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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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description de
Staline, la simplicité de son discours et de sa conduite, les marques de petite
vérole sur son visage, en un mot une absence de majesté et de grandeur…
Indifférent au silence funèbre qui gagne l’assistance, Zazoubrine ne voit rien
de mal à comparer Staline à Mussolini, ou les membres du Bureau politique, et
Staline en particulier, à ceux de la famille du tsar [673] .
    Staline l’écoute, renfrogné sur sa chaise, puis invite l’assistance
à se régaler. Il pousse les convives à boire ; il aime voir l’alcool
délier les langues. Il vide lui-même les trois quarts d’une bouteille de cognac
sans broncher, puis délivre son message aux écrivains. Il ne leur demande pas
une « unanimité qui n’existe que dans les cimetières », il les invite
à répondre « aux besoins du peuple, c’est-à-dire du Parti. En quoi ?
En fournissant une marchandise adéquate ». Les écrivains produisent, eux
aussi, une marchandise « intéressante, qui, dit-il, nous est très
nécessaire : les âmes des gens […]. Vous aidez au remaniement de l’âme des
gens. C’est une production importante, les âmes des gens. Et vous, vous êtes
les ingénieurs des âmes humaines [674]  ».
À partir de ce critère d’utilité, Staline distingue trois strates dans la
littérature : à l’échelon inférieur la poésie, à l’étage intermédiaire les
romans, et, à l’étage supérieur, le théâtre, plus accessible. Le travailleur,
occupé huit heures à l’usine, avec une famille à charge, n’a pas le temps de
lire de gros romans, mais peut facilement aller au théâtre, moyen facile de
populariser les idées du Parti dans les masses [675] . Pour Staline, l’art
doit être une arme. Le reste ne l’intéresse pas.
    Staline s’emploie également à fabriquer des mythes. 1932 est
ainsi l’année de Pavlik Morozov. Ce petit paysan de l’Oural âgé de 12 ans,
l’aîné de quatre enfants abandonnés par leur père, est égorgé, avec un de ses
frères cadets, par son grand-père parce qu’il avait livré à la milice le secret
de la cachette où celui-ci avait dissimulé une meule de foin et une charrette.
Staline transforme ce fait divers en mythe politique. Pavlik Morozov aurait
dénoncé à la milice son père, président du soviet du village, condamné à mort
pour avoir délivré de faux certificats à des koulaks et fait détourner des
céréales du kolkhoze. Pour venger le père, des koulaks auraient égorgé le jeune
« pionnier communiste » (qui ne l’avait jamais été). La petite
victime d’un crime crapuleux devient de ce fait le héros de la dénonciation
progressiste et le symbole des jeunes générations favorables au socialisme et à
la collectivisation, dressées contre leurs parents et grands-parents, égorgeurs
d’enfants au nom des forces ténébreuses du passé. La distorsion totale entre le
fait divers originel et le mythe qui en est tiré est évidemment un des traits
de la mythologie stalinienne.
    La crise politique permanente et le durcissement de la
répression rendent de plus en plus insupportable à Staline l’état d’esprit de
sa femme. Nadejda Alliluieva tient, en effet, à souligner son
indépendance : en 1927, elle a assisté aux obsèques du trotskyste Adolphe
Ioffé et écouté à cette occasion le dernier discours prononcé par Trotsky en
URSS. Elle semble détester le nouveau favori de son époux, le sournois Beria.
Staline, de son côté, supporte mal sa jalousie, son amitié avec Boukharine, et…
la longueur de ses lettres, tout en lui restant manifestement attaché. Depuis
1929, il part sans elle à Sotchi. Elle vit mal les tensions de la terrible
année 1932 qui rendent Staline de plus en plus irritable. Elle est en
outre jalouse de la jeune coiffeuse qui le rase. Selon Molotov, « Alliluieva
était un peu toquée à ce moment-là, elle était si perturbée qu’elle ne se
contrôlait plus [676]  ».
    Le 7 novembre 1932, elle assiste au défilé rituel
en l’honneur de la révolution. Il pleut et il vente. Nadejda soupire en
regardant la tribune du Mausolée : « Il doit être gelé. Je l’ai supplié
de s’habiller chaudement, mais il s’est contenté de grommeler une grossièreté
et il est parti. » Le lendemain soir, Staline et Nadejda vont au Bolchoï
voir un ballet. À la fin de la représentation, Nadejda reproche à son mari le
vif intérêt qu’il a manifesté à une ballerine. Puis ils regagnent leur
appartement au

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