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Taï-pan

Taï-pan

Titel: Taï-pan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Clavell
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moment les volutes de fumée.
    « Pourquoi le Taï-pan de la Noble Maison a-t-il besoin d’aide ? murmura-t-il enfin. D’un secours… papiste ?
    — Vous pouvez parier, à coup sûr, que ce n’est pas à la légère, monseigneur. Avez-vous entendu parler de l’écorce de cinchona ? L’écorce des Jésuites ?
    — Ainsi donc. Vous avez la malaria ? La fièvre de la Vallée Heureuse ?
    — Navré de vous décevoir. Non. Je n’ai pas la malaria. Mais une personne que je chéris l’a attrapée. Est-ce que le cinchona guérit la malaria ?
    — Oui. Si la malaria de la Vallée Heureuse est la même que celle qui sévit en Amérique du Sud, dit l’évêque en fixant sur Struan son regard pénétrant. Il y a de nombreuses années, j’étais missionnaire au Brésil. J’ai eu leur malaria. Le cinchona m’a guéri.
    — En avez-vous ici ? À Macao ? »
    Un silence tomba, animé par le tapotement des ongles du prélat sur le crucifix, qui rappela à Struan le médecin chinois tâtant le pouls de May-may. Il se demanda s’il avait bien jugé l’évêque.
    « Je ne sais pas, senhor Struan, dit enfin le Portugais.
    — Si le cinchona peut guérir notre malaria, alors je suis disposé à payer. Si vous voulez de l’argent, vous en aurez. La puissance ? Je vous en donnerai. Si vous voulez mon âme, elle est à vous. Je ne souscris pas à vos vues, alors ce serait un échange sans risques. Je suis même prêt, de grand cœur, à me convertir, à faire ce qu’il faut pour, devenir catholique, mais ce serait sans valeur, comme nous le savons tous les deux. Tout ce que vous voudrez, et ce qu’il est en mon pouvoir de vous donner, vous l’aurez. Mais je veux de cette écorce. Je veux guérir une personne de la fièvre. Faites votre prix.
    — Pour quelqu’un qui vient en quémandeur, vos façons sont étranges.
    — Sûr. Mais je présume que, compte tenu de mes manières, ou de ce que vous pensez de moi et de ce que je pense de vous, nous avons une monnaie d’échange. Avez-vous du cinchona ? Si vous en avez, est-ce que ça guérira la malaria de la Vallée Heureuse ? Et dans ce cas, quel est votre prix ? »
    Dans le grand silence, les esprits et les volontés s’affrontèrent.
    « Je ne puis encore répondre à aucune de ces questions », dit l’évêque.
    Struan se leva.
    « Je reviendrai ce soir.
    — Il est inutile de revenir, senhor.
    — Vous voulez dire que vous refusez le marché ?
    — Je veux dire que ce soir serait peut-être trop tôt. Il me faudra du temps pour faire prévenir tous ceux qui soignent les malades, et recevoir leurs réponses. Et comment répondre à toutes vos questions ? Où serez-vous ? À bord du China Cloud ou chez vous ?
    — J’enverrai un homme s’asseoir sur une marche de votre perron pour attendre.
    — Ce n’est pas nécessaire. Je vous avertirai aussitôt. »
    Le prélat resta assis, puis, sentant la profondeur de l’inquiétude de Struan, il murmura avec compassion :
    « Ne vous troublez pas, senhor. Je vous ferai avertir aux deux endroits, au nom du Christ.
    — Merci. »
    En franchissant le seuil, Struan entendit l’évêque murmurer : « Allez avec Dieu », mais il ne s’arrêta pas. La porte d’entrée claqua derrière lui.
    Dans le silence de la petite bibliothèque, le prélat poussa un profond soupir. Les yeux fixés sur la croix d’améthyste, il pria tout bas. Puis il fit venir son secrétaire et donna l’ordre d’entamer les recherches. Resté seul, il se partagea en ces trois personnes que tous les princes de l’Église doivent être simultanément. D’abord, saint Pierre, l’élu du Christ et premier vicaire de Jésus, avec tout ce que cela impliquait de spirituel ; puis le gardien militant de l’Église temporelle avec tout ce que cela impliquait. Enfin, un homme, simplement, qui croyait aux enseignements du Fils de l’Homme qui était le Fils de Dieu.
    Il se carra dans son fauteuil, et laissa ces trois facettes de sa personnalité discuter entre elles. Et il les écouta.

34
    S TRUAN gravit les marches de marbre du siège de la Compagnie, le corps las mais l’esprit étrangement en paix. J’ai fait tout ce que j’ai pu, pensait-il.
    Avant qu’il ait le temps de sonner, la porte lui fut largement ouverte et Lo Chum, le majordome de la Noble Maison à Macao, lui sourit de toutes ses gencives édentées. C’était un petit vieux au visage de vieil ivoire qui était au service du Taï-pan depuis que

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