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Survivant d'Auschwitz

Survivant d'Auschwitz

Titel: Survivant d'Auschwitz Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thomas Gève
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derrière la clôture. L’aile du service d’épouillage n’était pas terminée, et nous vîmes, posées sur le sol gelé, une série de lourdes portes en métal – qui n’auraient plus le temps d’être fixées, des portes de chambres à gaz, prévues pour de nombreux usages.
    Nous partant, tout cela allait rester derrière nous. Nous n’avions rien possédé, si ce n’est peut-être nos paillasses, qui avaient fini par devenir nos amies. Nos noms et nos matricules étaient gravés sur les montants en bois et sur les planches. Que de soirées n’avais-je passées, à essayer de déchiffrer les messages de tous ceux qui m’avaient précédé ? Fini nos lits : notre dernier refuge était ces deux couvertures que nous reçûmes, enroulâmes et nous mîmes en bandoulière sur les épaules.
    Je refis la queue, pendant des heures. Je ne retrouvais plus les amis avec lesquels je voulais rester. Des camions remplis de nourriture attendaient à côté du portail, gardés par des SS, armés de fusils-mitrailleurs fixés au sol. Chacun de nous perçut deux pains (l’équivalent de huit jours de ration) et une boîte de viande en conserve. Un détenu sur trois recevait un morceau de 500 grammes de margarine, qu’il devait partager, mais nombreux furent ceux qui s’approprièrent ce riche trésor, pour disparaître ensuite dans la masse. Ceux qui restaient, criaient, et se battaient pour réclamer – à juste ou injuste titre – leur dû, tentant d’intimider chaque propriétaire d’un cube jaune et gras.
    Il faisait déjà nuit, lorsque je franchis le portail. Je l’avais déjà fait plus de huit cents fois auparavant, mais aujourd’hui, en ce 18 janvier, pour la dernière fois, je sortai d’Auschwitz, en marchant au pas.
    Nous passâmes devant un détachement de gardes SS, lourdement armés. Tout cela n’était guère avenant.
    Puis, nous vîmes les femmes de Birkenau arriver et se rallier aux longues colonnes de détenus, qui s’ébranlaient le long des routes de campagne dans l’obscurité. Certaines d’entre elles avaient l’air très vieilles. « Vous voyez, fit observer quelqu’un, je l’avais bien dit, on ne va pas aller très loin, sinon ils n’emmèneraient pas les vieux. »
    « Peut-être qu’ils nous conduisent vers un autre camp, non loin d’ici, fit remarquer un autre. Qui sait combien de camps semblables à celui d’Auschwitz existent ? »
    La lune brillait, nous marchions le long de la route qui longeait parallèlement le cours de la Sola, entourés à droite et à gauche de gardes SS. La libération n’avait été qu’un rêve. Oui, elle allait arriver à Auschwitz, mais pas jusqu’à nous…
    1 - Budy, nom d’un petit village proche d’Auschwitz, qui, une fois ses habitants délogés, fut intégré dans le périmètre du complexe concentrationnaire et devint un sous-camp.
     
    2 - Grade équivalent au lieutenant colonel dans la SS.
     
    3 - Traduction française : « Excusez-moi, j’ai une question à vous poser »
    « Oh, vous parlez allemand »
     
    4 - Allemand de souche
     
    5 - Guerre – éclair en allemand. Doctrine militaire offensive associant forces terrestre et aérienne.
     
    6 - Zanger : chanteur en Néerlandais.
     

 
    Chapitre 6
    Finale
    La colonne semblait s’étendre sans fin. Longeant la route, elle avançait à la vitesse d’un escargot, rejointe par de nouveaux détenus venant de camps extérieurs. Il y en avait à chaque croisement de routes. Nous marchions, sans nous arrêter, les plus rapides en tête, les plus lents à l’arrière.
    Au début, nous marchions en rang ; maintenant, pauvre troupeau humain, nous nous traînions, fatigués, épuisés. La route était bordée de champs, sur lesquels on devinait des tas abandonnés. Je les avais déjà remarqués auparavant, mais sous l’éclairage mat de la lune, je parvenais à les distinguer : il s’agissait de corps sans vie, en loques rayées, jetés dans la neige et amoncelés les uns par-dessus les autres.
    L’un d’eux gisait là, une boîte en carton éventrée à ses côtés, dont s’échappaient quelques lettres, qui s’envolaient en tournoyant dans la bise glaciale.
    Son propriétaire avait-il marché trop lentement, ou trop vite ? Qui par la suite l’avait dévalisé ? Ou bien était-ce là le voleur lui-même ?
    Les mots de la devise qui, jadis, décorait les murs de notre bloc, le 7a, martelaient dans mon crâne : « Il n’y a qu’une route vers la

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