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Survivant d'Auschwitz

Survivant d'Auschwitz

Titel: Survivant d'Auschwitz Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thomas Gève
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comment on pourrait réussir à passer au travers des innombrables postes de contrôle qui entourent toute la partie orientale de la Silésie. Et ensuite, comment voudriez-vous gagner la confiance des habitants, ici en Pologne, en ne parlant qu’allemand ? Même moi qui suis un vieux renard, un détenu privilégié de longue date, j’ai cessé de songer à m’enfuir, alors que mes accointances avec des officiers SS auraient pu me le permettre. Donc vous, tout nouveaux ici – et tout au bas de l’échelle du camp –, n’en rêvez même pas. Ces deux dernières années, il y a peut-être eu dix tentatives d’évasion, dont quatre auraient, paraît-il, marché. Alors, ne vous faites pas d’illusion sur l’avenir : le seul espoir, il est à l’extérieur, dehors, auprès d’une intervention alliée. Mais enfin, celle-ci, on l’attend depuis 1938. »
    Là-dessus, il nous quitta. J’admirai l’élégance de son uniforme, le bas de son pantalon propre et bien repassé, qui flottait au-dessus d’une paire de souliers vernis, tout neufs. Peut-être pouvait-il se permettre d’être pessimiste, lui…
    Patientant parmi les cuves, nous fîmes entre nous plus ample connaissance, évoquant, le cœur lourd, notre passé et nos familles. Aucun de nous, Sally, Jonathan, Gert et moi, n’avait encore dix-huit ans. Nous conclûmes très solennellement un « pacte à quatre », faisant le serment de partager nos joies et nos peines, notre faim et nos rations. J’avais rencontré Sally Klapper, émigré de Pologne avec sa mère, lorsque je vivais à Berlin. Il était un peu plus âgé que moi et j’avais toujours admiré son choix de petites amies, toutes des belles plantes. J’avais connu Gert Beigel au cimetière de Weissensee , où nous avions travaillé ensemble. Son frère et lui étaient nés à Berlin et avaient réussi à se cacher pendant un moment, avant d’être dénoncés, puis arrêtés.
    Tout à coup, il y eut de l’agitation parmi nous. Tout le monde se dispersa ou retourna à son travail. Un détenu, sec et maigre, vint vers nous ; son visage était ridé et seule une paire de lunettes venait éclairer son expression sombre. Il portait un triangle vert sur la poitrine et un brassard jaune, sur lequel était écrit « Coiffeur du camp ». Il nous toisa tous avec autorité, puis se tourna vers notre groupe d’adolescents, et dit : « C’est moi qui m’occupe des nouveaux arrivants ici. Je suis chargé, avec mes dix-sept assistants, appelés coiffeurs du camp, de la propreté du camp – y compris de la vôtre. Ne vous fiez pas à notre brassard, on n’a rien à voir avec le boulot de coiffeur. Il y a assez de gens comme vous pour faire ce type de petite besogne. Nous avons la responsabilité des installations sanitaires, de la désinfection et du fonctionnement de cette baraque ici… Au lieu de commander, nous essayons de vous aider. Si vous avez des problèmes, les enfants, venez me trouver.
    « Et maintenant, messieurs Je-sais-tout, dit-il en souriant de sa bouche presque édentée, quoi de neuf à l’extérieur ? » Il voulait qu’on lui raconte comment et quand nous pensions retrouver la liberté. Il écoutait chacun de nous – nous étions cinquante –, nous gratifiant de « hmm ! » pleins d’intérêt et trouvait même qu’il y avait parmi nous quelques « bons stratèges ». « Oh, on espère être de retour à Berlin avant Noël. Les Alliés sont déjà en Italie ! »
    Les portes s’ouvrirent et la bousculade vers les douches commença. Dans tous les sens du terme, l’accueil était plus chaud qu’à Birkenau. Tout guillerets, nous enlevâmes nos vêtements rapiécés, marqués avec de grandes traces de peinture rouge. On nous distribua même du savon. Un peu de douceur faisait l’effet d’un miracle, et lorsque la douche chaude fut mise en marche, nous étions aussi libres et heureux que n’importe quel homme se lavant.
    Ensuite, on nous passa au jet avec un produit désinfectant qui brûlait la peau, puis on nous distribua nos tenues rayées et des sabots. L’uniforme bleu et blanc était dans une matière plutôt mince, rêche, un peu comme du carton, mais il était propre et neuf.
    Dans le bruit de claquettes de nos galoches de bois, nous montâmes à l’étage de la baraque d’en face, un bâtiment en brique, sur lequel était écrit à l’entrée : « Bloc 2a ».
    Il fallait d’abord que nous prouvions notre habileté en cousant nous-mêmes

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