Sur ordre royal
lui.
— Je n’en doute pas un instant, se corrigea-t-il aussitôt, en l’attirant doucement dans ses bras pour l’enlacer. Dieu me vienne en aide, je fais tout de travers,aujourd’hui ! Je suis heureux, vraiment. C’est juste qu’une naissance est toujours dangereuse, Roslynn.
— Je suis jeune et en bonne santé, à part une légère faiblesse qui me donne le tournis, assura-t-elle, autant pour lui que pour elle-même. Je devrais aller bien et notre enfant aussi, même si nous devrions prier pour que l’accouchement se passe sans encombre.
— Oui, murmura-t-il en la serrant contre lui. Oui.
Elle s’accrocha à lui, souhaitant ardemment ne pas éprouver cette appréhension qui lui serrait le cœur, et qui étouffait lentement le bonheur qu’elle avait eu avec Madoc. Elle aurait tout donné pour ne pas craindre de ne plus jamais éprouver cette joie sans mélange.
Elle pourrait sûrement la connaître encore, se dit-elle pour se rassurer. Il le fallait, ou elle serait emprisonnée le reste de ses jours dans la peur et le malheur.
— Je vous en prie, ne dites rien à votre oncle ou à quelqu’un d’autre pour le moment, demanda-t-elle doucement. C’est encore tôt et je voudrais en être complètement certaine.
— Je garderai la nouvelle pour moi… du mieux que je le pourrai, promit-il en lui souriant. Je ne suis pas connu pour mon aptitude à garder des secrets, mais j’essaierai parce que vous le voulez. Je veux faire tout ce qui est en mon pouvoir pour vous rendre heureuse, fy rhosyn .
Comment pouvait-elle ne pas lui faire confiance quand il la regardait ainsi ? Comment pouvait-elle ne pas croire sa contrition sincère et ses paroles dignes de foi ?
— Moi aussi, je veux vous rendre heureux,murmura-t-elle en se haussant sur la pointe des pieds pour l’embrasser.
***
Il faisait nuit et Madoc se tenait dans une chambre comme celle qu’il partageait avec Roslynn, mais elle était différente. Le lit avait disparu, bien qu’il ait toujours été là depuis son enfance. Les murs étaient dans l’ombre, et c’était comme s’ils n’existaient pas. Il n’y avait pas de croisée, pas de porte, la seule lumière provenait d’une unique bougie vacillante… quelque part.
Il entendit un sanglot à ses pieds et baissa les yeux.
Là, sur une paillasse, gisait Gwendolyn, des larmes ruisselant sur son visage d’une pâleur maladive. Ses cheveux étaient détachés, humides de sueur, et il y avait du sang.
Tant de sang.
— Promettez-moi, Madoc, chuchota-t-elle faiblement tandis qu’un bébé pleurait non loin. Promettez-moi…
— Je le promets, murmura-t-il en s’agenouillant près d’elle et en prenant sa main molle dans la sienne, sentant la vie s’échapper d’elle avec le sang que l’on ne pouvait arrêter.
Un homme apparut dans l’ombre en face de lui : Trefor, vêtu pour la bataille en cotte de mailles et surcot noir, un sourire sarcastique sur les lèvres.
— Tu as rompu ta promesse, Madoc, bien que cela lui ait pris ses dernières forces pour te demander ta parole.
Trefor n’était pas là le jour où Owain était né, le jour où Gwendolyn était morte.
Son frère leva son épée et la pointa sur Madoc.
— Tu as rompu ta promesse faite à une femme mourante. Tu ne mérites pas de vivre.
Lloyd, un gobelet à la main, sortit de l’ombre à son tour et vint se placer à côté de Trefor.
— Beau neveu que vous êtes, qui ne tient pas ses promesses, se moqua-t-il. Et moi qui vous croyais meilleur que cela.
Madoc pivota, prêt à fuir leurs accusations, mais où ? Et comment ? Il n’y avait pas de porte, pas de croisée, seulement de l’obscurité.
Puis Roslynn apparut comme par magie, un agneau ensanglanté dans les bras et du dégoût dans les yeux.
— Vous avez rompu votre promesse, dit-elle, la voix creuse et sans vie comme si elle était en train de mourir, elle aussi. Vous avez rompu la promesse que vous avez faite à une femme que vous disiez aimer.
— Vous ne comprenez pas ! s’écria-t-il avec désespoir. Je…
— Vous n’avez pas tenu parole, répéta-t-elle sur le ton d’une incantation en retournant dans l’ombre, tandis que les cris du bébé se faisaient de plus en plus forts. Vous disiez que vous l’aimiez et vous vous êtes parjuré. Vous disiez que vous l’aimiez et vous avez brisé…
En poussant un cri étouffé, Madoc se redressa. Haletant, il regarda autour de lui avec affolement. C’était sa chambre,
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