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Suite italienne

Suite italienne

Titel: Suite italienne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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il faut fuir, et César demande au pape de l’autoriser à gagner son duché de Romagne. Permission qui lui est accordée, mais bien qu’il ait réussi à gagner le château Saint-Ange sous un déguisement de moine, il ne pourra en sortir et c’est dans un cachot qu’il devra attendre l’issue d’une situation qui se dégrade pour lui d’instant en instant.
    Car Pie III n’en a pas pour longtemps. Après vingt-six jours de pontificat, il s’éteint à son tour comme une chandelle usée…
    De tout autre envergure sera son successeur car, le 1 er novembre, c’est le cardinal Julien de la Rovere qui monte sur le trône de Saint-Pierre. Le règne du redoutable Jules II, pape guerrier s’il en fut, commençait.
    Mais ce violent est aussi un diplomate passablement roué et César, qui attend pratiquement le bourreau, l’expérimente : Jules II le fait extraire de son cachot, installer dans un palais confortable, le soigne, l’entoure de prévenances, l’appelle même son « fils chéri… » Mais bien sûr, il a une idée derrière la tête… et s’en explique en confidence :
    « Encore que nous lui ayons promis quelque chose, nous ne comptons pas que notre promesse aille au-delà de la conservation de sa vie, de son argent et de ce qu’il a volé. Nous avons l’intention que ses États fassent retour à l’Église et nous souhaitons avoir l’honneur de recouvrer ce que nos prédécesseurs ont aliéné à tort. »
    Pourtant César, oubliant à quel point il avait lui aussi pratiqué la ruse, se laissa prendre à l’apparente amitié du pape, peut-être parce que, privé du puissant soutien de son père, il éprouvait un besoin instinctif de s’en retrouver un second. Ce besoin l’aveugla au point que ce fut ce nom-là qu’il attribua à Jules II : « mon second père… »
    Pauvre César ! Où était son impitoyable lucidité ? Des mois durant, Jules joua avec lui comme le chat avec la souris, lui accordant une semi-liberté pour l’envoyer défendre sa Romagne contre Venise, mais le ramenant bientôt sous son regard et lui rognant peu à peu les ailes. Pendant ce temps, il observait le déroulement de l’affrontement franco-espagnol.
    Vers la fin de 1503, alors même que César était pratiquement prisonnier au Vatican dans la tour Borgia, les troupes françaises se firent battre au Garigliano par Gonzalve de Cordoue, anéantissant définitivement les prétentions de Louis XII sur Naples. Naples, où les Espagnols étaient plus puissants que jamais.
    Jules II se souvint alors que Borgia était espagnol et d’ailleurs César, qui avait écrit à Gonzalve de Cordoue pour lui demander un sauf-conduit lui permettant de le rejoindre, n’entendait pas le laisser oublier.
    Une féroce négociation opposa Borgia au pape : si César voulait quitter Rome, il fallait qu’il livre les dernières places de Romagne que les troupes papales n’avaient pas encore envahies.
    Il finit par s’y résigner, comptant sur l’appui espagnol, alors tout-puissant en Italie, pour reconquérir son duché. Et il put enfin quitter cette tour Borgia devenue sa prison.
    Le 28 avril 1504, il arrivait à Naples, flanqué de son frère Joffré, et recevait de Gonzalve un accueil réconfortant dont il augura les plus grands espoirs pour l’avenir.
    Hélas, le « Gran Capitán » espagnol s’entendait lui aussi à tenir sa parole pour chose négligeable. Alors que César, brûlant de repartir au combat, réunissait des mercenaires pour fondre sur la Romagne, Gonzalve le fit arrêter et enfermer au château d’Ischia en attendant la décision de ses maîtres, les Rois Catholiques. Les Rois Catholiques auprès desquels pleurait continuellement la duchesse de Gandia, veuve de Juan Borgia l’assassiné.
    Une lettre arriva bientôt à Naples, signée de Ferdinand et Isabelle.
    « Nous tenons cet homme en horreur pour la gravité de ses crimes et nous désirons qu’il nous soit envoyé sous bonne escorte… »
    L’ordre étant sans appel, César fut aussitôt embarqué sur une galère en compagnie d’un seul serviteur, sous la garde de Prospéré Colonna, l’un de ses pires ennemis et l’amant en titre de Sancia. Renchérissant sur sa consigne, Colonna se fit une joie de garder à vue l’homme qu’avait aimé sa belle amie, et qui par ailleurs avait tant nui à sa famille. À la fin du mois de septembre, la galère toucha terre à Valence et César dut traverser en captif la ville dont il avait été

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