Taï-pan
Taï-pan, des fois tu es pas mal beaucoup fatigant, gémit May-may en se mettant à pleurer. Ton anniversaire est dans quatre mois. À ce moment, j’aurais été grosse du bébé alors je me suis arrangée pour te chercher une sœur. C’était difficile de trouver ce qu’il y avait de mieux. Elle est la mieux, et maintenant parce que je suis malade, je te la donne tout de suite, sans attendre. Elle ne te plaît pas ?
— Bon Dieu, fillette, ne pleure pas ! May-may, ne pleure pas, écoute… Bien sûr, que ta sœur me plaît. Mais on n’achète pas une fille comme cadeau d’anniversaire, pour l’amour de Dieu !
— Pourquoi pas ?
— Eh bien, parce que ça ne se fait pas.
— Elle est très bien. Je veux qu’elle soit ma sœur. Je voulais bien la dresser et tout lui apprendre pour les quatre mois, mais maintenant… »
Sa voix se brisa et elle éclata en sanglots.
Yin-hsi courut au lit, s’agenouilla près de May-may, lui prit la main, essuya doucement ses larmes et l’aida à boire un peu de thé. May-may l’avait avertie que les barbares sont parfois étranges et montrent leur joie en criant et en jurant, mais qu’il n’y avait pas à s’inquiéter.
« Regarde, Taï-pan, comme elle est jolie ! murmura May-may. Sûrement, elle te plaît ?
— Là n’est pas la question, May-may. Bien sûr.
— Alors c’est réglé, soupira-t-elle en fermant les yeux.
— Rien n’est réglé ! »
May-may eut recours à une dernière offensive :
« Si, et je ne veux plus discuter avec toi, bon Dieu ! J’ai payé beaucoup d’argent et elle est la mieux et je ne peux pas la renvoyer parce qu’elle perdra la face et sera obligée de se pendre.
— Ne sois pas stupide !
— Je te promets qu’elle le fera, Taï-pan. Tout le monde sait que je cherchais une nouvelle sœur, pour moi et pour toi, et si tu la renvoies sa face est perdue. Fantasticalement perdue. Elle se pendra, de sûr !
— Ne pleure pas, fillette ! Je t’en prie.
— Mais tu n’aimes pas mon cadeau d’anniversaire !
— Je l’aime bien et tu n’as pas besoin de la renvoyer, dit-il vivement. Garde-la ici. Elle… elle sera une sœur pour toi et quand tu iras mieux, eh bien, nous lui trouverons un bon mari. Là. Tu vois ? Pas besoin de pleurer. Allons, sèche tes larmes. »
May-may se calma et se laissa retomber sur ses oreillers. Son éclat avait trop sapé sa précieuse énergie. Mais ce n’était pas trop payé, exultait-elle. Maintenant, Yin-hsi va rester. Si je meurs, il sera en bonnes mains. Si je vis, elle sera ma sœur, et la deuxième sœur de cette maison, car naturellement il aura envie d’elle. Bien sûr qu’il la voudra, se dit-elle en s’abandonnant. Elle est si jolie.
Ah Sam entra.
« Massi ? Jeune Massi dehors. Voir peut ? »
La pâleur mortelle de May-may terrifia Struan.
« Docteur pas mal vite-vite ! Savvez ?
— Savvez, Massi. »
Le cœur serré, Struan sortit de la chambre. Ah Sam ferma la porte derrière lui, s’agenouilla près du lit et dit à Yin-hsi :
« Seconde Mère, je dois changer Suprême Dame avant l’arrivée du docteur.
— Oui. Je vais t’aider, Ah Sam. Père est certainement un bien curieux géant. Si Suprême Dame et toi ne m’aviez pas prévenue, j’aurais eu très peur.
— Père est très bien. Pour un barbare. Il faut dire naturellement que Suprême Dame et moi, nous l’avons bien dressé. »
Ah Sam considéra May-may, profondément endormie.
« Elle a vraiment l’air bien malade.
— Oui, mais mon astrologue prévoit de bonnes choses, alors nous devons prendre patience. »
Struan descendit dans le ravissant jardin clos.
« Culum ?
— Bonjour, Taï-pan. J’espère que tu ne m’en veux pas d’être venu ici, dit Culum en se levant, et tendant une lettre. Ceci vient d’arriver et… ma foi, au lieu d’envoyer Lo Chum, j’ai pensé que je pourrais venir voir comment tu allais. Et prendre de ses nouvelles. Comment est-elle ? »
Struan prit la lettre. Elle était de Morley Skinner et portait les mots « Personnel et Urgent ».
« Elle a perdu le bébé avant-hier.
— C’est affreux ! Le cinchona est arrivé ?
— Non… Assieds-toi, petit. »
Il ouvrit la lettre. Morley Skinner lui écrivait qu’il avait eu l’intention de garder la nouvelle de la « répudiation » jusqu’au retour de Struan – il estimait qu’il serait dangereux de la publier en son absence – mais qu’à présent il
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