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Taï-pan

Taï-pan

Titel: Taï-pan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Clavell
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d’une heure, Struan hurla :
    « Tout le monde sur le pont ! »
    L’équipage surgit en courant du gaillard d’avant et se tint prêt, au pied des enfléchures.
    « Ouest-sud-ouest ! » cria Struan.
    L’homme de barre prit le nouveau cap et le clipper vira sous le vent. Les voiles chantèrent, les haubans grincèrent en protestant et Struan ordonna :
    « Larguez les ris dans la grand-voile et le cacatois ! »
    Le navire fendait les vagues, par bon vent arrière et l’étrave soulevait deux gerbes d’écume.
    « Comme ça ! ordonna enfin Struan. Capitaine Orlov, prenez la relève.
    — Il est grand temps, Taï-pan.
    — Peut-être pourriez-vous lui faire donner plus de vitesse. J’aimerais être à Macao au plus tôt. »
    Orlov remercia ses dieux de s’être tenu prêt, comme toujours, pour un appareillage immédiat. Dès qu’il avait vu la figure du Taï-pan, il avait compris que le China Cloud ferait bien de sortir de la rade en un temps record, sinon il se retrouverait sans navire. Et bien que sa prudence de vieux marin lui soufflât qu’il était dangereux de naviguer la nuit dans ces eaux infestées de récifs et de hauts-fonds, il exultait d’être au large, et libre, et au commandement, après tant de longs jours au mouillage. Il largua de nouveaux ris, vira un point à tribord et força l’allure.
    « Préparez le canot tribord avant, monsieur Cudahy, cria-t-il. Vaudrait mieux qu’il soit prêt quand il remontera sur le pont, Dieu sait ! Et hissez le fanal du pilote.
    — Bien, capitaine.
    — Et puis non. Pas la peine. On n’aura pas de pilote en pleine nuit et je m’en vais pas attendre le jour et un foutu pilote de malheur qui confondrait un foc et une trinquette. J’entrerai moi-même au port. Nous avons de la cargaison urgente à bord. »
    Cudahy se pencha et souffla contre l’oreille de son capitaine :
    « C’est-y celle-là, capitaine ? La celle qu’on dit qu’il l’a payée son poids en or ? Vous avez vu sa figure ?
    — Va-t’en à l’avant ou je prendrai tes tripes pour en faire des bretelles ! Monsieur Cudahy, fermez votre grande gueule et passez la consigne, nom de dieu ! Tout le monde est consigné à bord, quand on sera à Macao !
    — Oui, sûr, capitaine, répondit Cudahy en se redressant de toute sa taille pour dominer le petit homme contrefait qu’il aimait et admirait. Nos bouches sont des huîtres, par la barbe de saint Patrick. N’ayez crainte. »
    Il descendit quatre à quatre l’échelle de la passerelle et courut à l’avant.
    Orlov arpentait le gaillard d’arrière, en se demandant ce que signifiait tout le mystère, et ce que pouvait bien avoir la menue jeune femme que le Taï-pan avait portée à bord dans ses bras, tout enveloppée de voiles. Il vit le solide Chinois trapu, Fong, qui suivait Cudahy comme un chien patient, et se demanda encore une fois pourquoi cet homme était venu à bord pour y apprendre à devenir capitaine, et pourquoi le Taï-pan avait mis un de ces mécréants à bord de chacun de ses navires.
    J’aurais bien aimé voir la figure de la petite, se dit-il. Son poids en or, oui, à ce qu’il paraît. J’aimerais… Mon Dieu, que j’aimerais ne pas être ce que je suis, pouvoir regarder un homme ou une femme en face sans voir dans leurs yeux de la révulsion, ne pas avoir à prouver que je suis un homme comme les autres, et meilleur en mer que n’importe quel marin. J’en ai assez d’être Stride Orlov le bossu ! Est-ce pour ça que j’ai eu peur quand le Taï-pan m’a dit qu’en octobre j’irai dans le Nord ?
    Il se pencha lugubrement à la lisse et regarda filer l’eau sombre. T’es ce que t’es et la mer t’attend. Et tu es le capitaine du plus beau navire du monde. Et une fois dans ta vie, tu as regardé un visage et tu as vu des yeux verts qui te considéraient, comme ils auraient soupesé un homme . Ah ! Taï-pan aux yeux verts, pensa-t-il en oubliant sa détresse, pour cet instant-là que tu m’as donné, j’irais volontiers en enfer pour toi !
    « Ho là ! Vous autres, calfats de malheur ! Hissez le perroquet, nom de dieu ! » hurla-t-il.
    Sur son ordre, des hommes grimpèrent comme des singes dans les enfléchures pour tirer du vent le maximum de la vitesse qu’il pouvait donner.
    Enfin, lorsque Orlov aperçut à l’horizon les feux de Macao, il fit carguer des voiles et fit entrer le navire prudemment, mais aussi rapidement que possible, dans la baie peu profonde de

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