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Taï-pan

Taï-pan

Titel: Taï-pan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Clavell
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yeux faisaient peur. Et puis, brusquement, les grelottements firent place à la fièvre. Pendant quatre heures, elle claqua des dents. Struan lui bassina le visage avec de l’eau glacée, mais cela ne la soulageait pas. Elle eut le délire. Elle s’agitait dans son lit, marmonnait et criait dans un mélange incohérent de chinois et d’anglais, consumée par le feu terrible. Struan la serrait dans ses bras et s’efforçait de la réconforter, mais elle ne le reconnaissait pas, ne l’entendait pas.
    La fièvre cessa aussi brusquement qu’elle avait commencé. May-may était trempée de sueur. Elle entrouvrit les lèvres et poussa un soupir de soulagement extasié. Ses yeux s’ouvrirent lentement.
    « Je me sens bien, mais si fatiguée », souffla-t-elle.
    Struan aida Ah Sam à changer les draps et les taies d’oreiller. May-may mit une chemise sèche et propre, puis elle s’endormit paisiblement. À son chevet, Struan la veilla.
    Elle s’éveilla au bout de six heures, sereine mais épuisée.
    « Bonjour, Taï-pan. J’ai la fièvre de la Vallée Heureuse ?
    — Oui. Mais ton docteur a un remède pour ça. Il te l’apportera dans un jour ou deux.
    — Bien. Très bien. Ne t’en fais pas, ça ne fait rien.
    — Pourquoi souris-tu, fillette ?
    — Ah ! murmura-t-elle en s’étirant entre les draps frais. Comment peut-on autrement dominer son joss ? Si tu souris quand tu perds, alors tu gagnes, dans la vie.
    — Tu vas guérir. Tu vas voir. Ne te fais pas de souci.
    — Je n’ai pas de soucis pour moi. Rien que pour toi.
    — Que veux-tu dire ? »
    Sa veille avait épuisé Struan, et il était angoissé de voir May-may amaigrie, fragile, les yeux cernés. Et vieillie.
    « Rien. Je voudrais du bouillon. Du bouillon de poulet.
    — Le médecin a envoyé un remède pour toi. Pour te donner des forces.
    — C’est bien. Je me sens fantasticalement faible. Je prendrai le remède après le bouillon. »
    Il en commanda et May-may en but un peu, puis elle se laissa retomber sur les oreillers.
    « Maintenant, tu vas te reposer, Taï-pan, murmura-t-elle, et puis elle demanda : Combien de jours avant la prochaine fièvre ?
    — Trois ou quatre.
    — T’en fais pas, Taï-pan. Quatre jours, c’est l’éternité, ça ne fait rien. Va, repose-toi, je t’en prie, et après on causera. »
    Il monta dans sa cabine, et dormit mal, en s’éveillant à chaque instant, rêvant qu’il était éveillé, ou bien dormant d’un sommeil de plomb qui n’apportait pas de repos.
    Le soleil touchait à l’horizon quand il se réveilla. Il prit un bain, se rasa et se contempla dans la glace avec terreur. Car ses yeux lui disaient que May-may ne pourrait jamais survivre à trois crises de ce genre. Il ne pouvait lui rester que douze jours à vivre.
    On frappa à sa porte.
    « Oui ?
    — Taï-pan ?
    — Ah ! bonjour, Gordon. Quoi de neuf ?
    — Rien, hélas ! Je fais tout ce que je peux. Comment va notre Dame ?
    — La première crise est passée. Elle ne va pas bien, petit.
    — Tout a été mis en œuvre. Le docteur a envoyé un remède pour lui donner des forces, et des aliments spéciaux. Ah Sam sait ce qu’il faut faire.
    — Merci. »
    Gordon sortit, laissant Struan à ses tristes réflexions. Au désespoir, il tâtonnait, à la recherche d’une solution. Où trouver du cinchona ? Il doit bien y avoir un endroit… Où trouver de l’écorce du Pérou en Asie ? Non, pas de l’écorce du Pérou, de l’écorce des Jésuites.
    Soudain, ses pensées vagabondes se cristallisèrent en une idée. L’espoir au cœur, il cria tout haut :
    « Pour l’amour de Dieu ! Si on veut des mouches d’âne, on cherche un âne ! Si tu veux de l’écorce des Jésuites… où veux-tu chercher, bougre d’imbécile ? »
    En deux heures, le China Cloud avait été paré, appareillait et cinglait dans la baie ensanglantée par le coucher du soleil, comme une Valkyrie, toutes voiles au vent mais bien prises, contre la mousson. Quand il déboucha du chenal ouest et affronta soudain la violence de la houle et du vent du Pacifique, il roula et les haubans chantèrent joyeusement.
    « Sud-sud-est ! rugit Struan dans la brise.
    — Sud-sud-est, paré ! » répondit l’homme de barre.
    Le China Cloud changea de cap et fonça dans la nuit tombante, luttant encore contre le vent et la mer. Bientôt, il virerait à nouveau et alors il aurait le vent en poupe et pourrait cingler librement.
    Au bout

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