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Stefan Zweig

Stefan Zweig

Titel: Stefan Zweig Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dominique Bona
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Dans une prose fascinante qui joue à la fois du réalisme et du mystère, de la logique et de la séduction, il s’essaie au réalisme social, admire Emile Zola, et avec beaucoup de courage et de talent, navigue lui aussi à contre-courant. Pour Zweig, il n’est ni un ami ni un maître, mais compte parmi ces gens « actifs pour le même élan de la vie et la même conception de l’homme », qui sont tous à des degrés divers ses frères spirituels.
     
    Zweig aura toujours moins de complicité avec Thomas Mann, le frère cadet de Heinrich Mann. Thomas Mann se tient encore à l’écart du microcosme littéraire, replié sur lui-même et sa famille, vivant à Munich dans un isolement farouche. Zweig ne le connaîtra personnellement que beaucoup plus tard, la tragédie advenue. Avant 1914, l’auteur des Buddenbrooks , roman paru en 1901, habite les nuages. Indifférent aux agitations nationales, au réalisme social comme à la montée des périls, il écrit des livres d’une splendeur mélancolique. Obsédé par le déclin, il occulte l’avenir. Dans La Mort à Venise et Tonio Kröger , l’artiste, enfermé dans ses rêves, solitaire et malheureux, incompris, ne trouve pas la paix en lui-même, vit déraciné et divisé, désespéré. Comment croirait-il en une cause, politique, idéologique ou philosophique, quand le sens même de la vie lui échappe et qu’il est occupé à le poursuivre en écrivant ? Un revirement brutal, aussi choquant qu’imprévisible, fera de Thomas Mann – pour un temps entre parenthèses – un chantre de la guerre, de la patrie allemande et de Guillaume II, mais avant que ne tonnent les canons, il est encore, ce jeune frère d’un brillant et virulent écrivain social-démocrate, un romancier des décadences bourgeoises. Ses livres posent pourtant la question fondamentale qui aurait pu le rapprocher de Zweig : quel rôle est dévolu à l’artiste dans une société où la haine est une valeur plus prometteuse que la conciliation ?
     
    Côté français, Jean Jaurès parle le plus fort pour la paix. Le grand orateur socialiste, député du Tarn, déploie une magnifique ardeur au service de l’Internationale, cette entente qui doit réunir idéalement, par-delà les frontières, les travailleurs de tous les pays d’Europe, qui doivent marcher vers l’avenir main dans la main. Zweig, qu’une génération sépare de Jaurès, admire le personnage et croit en son message. Mais voulant se garder de tout engagement politique, il n’aura pas l’occasion de l’approcher ni de l’entendre. Aux programmes, aux manifestes, aux enrôlements, il préfère des déclarations littéraires, les rêves de Romain Rolland. Ou ceux d’autres écrivains, ses amis, qui pensent comme lui. Parmi eux, d’abord, Jules Romains. Un professeur de philosophie, normalien, auteur de poèmes, de pièces de théâtre et de romans, dont le dernier paru, en 1913, s’intitule Les Copains . Né en 1885 en pays de Loire, il est un des animateurs de l’Abbaye, une sorte de club où se côtoient et discutent, dans une atmosphère enfumée et fumeuse, des socialistes révolutionnaires, des poètes, des savants et quelques artistes qui se disent « futuristes ». Romains, que tout le monde appelle Louis et parfois Farigoule, car son nom de plume est un pseudonyme, est aussitôt sympathique à Zweig qui a fait sa connaissance en 1909. Verhaeren, toujours propice aux amitiés, l’avait incité à le rencontrer. La sympathie, réciproque, débouche sur un lien qui sera solide et fidèle, des deux côtés. Romains présente à Zweig quelques bons « copains » écrivains, notamment Georges Duhamel, auteur entre autres de L’Homme en tête et Charles Vildrac, auteur d’un Livre d’amour . Et Zweig, qui vient en France plusieurs fois par an, ne manque pas une occasion de voir ces nouveaux amis, d’entretenir ces liens qui se moquent des passeports et des douanes, et autorisent de beaux échanges.
     
    En exil à Paris, il y a d’autres poètes et d’autres romanciers étrangers, dont Zweig apprécie le talent et la compagnie et qui partagent sa vision généreuse et pacifique du monde. Au premier rang, Rainer Maria Rilke, l’ami et le compatriote, austro-hongrois, parisien d’adoption, mais également italien de cœur et russe dans l’âme, incarne le mieux cet Européen idéal qui résume en lui les antagonismes, et puise dans ses diverses patries, comme autant de provinces, ce qu’il y a de

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