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Suite italienne

Suite italienne

Titel: Suite italienne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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lui dit Cosme en se promenant avec lui sur la terrasse de la grande villa d’où l’on apercevait le merveilleux paysage florentin piqué de cyprès noirs et d’oliviers argentés, vous troublez mes plans. Vous n’ignorez pas les démarches que je fais en ce moment auprès de l’empereur Maximilien pour obtenir la main de l’archiduchesse Jeanne d’Autriche que je voudrais vous voir épouser.
    — Que me parlez-vous d’une autre femme, mon père ? C’est Bianca que j’aime, c’est elle que je veux !
    — Votre Bianca est mariée et de plus, elle n’est pas princesse. Gardez-la comme maîtresse autant que vous voudrez, mais épousez l’archiduchesse ! Il vous faut une descendance digne de nous, digne de la Toscane.
    Je ne vous demande que de mettre un brin de discrétion dans vos amours. Tout Florence en jase et les échos vont loin. Au moins, jusqu’à ce mariage auquel je tiens, tâchez de faire montre de prudence.
    Malgré son amour, François pouvait entendre la voix de la raison. Et puisque son père ne cherchait pas à lui arracher celle qu’il aimait, il ne voyait aucun inconvénient à obéir. Docilement, mais non sans avoir juré à Bianca un éternel amour, il partit pour l’Autriche et s’en alla épouser Jeanne, qui était trop insignifiante pour lui faire oublier sa belle maîtresse. Elle était jeune bien sûr, mais noiraude et maigrichonne, avec guère de grâce et encore moins de charme. Seulement de l’allure, ce qui pour Cosme I er était le principal. Une princesse devait avoir l’air d’une princesse, même si elle était laide !
    Quand il eut triomphalement ramené au palais Pitti son épouse autrichienne, François pensa qu’il en avait assez fait pour la Toscane et retourna avec enthousiasme à ses amours. D’ailleurs Jeanne attendait déjà un enfant…
    Dès lors, une pluie d’honneurs et de prébendes s’abattit sur l’ancien commis de la banque des Salviati. Nommé gentilhomme de la garde-robe, tandis que Bianca devenait dame d’honneur de la princesse Jeanne, Pietro reçut une telle foule d’avantages financiers qu’un surnom lui fut bientôt administré par la langue acérée, mais non dépourvue d’esprit, des gens de Florence. On ne l’appela plus que Pietro Cornes d’Or…
    Cependant, pour éviter à François les randonnées au bout de la ville, le couple avait reçu de sa munificence un petit palais via Magio, sur la rive droite de l’Arno, tout près du palais Pitti. Un couloir souterrain reliait la demeure de Bianca à celle de son amant et facilitait leurs amours qui, à mesure que le temps passait, semblaient devenir toujours plus passionnées et plus ardentes. Il est vrai que jamais la jeune femme n’avait été plus belle. Sa beauté s’épanouissait dans une telle harmonie que le prince commanda son portrait au Bronzino, le plus célèbre peintre de Florence à cette époque.
     
    Malheureusement pour lui, Pietro Buonaventuri appartenait à cette catégorie d’individus qui en veulent toujours plus. Parvenu à un rang et à une fortune que, même dans ses rêves les plus fous, il n’avait jamais espérés, il n’en fut pas plus heureux pour autant. Il menait fort joyeuse vie, avec une bande de mauvais garçons de son acabit, agaçant Florence de ses aventures et de l’écho de ses débauches. Mais lorsqu’il rentrait chez lui, c’était pour éclater en récriminations. Il n’était jamais satisfait, il réclamait toujours plus d’or, toujours plus de titres. Son outrecuidance, non plus, ne connaissait pas de limites. Elle le poussa même à employer vis-à-vis du prince un ton insolent et revendicatif qui finit par indisposer celui-ci.
    — Cet homme devient insolent, fit-il un soir. En vérité, on croirait que tout lui est dû ! Je m’attends à ce qu’un jour il me vienne demander de lui céder mon droit à l’héritage sur la Toscane…
    Naturellement, cette boutade fut entendue de plusieurs gentilshommes et, entre autres, d’un certain Roberto de Ricci, qui avait récemment eu maille à partir avec Pietro à cause d’une belle fille. Ricci n’hésita pas. Il alla froidement proposer à François de le débarrasser de Pietro, demandant seulement que l’impunité lui fût assurée.
    — Faites comme il vous plaira, répondit le prince. Je ne sais rien, je ne vois et ne verrai rien…
    C’était, dans le style de Pilate, un blanc-seing comme un autre. Ricci s’en contenta.
    Dans la nuit du 24 au 25 août, Pietro

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