Sur ordre royal
expérience de son premier mariage, son cœur la pressait d’accepter son offre, tandis que son corps réclamait qu’elle devienne son épouse et partage son lit.
Elle ne devait pas se laisser égarer par ses émotions faillibles, se rappela-t-elle fermement, même s’il se tenait assez près d’elle pour pouvoir l’embrasser, même si elle souhaitait désespérément sentir ses bras forts autour d’elle et goûter ses lèvres sensuelles.
Mais alors même qu’elle luttait contre son inclination et son désir, elle se représenta un groupe d’enfantsheureux et en bonne santé attroupés autour d’elle, les garçons avec des cheveux sombres et ondulés, des yeux bruns qui brillaient de bonheur, et des petites filles aux cheveux châtains et aux yeux noisette comme elle, le visage souriant.
Finalement, ce fut cette image qui fut trop tentante pour l’ignorer, et trop dure à chasser. C’était tellement plus séduisant que le couvent…
— Je pourrais le considérer, répondit-elle d’une voix étonnamment posée.
Aussitôt, les doutes l’assaillirent. Elle ne devait pas capituler sans conditions. Elle devait lui dire ce qu’elle exigeait d’un époux. S’il avait des objections, elle devrait refuser cette union, même si cela signifiait qu’elle ne connaîtrait jamais le plaisir de dormir dans ses bras et qu’elle provoquerait le courroux du roi.
— Si nous nous marions, vous devez me donner votre parole que vous me traiterez avec respect, que vous ne me frapperez jamais et que vous ne me réprimanderez pas devant toute la maisonnée.
Il hocha la tête.
— Ce sont des requêtes compréhensibles, que je vous accorde aisément. Mais il se trouve que j’ai une condition, moi aussi.
Il l’attira plus loin dans l’ombre du bâtiment et s’approcha plus près, peu à peu, comme si elle était un félin dangereux qu’il essayait d’apprivoiser.
— De même que vous ne voulez pas d’un époux brutal, je ne veux pas d’une épouse réticente, déclara-t-il d’un ton sans réplique. Si vous ne pouvez pas venirà moi avec entrain, si la pensée d’être dans mes bras vous répugne, nous ne parlerons plus de mariage.
Il semblait très sérieux. Ce bel homme, incroyablement séduisant, était disposé à admettre qu’une femme puisse être réticente à faire l’amour avec lui.
Il n’avait plus rien d’un arrogant seigneur de guerre. En cet instant, il paraissait aussi modeste, humble et incertain qu’un vert jouvenceau quêtant son premier baiser.
Comme elle aurait aimé lui assurer qu’elle remplirait ses devoirs conjugaux avec joie ! Hélas, elle ne pouvait en être certaine. Wimarc l’avait si souvent blessée, effrayée et humiliée qu’elle n’était pas sûre de ne pas se crisper quand Madoc commencerait à lui faire l’amour, même si son corps semblait impatient de découvrir avec lui les joies de l’union conjugale.
— Je peux seulement vous promettre d’essayer, répondit-elle sincèrement. Mais si vous vous montrez doux et patient avec moi, si vous acceptez que je puisse ne pas être aussi ardente que vous le souhaiteriez au début, je pense que je suis désireuse de partager votre lit et de faire tout ce qu’une épouse se doit de faire. En tout cas, je l’espère.
— Je peux être doux, murmura-t-il en la prenant gentiment par les épaules pour l’attirer à lui. Et patient, aussi. Je vous en donne ma parole.
Il fit glisser légèrement ses doigts sur ses bras minces et lui prit chastement les mains, en dépit du désir brûlant qui habitait son regard.
— Vous voyez ? Je sais me montrer doux.
Encouragée par le contrôle qu’il exerçait surlui-même, Roslynn ne fit pas mine de s’écarter. Elle pouvait croire que le seigneur de Llanpowell ne la blesserait pas comme Wimarc l’avait fait, qu’il la traiterait avec amabilité et respect.
Néanmoins, malgré son espoir fervent et ses aspirations passionnées, quand les lèvres de Madoc effleurèrent les siennes, ses anciennes peurs se réveillèrent aussitôt en elle. Elle se raidit, luttant contre sa panique, tentant de se convaincre qu’elle ne risquait rien, commandant à son corps de se détendre, à son esprit d’oublier. Mais ses efforts furent vains.
Madoc recula, le front plissé par l’interrogation, les yeux emplis de déception et de désarroi.
Pas de fureur.
Il n’était pas Wimarc, un loup affamé sous l’apparence d’un homme courtois et policé. Il n’était pas
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