Sur ordre royal
lui-même la cérémonie.
Il n’aurait pas dû se montrer si impétueux, si influencé par son propre désir, se dit Madoc, mais il était trop tard, maintenant. Il avait parlé à voix haute et claire, et s’il voulait préserver sa crédibilité, il ne pouvait revenir sur ses paroles.
— Cela laisse peu de temps pour inviter des hôtes et préparer un festin, fit remarquer Roslynn.
— Bien sûr. Pardonnez ma hâte, ma dame. J’aurais dû penser que vous voudriez inviter de la famille ou des amis à la cérémonie.
— Vraiment peu de temps pour planifier le banquet, marmonna Lloyd. Grâce à Dieu, nous avons du vin et du braggot à foison dans les celliers.
Madoc l’ignora et continua à s’adresser à Roslynn.
— Naturellement, le mariage peut être repoussé, si vous préférez.
Sire Alfred fit entendre un bruit étranglé. Il souhaitait sans nul doute que le mariage soit réglé une fois pour toutes avant qu’il ne retourne à la Cour. Cependant, ses souhaits n’étaient rien à côté de ceux de dame Roslynn, qui regardait Madoc de cette manière fraîche et légèrement réservée, qui détonnait avec la passion dont elle avait fait preuve un peu plus tôt.
Madoc se commanda de dominer son désir et de se comporter en noble civilisé. Il n’était pas un barbare, après tout, et il pensait ce qu’il avait dit : il ne la forcerait pas à se donner à lui avant qu’elle n’y soit prête. Il était capable de se contrôler. Il l’avait déjà fait, il pouvait le faire de nouveau, aussi difficile que ce soit.
Son froncement de sourcils pensif remplacé par une calme acceptation, dame Roslynn secoua la tête.
— Non. Il n’y a personne que je souhaite inviter, et donc aucune raison de retarder le mariage, dit-elle.
Ce n’était guère une réponse enthousiaste, mais c’était certainement mieux qu’un refus ou des faux-fuyants. De fait, se dit Madoc, il devrait déjà être soulagé que son annonce intempestive ne l’ait pas fait partir en courant.
— Ainsi, sire Alfred pourra rentrer à la Cour sans tarder, comme il le désire si ardemment, ajouta-t-elle sur un ton raisonnable.
— En effet, déclara le noble normand en démontant.
Il sourit, ce qui le fit ressembler à une gargouille plus qu’à autre chose.
— Le roi va être satisfait.
Madoc se moquait bien que John soit satisfait ounon. Il était satisfait, lui, la dame lui plaisait et était consentante, et maintenant ils auraient de l’argent pour rendre Llanpowell encore plus sûr.
— Venez tous à l’intérieur, commanda Lloyd, oubliant une fois de plus que Madoc était adulte et seigneur à Llanpowell. Buvons pour célébrer cette heureuse nouvelle.
— Allez devant, mon oncle, répondit Madoc. Il faut que je trouve Ivor pour le prévenir. Comme vous l’avez dit, je n’ai pas laissé beaucoup de temps aux gens du château pour les préparatifs.
En outre, s’il annonçait lui-même sa décision à son ami, il l’accepterait sans doute plus facilement. Et de son côté, Madoc pourrait se calmer et apaiser le désir brûlant qui l’avait submergé.
— Oh, oui. Il est à l’armurerie, je crois.
Lloyd gloussa en glissant son bras sous celui de Roslynn.
— Il va être fou furieux de n’avoir qu’un jour pour tout préparer. C’est une bonne chose que le cellier soit plein, puisque la brasseuse est venue livrer.
Il fit un clin d’œil à la jeune femme.
— Maintenant, venez, ma dame. C’est une si sage décision. Et plus de ressentiment à propos de la rivière, n’est-ce pas ?
— Non, je ne suis plus en colère à ce sujet, néanmoins vous n’auriez pas dû faire une chose pareille, répondit-elle en souriant à Lloyd d’une façon qui fit manquer un battement au cœur de Madoc.
***
Dans l’armurerie, Madoc s’arrêta pour laisser ses yeux s’accoutumer à la pénombre. Comme il contenait les armes du château, le local n’avait pas de fenêtres ni de lumière naturelle ; des lampes à huile, des chandelles ou des flambeaux l’éclairaient, selon qui se trouvait à l’intérieur et ce qu’ils y faisaient. Pour l’heure, une seule lampe était allumée, au fond de la pièce carrée installée sous les baraquements et à côté des écuries.
— Ivor ? appela-t-il.
— Ici ! répondit l’intendant depuis la source de lumière.
Passant devant des javelots et des piques appuyés contre les murs de pierre, des râteliers d’épées, des étagères chargées
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