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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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« Oui, oui et de pardonner [863]  »,
bafouille Boukharine, contraint à s’humilier.
    La réunion consacre quatre journées à la mise à mort des
deux hommes. Les orateurs s’acharnent sur Boukharine. Vorochilov souligne « l’indulgence »
de Staline à son égard. Chkiriatov présente sa grève de la faim comme une
bouffonnerie ; Staline glousse : « Il a commencé à jeûner
pendant la nuit. » Ces quatre jours lui permettent aussi de repérer les
membres du Comité central qui manifestent réticences ou tiédeur. Staline a
interrompu Rykov et Boukharine 100 fois, Postychev 88 fois, Molotov 82 fois,
Kaganovitch 67 fois, Roudzoutak une seule fois. Les autres membres du
Bureau politique sont à la traîne. La majorité des membres du Comité central, « désemparés
et abattus », selon Boukharine, n’ont pas soufflé mot pendant cette
séance. Rykov ne comprend pas que c’est sa vie, et non sa seule liberté, qui
est en jeu. Rentrant chez lui, il répète, accablé, à sa femme et à sa
fille : « Ils veulent me jeter en taule, ils veulent me jeter en
taule [864]  ».
    Une commission de trente-cinq membres propose que le Comité
central décide de la sentence à infliger aux deux hommes. Staline joue la
comédie du droit et déclare aux accusés : « Dans la mesure où vous
avez voulu attenter à ma vie, je ne peux participer à la décision vous
concernant [865] . »
Les membres de la commission doivent en fait répondre par écrit à un
questionnaire, rempli par vingt d’entre eux. Iejov, à coup sûr mandaté par
Staline, répond le premier et propose de fusiller les deux hommes, proposition
reprise par cinq autres membres, dont le général Iakir. Postychev, répondant en
second, propose de les livrer au tribunal sans les fusiller, proposition
reprise par sept autres membres, dont Khrouchtchev et Litvinov. Staline,
répondant en quatrième position, joue les arbitres et propose d’exclure les
deux hommes du Comité central et de « ne pas transmettre l’affaire
Boukharine-Rykov au tribunal, mais de la confier au NKVD » pour complément
d’information, ce qui laisse un vain espoir aux deux accusés et donne au NKVD
le temps de préparer leur procès. Sa proposition, reprise par six autres
membres, dont la sœur et la veuve de Lénine, est ensuite votée à l’unanimité
moins les deux abstentions de Boukharine et Rykov, immédiatement arrêtés et
emprisonnés [866] .
    Dans un second rapport, Iejov élargit les frontières de la
suspicion ; selon lui, la majorité des membres des services de
renseignements et du contre-espionnage soviétiques sont des « agents
traîtres » et même « des agents doubles, traîtres », ce qui
constitue un exploit purement stalinien. Mekhlis, rédacteur en chef de la Pravda, dénonce les mises en pages douteuses de journaux, à l’instar du quotidien qui a
publié une photo de Staline surmontée par cette manchette : « Les
pires ennemis du peuple ». Mais le Comité central n’est pas encore
complètement dompté. Ainsi, mis en cause par Mekhlis, l’ancien communiste de
gauche Ossinski l’accuse ironiquement d’avoir publié dans la Pravda un
article sur l’histoire du Parti qu’il qualifie de « foutaise ».
    Vorochilov annonce l’arrestation récente de huit chefs
militaires qui avaient jadis soutenu Trotsky, dont Primakov, Poutna et Schmidt.
Huit hauts responsables, c’est bien peu au regard des autres secteurs.
Vorochilov, que Staline n’a pas prévenu de la liquidation planifiée du haut
commandement, se félicite naïvement de n’avoir pas encore démasqué beaucoup d’ennemis
dans l’Armée rouge, ce qui est normal, dit-il, puisque le Parti y envoie ses
meilleurs cadres, les hommes les plus sains et les plus solides. Molotov le
corrige sèchement : « Si nous avons des saboteurs dans tous les
domaines de l’économie, pouvons-nous imaginer qu’il n’y en ait pas là aussi [867]  ? » La
menace, transparente, ne semble pas émouvoir l’état-major, dont chaque membre
se croit dans les bonnes grâces de Staline, sauf Toukhatchevski. Ce dernier,
sur qui Staline a constitué un dossier depuis l’affaire Kakourine en 1930, ne
peut se faire des illusions.
    Les membres de l’entourage de Staline copient le
comportement de leur maître à l’égard de leurs subordonnés. Au fur et à mesure
de son ascension, le Guide a traité ses lieutenants avec une brutalité
croissante. Vorochilov, qui a eu parfois à en

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