Sur ordre royal
d’une même famille devraient se protéger les uns les autres ? demanda-t-il.
— J’ai insisté pour épouser un homme qu’ils n’approuvaient pas, et il s’est avéré être un traître fomentant une rébellion. Ils ne veulent sûrement rien avoir à faire avec moi, et pourquoi en serait-il autrement, quand tout ce que je leur ai donné est du chagrin ?
— Hormis que maintenant ils ont un gendre honorable et une alliance avec les Gallois, fit remarquer Madoc. Ou pensez-vous que cela va ajouter à leur honte ?
— Non ! assura-t-elle vivement. Même s’ils ne savent pas combien je suis fortunée de vous avoir pourépoux, ils n’ont rien contre les Gallois, du moins pas à ma connaissance.
— Ce mariage leur fera peut-être plaisir, suggéra-t-il.
Elle ne put acquiescer, même si elle en avait envie.
— Et si ce n’était pas le cas ? Je leur ai déjà causé trop d’ennuis.
— Fort bien, donc, pas de missive.
— Pas de missive, confirma-t-elle, bien qu’elle commence à se demander si elle avait tort de ne pas prendre contact avec ses parents.
Ils auraient certainement entendu parler de son voyage au pays de Galles et de la raison de son départ auprès d’amis à la Cour. Peut-être pourraient-ils lui pardonner, maintenant qu’elle était mariée à un autre homme, bien meilleur.
Ou peut-être ne lui pardonneraient-ils jamais ce qu’elle avait fait. Elle s’était montrée si obstinée, si déterminée à ne pas entendre leurs mises en garde.
Quand le panier et l’outre furent vidés, Madoc les posa par terre et s’adossa aux oreillers avec un soupir satisfait.
— Etes-vous heureux ? demanda-t-elle en posant la tête sur son torse.
Il fit courir ses doigts sur son bras nu, avec sur le visage une expression qu’elle commençait à bien connaître.
— Plus que je n’aurais jamais pensé pouvoir l’être.
— Je suppose que nous devrions dormir, dit-elle dans un soupir, alors même que son corps fourmillait à son toucher et qu’elle se mettait à envisager des activités bien moins raisonnables.
— Nous pourrons toujours dormir demain soir,suggéra-t-il avec un sourire qui lui donna l’impression de fondre.
— Je commence à croire que j’ai épousé un homme insatiable.
— Si je suis insatiable, c’est uniquement à cause de vous, rétorqua-t-il en effleurant ses lèvres des siennes.
Bien qu’elle ne s’écarte pas, elle ne répondit pas avec la passion que ses baisers éveillaient d’ordinaire. Il fronça les sourcils.
— Qu’y a-t-il ?
La première impulsion de Roslynn fut de nier que quelque chose n’allait pas, de lui servir un mensonge commode. Mais elle en avait assez des duperies et elle décida donc d’être honnête avec lui.
— Vous êtes un homme si vital, si passionné… Comment une seule femme pourra-t-elle jamais vous satisfaire ?
Le froncement de sourcils de Madoc s’accentua.
— Vous pensez que je commettrai l’adultère ? Que je suis si concupiscent que j’irai assouvir mes besoins avec d’autres femmes ?
— Vous m’avez demandé ce qui n’allait pas, et je vous ai répondu honnêtement.
Il sortit du lit et alla à la croisée, s’appuyant d’une main au cadre et regardant dehors comme s’il consultait la lune.
Elle se leva aussi et, drapant le drap autour d’elle, alla se placer à côté de lui.
— J’aurais pu vous mentir, Madoc, comme Wimarc m’a si souvent menti. J’aurais pu vous flatter ou vous dire que je me demandais simplement comment voussatisfaire davantage. A la place, je vous ai dit la vérité, à savoir que je crains qu’un homme comme vous n’ait d’autres femmes.
Elle s’interrompit un instant.
— Je ne suis pas une épouse innocente et naïve qui croit que tous les hommes considèrent leurs vœux comme sacrés. J’ai vu à la Cour des choses qui font une moquerie du mariage. J’espère que vous n’êtes pas ainsi, mais je viens juste de vous rencontrer. Comment puis-je en être sûre ? Et vous êtes si beau, si vigoureux, que maintes femmes doivent vous convoiter. Comment puis-je rivaliser avec elles toutes ?
Il se tourna vers elle et elle vit qu’elle l’avait contrarié.
— Vous avez raison. Je peux avoir ma part de femmes si je le choisis, et je n’ai pas été chaste depuis la mort de Gwendolyn. J’ai eu des femmes dans les villes et les châteaux où je me suis rendu.
Il inspira profondément.
— Mais ici, nous ne sommes pas à la Cour,
Weitere Kostenlose Bücher