Sur ordre royal
laisser séduire par le charme de Madoc ou par son beau visage. Elle souriait quand elle l’estimait nécessaire et parlait lorsqu’il s’adressait à elle. Elle aussi pouvait jouer un rôle : le rôle de l’épouse obéissante et aimante.
Mais bientôt, elle ne supporta plus cette tension et annonça qu’elle souhaitait se retirer.
— Bien sûr, répondit Madoc en se levant et en tendant la main pour l’aider. Je suis harassé moi-même, alors si vos parents veulent bien m’excuser, je vais vous accompagner.
Sa mère n’émit pas d’objection et son père non plus. Mais après tout, quel prétexte pouvaient-ils fournir pour forcer leur hôte à rester avec eux ?
Ce soir-là, la traversée de la grand-salle jusqu’à l’escalier parut très longue à Roslynn, et elle avait les pieds lourds comme du plomb tandis qu’ils gravissaient les marches. Que lui dirait Madoc lorsqu’ils seraient seuls ? Que ferait-il ? Son masque tomberait-il ? Sa violente colère reviendrait-elle, pour se déchaîner contre elle ?
Le temps que Madoc ouvre la porte de leur chambre, elle parvenait à peine à respirer. S’écartant de lui, elle se précipita à l’intérieur, luttant contre les larmes qui menaçaient déjà de couler.
Néanmoins, elle se retourna pour lui faire face, déterminée à se montrer courageuse et à ne plus jamais se laisser humilier par un homme.
Alors, à sa vive stupeur, elle le découvrit agenouillé par terre comme le plus humble des pénitents.
— Roslynn, pardonnez-moi, dit-il. Je n’aurais pasdû me mettre en colère à propos de l’argent du banquet, surtout après vous avoir dit que vous pouviez avoir ce que vous vouliez. J’ai été un sot de m’emporter ainsi, mais de grâce, sachez que même dans mon courroux le plus vif je ne vous ferai jamais de mal. Je me couperais le bras plutôt que de vous frapper.
Elle ne put que le fixer, incrédule et choquée, lorsqu’il se remit debout.
— Je vous fais mes excuses pour vous avoir effrayée, poursuivit-il. Je suis désolé si je vous ai bouleversée, et surtout si je vous ai poussée à avoir peur de moi.
Elle ne savait pas que dire, ni que ressentir. Du soulagement, de la joie ou la suspicion que ceci, aussi, soit un tour pour la berner.
— Je le pense, Roslynn, de tout mon cœur, dit-il doucement, avec dans les yeux une expression qui semblait trop sincère pour être feinte. J’ai été un sot et un imbécile, et je le regrette profondément. Pouvez-vous me pardonner et oublier que j’ai été un tel butor ?
— Vous m’avez effrayée, admit-elle. J’ai craint que vous ne soyez pas l’homme pour qui je vous prenais.
Et d’avoir été dupée de nouveau, égarée par le désir.
— Et maintenant ? demanda-t-il d’un ton hésitant, en faisant un seul pas vers elle, apparemment plein d’humilité.
Comme elle avait envie de le croire sincèrement repentant ! Comme elle souhaitait pouvoir lui pardonner et oublier sa colère, ainsi que sa propre peur !
— J’ai eu tort aussi, Madoc, dit-elle, car oui, j’aurais dû m’assurer qu’Ivor me tienne informée du montant total des dépenses et vous demander s’il y avait unelimite. Je vous le promets, je le ferai à l’avenir, et me montrerai moins extravagante.
— Je me moque que vous me réduisiez à la pauvreté, à partir du moment où vous me pardonnez et croyez que je ne vous ferai jamais de mal, déclara-t-il avec ferveur, le regard intense, comme s’il voulait la convaincre de le croire par la seule force de son esprit.
— Je le ferai, Madoc. Je le ferai, répondit-elle en se disant qu’elle devait essayer, sous peine de vivre à jamais dans la terreur.
Ne lui avait-il pas fait des excuses humbles et sincères ? Ne pouvait-elle pas voir une contrition authentique dans ses yeux bruns, si différente de la fausseté de Wimarc ?
Il se pencha comme pour l’embrasser, puis il s’arrêta, une expression plus soucieuse encore sur le visage.
— Est-ce ma colère égoïste qui vous a rendue malade ?
— Non, lui assura-t-elle.
Elle décida de suivre le conseil de sa mère.
— Madoc… Je pense que je suis enceinte, même si c’est encore tôt pour le dire.
Les yeux de Madoc s’écarquillèrent tandis qu’il la regardait avec stupeur.
— Un enfant ! Et si vite !
Pensait-il…
— L’enfant est de vous, Madoc, je vous le jure sur mon honneur, précisa-t-elle d’une voix ferme, en s’écartant brusquement de
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