Sur ordre royal
grondement de rage, il poussa violemment son frère. Ils atterrirent avec rudesse sur les pavés. Madoc frappa Trefor partout où il le pouvait, jusqu’à ce que Ioan et Hugh l’écartent de force. Plusieurs soldats se tenaient autour d’eux, leur glaive tiré, et d’autres entouraient les hommes de Trefor.
— Le drapeau blanc de trêve, Madoc, lui rappela Hugh, les dents serrées. Vous vous déshonorerez si vous le tuez sans autre forme de procès.
— Oui, vous avez raison, maugréa Madoc, même s’il était toujours enragé.
Rhodri aida Trefor, le nez en sang, à se remettre debout.
— Oui, tu serais bien capable de déshonorer une demande de trêve, pas vrai ? lança son frère, sarcastique.
Sa lèvre enflait et une ecchymose se formait déjà sur son menton.
— Fais taire ta bouche puante et va-t’en ! ordonna Madoc. Prends ces vauriens, quitte Llanpowell et ne reviens jamais. Ou alors, Dieu m’en soit témoin, je te tuerai pour de bon, cette fois.
Trefor eut un rictus en essuyant le sang de son visage du dos de la main.
— Tu sors de tes gonds, petit frère. Ton caractère, ton bouillant caractère… Tu n’as jamais pu le dominer, n’est-ce pas ?
— Sors de mon château avant que je ne te jette dans mes cachots et ne te livre à la justice du roi.
Les yeux de Trefor brillèrent de malveillance tandis qu’il écartait les bras.
— Quoi, tu me traînerais devant un tribunal normand ? Que dirait oncle Lloyd ? Où est-il, à propos ?
Madoc n’en avait aucune idée et s’en moquait.
— Qui est-ce, Madoc ? demanda Roslynn en descendant les marches de la grand-salle.
Elle portait la belle cotte rouge de leur mariage. Ses cheveux découverts étaient lâchés dans son dos et descendaient plus bas que sa taille.
La fierté et le triomphe envahirent Madoc lorsqu’il la vit, et il rengaina son épée d’un geste satisfait.
— Allons, mon frère, laisse-moi te présenter à mon épouse. Roslynn, voici mon frère aîné, Trefor ap Gruffydd, seigneur de Pontymwr.
— Salutations et bienvenue, dit-elle.
Sa voix était aussi douce que du miel, ses manières aussi charmantes que celles d’une femme pouvaient l’être.
— Vous ne m’aviez pas dit que vous vous ressembliez tant, Madoc, hormis que votre frère a les yeux bleus.
Madoc eut le plaisir de voir briller une lueur d’envie dans les yeux de Trefor. Son frère s’inclina devant Roslynn.
— Je suis ravi de vous rencontrer enfin, ma dame, dit-il.
Il eut l’effronterie de lui décocher ce sourire par lequel il avait séduit tant de femmes.
— Comme je n’ai pas été invité au mariage, j’ai pensé que je pourrais venir à la célébration de vos noces, aussi tardive qu’elle soit.
— Beaucoup de gens n’ont pas été invités à la cérémonie, répondit fraîchement Roslynn. L’escorte du roi avait hâte de retourner à la Cour.
Elle glissa à Madoc un sourire qui lui donna envie de la prendre dans ses bras et de l’embrasser avec toute la passion qu’elle éveillait en lui.
— Et mon seigneur et moi étions assez pressés aussi.
Trefor eut un sourire sarcastique en mesurant Roslynn du regard.
— Certes, vous ne pouviez faire attendre le laquais de John, ni tarder à obéir à ses ordres. Cela aurait pu irriter ce sot cupide et cela ne se fait pas d’agacer le roi d’Angleterre, n’est-ce pas ?
— Mon frère va partir sur-le-champ, déclara Madoc.
— A moins qu’il ne plaise à la dame que je reste ? s’enquit Trefor avec la même impudence outrageuse.
— Je vous demande pardon, mais je ne pense pas, répondit-elle calmement. Il est infortuné que vous ayez choisi ce jour pour rendre visite à votre frère, car bien que je sois sûre que vous auriez beaucoup à vous dire, nous attendons du monde et Madoc ne pourrait vous accorder l’attention que vous méritez. Une autre fois, peut-être ?
Une autre fois ?
— Jamais, gronda Madoc. Mon frère ne sera jamais le bienvenu ici.
— Cela a été un plaisir, bien que bref, ma dame, dit Trefor en s’inclinant de nouveau.
— Va-t’en ! ordonna Madoc. Avant que je ne commande à mes archers de te prendre comme cible d’entraînement.
— A condition qu’ils te comprennent, Bouche marmonnante, rétorqua Trefor.
Il se tourna pour aller à l’un des pitoyables chevauxqui attendaient près des écuries. Puis il sauta en selle et, suivi de ses hommes, franchit les portes du château.
Lorsqu’ils furent
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