Italie pour voguer vers la liberté ; cette idée, reprise par nombre de romans historiques et popularisée par Stanley Kubrick, est fausse. Comment pourrait-il en être autrement ? Presque tous les rivages de la Méditerranée sont alors plus ou moins directement contrôlés par Rome. Cette image que l’on associe à Spartacus est empreinte d’une certaine naïveté : on imagine volontiers les hommes et les femmes réunis autour du rebelle comme les victimes d’une

Weitere Kostenlose Bücher