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Survivant d'Auschwitz

Survivant d'Auschwitz

Titel: Survivant d'Auschwitz Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thomas Gève
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menaçant. Il marqua un temps d’arrêt devant les Polonais avec leur paquet de nourriture et poursuivit : « Ici, on est au bloc 7a et c’est moi qui fixe les règles, compris ? Ne vous occupez pas de ce qui se passe ailleurs au camp et restez dans votre chambrée. Même au rez-de-chaussée du bloc 7, vous n’avez rien à faire. Que je ne vous surprenne pas à traîner là où vous ne devez pas être. Ici, dans mon bloc, il n’y a ni vols ni bagarres, alors gare à quiconque osera voler l’un d’entre vous ! Le bloc 7a signifie ordre, propreté, discipline et camaraderie. Celui qui ne respectera pas ces règles prendra la porte tout de suite et ira voir ailleurs, chez ses amis adultes, le temps qu’il lui restera à vivre ! Je serai intraitable à son égard, même s’il revient, à moitié mort, en me suppliant de le reprendre. Celui qui osera désobéir à mes ordres ou à ceux du personnel du bloc aura personnellement affaire à moi et je vous promets qu’il le sentira passer. » Il inspira profondément et nous regarda tous d’un air menaçant. « En cas de faute grave, manque de respect envers les autres, je serai impitoyable. Je n’ai aucune envie que l’école soit fermée à cause de quelqu’un qui ne veut rien apprendre. Vous serez régulièrement contrôlés, veillez à vous laver correctement, à faire vos lits, à ne pas cacher de nourriture, à avoir la tête propre, les cheveux bien coupés et à ne pas entrer dans le lit avec vos chaussettes. Si vous travaillez avec moi, je ferai de mon côté tout ce que je pourrai pour vous “organiser” des suppléments et faire en sorte que vous surviviez. Quand vous aurez appris à faire quelque chose, vous serez envoyés au travail en groupes autonomes, mais vous continuerez de faire partie de ce bloc. J’exige de vous le plus grand respect, notre avenir en dépend.
    « Et puis, ajouta-t-il en dialecte, les cliques nationales et les querelles sur vos origines ne sont pas tolérées ici. Jusqu’à présent, cela n’a jamais existé dans mon bloc et cela ne va pas commencer. Doyen de chambrée ! À ton tour maintenant, occupe-toi de ces garçons ! »
    Après l’appel, nous arpentâmes tranquillement le sol, fraîchement frotté, de ce qui devenait notre nouvelle demeure. On nous désigna nos places pour dormir. L’endroit avait été surnommé le « Petit-Berlin », parce que c’était justement là que demeuraient les adolescents juifs originaires de Berlin. À ce moment-là rentrèrent les autres détenus du bloc, harassés par une longue journée au chantier, mais qui pour rien au monde n’auraient laissé échapper l’occasion – si rare – de questionner les nouveaux venus. Cela valait bien quelques heures de précieux sommeil ! Nous étions tous pressés de faire connaissance et la conversation prit bientôt un tour très animé. Nous apprîmes que nous étions neuf à faire partie du « Petit-Berlin », qui comptait maintenant un Gert le Blond , un Gert le Brun , un Gert l’Effronté , un Petit Kurt et un Grand Kurt.
    Les autres nouveaux arrivants, tous les Vaskia et autres Vania du groupe rejoignirent ceux du « Petit-Kiev », tandis que les Janek et autres Teddek se dirigèrent vers la « Petite-Varsovie ». Les jeunes Français, Belges, Tchèques et Autrichiens nous observaient. La première preuve tangible de notre entente fut d’abord de faire l’effort d’apprendre à prononcer correctement le nom de chacun. Nous eûmes même l’occasion par la suite d’apprendre à parler leur langue. Le seul problème était le nom des Tsiganes, trop court pour se distinguer des autres, et celui des garçons de la « Petite-Salonique », trop long pour être retenu.
    Il y avait pas mal d’adolescents à Auschwitz. Deux prisonniers sur cent avaient entre treize et dix-huit ans. En cette année 1943, il s’agissait essentiellement de Russes, de Tsiganes tchécoslovaques, allemands, autrichiens et polonais, de Juifs grecs enfin de Polonais.
    C’était fou à quel point nous différions de nos compatriotes adultes. Nous étions vierges de tous ces préjugés et illusions qui alimentent leurs haines. Nous n’avions pas eu le temps de nous habituer à un certain style de vie – la guerre nous en avait empêchés – et nous portions tous ensemble notre destin, unis par une chose en commun : notre jeunesse.
    Jamais nos divergences personnelles n’étaient l’occasion de disputes. Au contraire, elles ne

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