Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
Vom Netzwerk:
subir les effets, l’imite. Lors d’une
réunion du commissariat à la Défense en 1935 ou 1936, Toukhatchevski émet
quelques remarques critiques sur un projet de décret qui paraissent pertinentes
au futur maréchal Timochenko, présent. Vorochilov s’empourpre et explose :
« Ah ! bordel de ta mère, espèce de crétin, qu’est-ce que tu as à
foutre ton nez dans une affaire qui ne te regarde pas, qu’est-ce que tu y
comprends ? Tu veux avoir l’air plus intelligent que les autres ? »
Cette dernière question est un reproche typiquement stalinien. Devant
Timochenko stupéfait, Toukhatchevski, alors vice-commissaire à la Défense,
rougit « comme une jeune fille » et baisse la tête [868] . Il sait déjà qu’il
ne peut plus rien dire ni faire.
    Le 16 mars, l’ambassadeur soviétique à Paris,
Potemkine, informe Staline, Molotov et Litvinov que Daladier juge probable l’existence
au sein de l’Armée rouge de « restes d’éléments trotskystes ».
Daladier, qui répète les bobards propagés par les agents du Guépéou, lui a
confié que certains milieux allemands préparent en URSS un coup d’État, « avec
la collaboration d’éléments du commandement de l’Armée rouge, hostiles au
régime soviétique actuel ». Le 9 avril, le chef de la Sécurité
militaire, Ouritski, informe Staline des bruits qui courent à Berlin à ce
sujet. Pendant que les rumeurs se répandent par les chancelleries, les
manœuvres visant à rassurer les futures victimes continuent de plus belle. Le 17 mars,
une raffinerie de sucre de la région de Kiev, qui portait jusqu’alors le nom de
Piatakov, se voit ainsi attribuer celui du général Iakir. Le 27 avril,
Gamarnik est nommé membre suppléant du Comité de défense de l’URSS,
nouvellement créé, aux côtés de Staline et d’autres membres du Bureau
politique. Iejov transmet à Staline l’« information » de Skobline sur
le complot, qui vient du Guépéou et revient à Staline sous la forme d’une
information secrète. Le 8 mai, Benès, désireux de se gagner les bonnes
grâces de Staline, l’informe, lui aussi, du complot. Selon le nazi
Schellenberg, Staline envoie alors à Berlin un émissaire qui paie, rubis sur l’ongle,
3 millions de roubles les renseignements fabriqués par la Gestapo. C’est,
dit Schellenberg, « l’argent de Judas ». Les agents allemands envoyés
en URSS avec ces coupures dont le Guépéou a noté les numéros seront, en effet,
tous arrêtés. Staline fait ainsi coup triple : il persuade les nazis qu’ils
l’ont roulé, récupère l’argent versé, et permet au Guépéou d’intercepter de
vrais agents nazis. Il n’utilisera pas le dossier ficelé par la Gestapo lors du
procès des militaires : Staline veut se débarrasser d’un état-major issu
de la guerre civile, à l’exception de ses fidèles Vorochilov et Boudionny. Les
faux fabriqués par les nazis ne lui servent qu’en conseil militaire pour
terroriser les généraux présents.
    Au Comité central de février-mars, Staline définit le Parti
comme une organisation militaire constituée en cercles concentriques : « Dans
notre parti […] il y a environ 3 000 à 4 000 hauts dirigeants. C’est,
dirais-je, la Généralité de notre parti. Plus loin, il y a 30 000 à 40 000 dirigeants
moyens. C’est notre corps d’officiers du Parti. Plus loin encore, il y a 100 000
à 150 000 membres du corps de commandement inférieur du Parti. Ce
sont pour ainsi dire nos sous-officiers du Parti [869] . » Qui dit
organisation militaire dit absence de démocratie, dictature des chefs,
inégalitarisme, règne du secret et de la discipline. Or, dans cette « généralité »,
une partie des « officiers » et même du « commandement inférieur »
croient possible de maintenir la zone réservée de leur pouvoir local et de
leurs pensées intimes. Staline va s’attacher à briser cette prétention
insupportable à sa dictature.
    C’est pourquoi, dans son discours final, il s’attache à
promouvoir, contre ce vaste état-major du Parti qu’il s’apprête à démanteler,
le personnage de l’adhérent de base, du petit porte-parole du peuple. Préparant
son offensive contre le satrape de l’Ukraine, le stalinien fanatique Postychev,
il choisit une militante de Kiev, Nicolaienko, dénonciatrice hystérique,
acharnée à débusquer partout des ennemis retors et cachés. Khrouchtchev, qui la
rencontrera un peu plus tard, la décrit comme une

Weitere Kostenlose Bücher