Sur ordre royal
jusqu’ici, et maintenant il lui semblait encore plus important de rencontrer Owain.
Madoc vint se placer derrière elle et noua ses lacets.
— Vous êtes bien trop tentante, fy rhosyn , dit-il d’une voix basse. Nous ferions mieux d’y aller pendant que j’ai encore la force de vous résister.
— Allons-y, acquiesça-t-elle, alors qu’elle tournait déjà ses pensées vers le festin à venir et tout ce qu’il impliquerait.
***
— Hywel, avez-vous vu Ivor, ce matin ? demanda Roslynn au cuisinier quelques jours plus tard, alorsqu’une fois de plus elle avait trouvé le cabinet de travail fermé à clé et l’intendant absent.
Comme d’habitude, la cuisine était en effervescence, le cuisinier et ses aides s’efforçant de nourrir la maisonnée. Plusieurs femmes hachaient et mélangeaient des légumes, des herbes et des épices avant de les ajouter aux marmites en fer accrochées au-dessus du feu. D’autres surveillaient des moules plats posés directement dans le foyer. Un jeune garçon faisait rôtir à la broche plusieurs poulets, s’essuyant le front de sa manche tant il était près des flammes. Assis sur un tabouret bas, un serviteur aux cheveux gris s’occupait du chaudron, ajoutant du bois au feu si nécessaire.
Debout devant la table sur laquelle il épiçait ce qui semblait être un bœuf entier, le cuisinier essuya ses grosses mains ensanglantées sur son tablier.
— Il était ici avant que l’on rompe le jeûne, ma dame. Je ne l’ai pas vu partir.
— Je l’ai entendu dire quelque chose à propos du moulin, déclara Rhonwen, l’une des servantes, en coupant des oignons pour la soupe.
Une autre servante plus âgée, nommée Lowri, secoua la tête et cessa de tourner la bouillie de pois.
— Je crois qu’il a parlé de Milltonbury. C’est la ville à cinq milles environ d’ici, ajouta-t-elle à l’intention de Roslynn.
— Pourquoi diable irait-il là-bas ? demanda Rhonwen. Il n’a sûrement rien à y faire.
— Qui es-tu pour dire où l’intendant a à faire ou non ? rétorqua Lowri, en lui jetant un regard aigre. Il peut aller où il veut, il me semble !
— Mais si la dame le cherche, ta réponse stupide…
— Je l’ai entendu dire Milltonbury, insista Lowri. Vous n’avez pas entendu, Hywel ?
— Je ne l’ai rien entendu dire, répondit le cuisinier en haussant les épaules d’un air d’excuse. Navré, ma dame. Mais si vous le trouvez, pouvez-vous lui dire que j’ai besoin de savoir quel poisson il va acheter pour le banquet de la tonte ? Il paraît que la poissonnière va avoir du bon saumon.
— J’espérais discuter moi-même de ces questions avec lui ce matin, dit Roslynn, cachant son irritation tandis qu’elle quittait la cuisine.
Malheureusement, chaque fois qu’elle était venue voir Ivor pour vérifier les comptes avec lui et discuter des achats à faire pour le festin, il n’avait pas été dans son cabinet de travail, ni ailleurs dans le château, semblait-il. Plus tard, lorsqu’elle le rencontrait à l’occasion des repas, il s’excusait abondamment et paraissait regretter sincèrement d’avoir été occupé à d’autres choses. Mais Roslynn commençait à penser qu’il l’évitait.
Le regroupement des moutons et le banquet suivant la tonte auraient lieu dans huit jours. C’était le devoir d’Ivor de l’aider à choisir et à acheter la nourriture et il ne fallait plus tarder, sinon ils ne trouveraient peut-être plus tout ce qu’il fallait.
Elle avait deux solutions : attendre que l’intendant revienne ou aller le chercher. La première ajouterait à sa frustration, la seconde porterait atteinte à sa fierté. C’était l’intendant qui devait venir à la châtelaine, pas le contraire.
Il y avait une troisième solution, mais elle préféreraitne pas l’envisager : elle pouvait aller trouver Madoc et lui demander d’ordonner à Ivor d’avoir un entretien avec elle.
C’était un dernier recours, car elle ne souhaitait pas se plaindre à son époux, qui avait assez à penser sans s’occuper de problèmes domestiques.
Alors, elle ravala sa fierté et se mit en quête de l’intendant, en commençant par l’armurerie. Un homme était là, fabriquant des flèches, et un autre homme réparait des carquois. Ils ignoraient complètement où était Ivor.
Il n’était pas non plus aux écuries, ni dans le fenil situé au-dessus. Aucun des palefreniers ou des valets d’écurie ne lui avait parlé ce
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