Sur ordre royal
que vous êtes gravement malade si vous ne le faites pas.
Elle avait raison, bien sûr. Et cela pourrait atténuer la colère de Madoc à son égard, se dit Roslynn avec la sensation aussi familière que désagréable d’avoir à apaiser un époux furieux.
— Je le ferai, acquiesça-t-elle, mais je lui demanderai de garder le secret jusqu’à ce que ce soit certain.
— Je le garderai également, promit sa mère. Enfin… j’aimerais le dire à votre père, au moins, car il va se faire beaucoup de souci pour vous, lui aussi.
— D’accord, mais à personne d’autre, de grâce.
— Entendu, répondit sa mère. Maintenant, si vous vous sentez mieux, je pense que nous devrions descendre et apaiser les inquiétudes de nos époux.
Roslynn hocha la tête, se demandant si elle ne connaîtrait plus jamais une vie sans angoisse.
Elle avait cru avoir miraculeusement trouvé la paix et la sécurité auprès de Madoc.
Jusqu’à ce jour.
***
Pendant ce temps, dans la grand-salle, le seigneur de Llanpowell, dévoré par la culpabilité, faisait les cent pas comme un ours attaché à une chaîne.
Sur l’estrade, dans le fauteuil de Madoc, trônait sire James de Briston, au dos et aux manières plus raides encore que ceux de sire Alfred. Lloyd, les soldats, les bergers, d’autres laboureurs qui étaient venus aider et les serviteurs parlaient à voix basse en petits groupes anxieux, tandis qu’ils attendaient de savoir ce qu’avait la châtelaine de Llanpowell. Mais aucun n’était plus inquiet que son époux et son père.
Le regard soucieux de Madoc restait fixé sur l’escalier et il se maudissait d’avoir fait tant d’histoires pour le coût d’un banquet. Il était trop plongé dans ses remords et ses craintes pour prêter attention à qui que ce soit ou à quoi que ce soit.
La somme que Roslynn avait dépensée ou le nombre de personnes qu’elle avait invitées ne comptaient plus. C’était important pour elle, et il s’était comporté comme un grippe-sou.
— Vous êtes Madoc ap Gruffydd, je présume ? demanda soudain sire James, sa voix résonnant dans la grand-salle silencieuse.
— Sire Madoc ap Gruffydd, répondit Madoc en jetant à peine un coup d’œil à son beau-père.
Inquiet ou non, il ne tolérerait pas d’irrespect, et certainement pas de la part d’un homme capable de donner sa fille à quelqu’un comme Wimarc de Werre, même si elle avait insisté pour l’épouser.
Le regard furieux, le Normand se leva et vint se planter devant lui, lui dissimulant l’escalier.
— Eh bien, sire Madoc ap Gruffydd, apprenez ceci : que vous soyez ou non un ami du roi John, si vous avez fait du mal à ma fille de quelque manière que ce soit, je vous tuerai.
Pas intimidé le moins du monde, Madoc releva sa lèvre supérieure avec mépris.
— Vous allez la protéger maintenant , quand elle n’en a pas besoin ? Vous auriez mieux fait d’empêcher son mariage avec Wimarc de Werre.
Sire James s’empourpra mais finit par répondre :
— Nous avions des doutes à son sujet, mais pas de preuve de méfaits. Pensez-vous que j’aurais autorisé ce mariage si j’avais connu la vraie nature de de Werre ?
— En tant que père de Roslynn, c’était votre devoir de découvrir sa vraie nature, comme vous dites, rétorqua Madoc.
Le Normand parut sur le point de le contredire, puis il secoua la tête.
— Non, je n’alléguerai pas d’excuses. Nous avons failli envers elle, mais je serai damné avant de lui manquer de nouveau. Alors si vous lui faites du mal, Gallois, vous m’en répondrez.
— C’est un peu tard pour les menaces, ne trouvez-vous pas ? Wimarc et John auraient dû être menacés avant moi. Et si vous êtes aussi inquiet de son sort que vous le dites, pourquoi n’êtes-vous pas venu à son secours à la Cour ? Elle y était autant en danger que lorsqu’elle était mariée à Wimarc… et même davantage, car en tant que veuve d’un traître elle était devenue le pion du roi, obligée de lui obéir si elle ne voulait pas mourir.
— J’étais trop malade pour voyager et mon épouse aussi, rétorqua sire James. Dès que nous l’avons pu, nous nous sommes rendus à la Cour mais il était trop tard : elle avait déjà été envoyée épouser un quelconque Gallois dont nous n’avions jamais entendu parler.
— Et elle est ici, déclara froidement Madoc, mariée à un homme qui la protégera mieux que vous ne l’avez
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