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Taï-pan

Taï-pan

Titel: Taï-pan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Clavell
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donnant des ordres pour qu’il ne puisse pas boire à bord. Robb avait failli en mourir. Avec le temps, il était redevenu lui-même, et il avait remercié son frère ; il était retourné vivre avec Sarah et il avait essayé de faire sa paix. Mais il n’y avait jamais eu de paix entre ces deux-là, ni d’amour. Pauvre Robb, pensait Struan. Sûr, et pauvre Sarah. C’était terrible de vivre ainsi, mari et femme.
    « Pourquoi diable Robbie a-t-il fait ça ?
    — Je crois qu’il voulait apaiser une querelle, dit Cooper. Je me laissais emporter à la colère. Excusez-moi.
    — Ne vous excusez pas, Jeff. C’était ma faute. Alors, nous n’allons pas gaspiller le courage de Robb, hé ? Son toast ? »
    Ils burent en silence. Tout autour d’eux, sur la plage, les marchands et les marins menaient grand tapage.
    « Hé ! Taï-pan ! Et vous, fichu colonial ! Venez par ici. »
    C’était Quance, assis près du mât. Il agita la main et leur cria encore :
    « Venez par ici, nom de Dieu ! »
    Il prit une pincée de tabac, éternua deux fois et s’épousseta impatiemment avec son mouchoir de dentelle française.
    « Par Dieu, monsieur, dit-il à Struan en l’examinant par-dessus ses verres sans monture, comment diable voulez-vous qu’un homme travaille dans ce foutu tumulte ? Vous et votre fichu alcool !
    — Avez-vous goûté le cognac, monsieur Quance ?
    — Parfait, mon bon ami. Tout comme les nénés de Miss Tillman. »
    Il prit son tableau sur le chevalet et le tint à bout de bras.
    « Qu’en pensez-vous ?
    — De Shevaun Tillman ?
    — Du tableau. Par les grandes sphères de saperlipopette, comment pouvez-vous penser au cul d’une poulette quand vous êtes en présence d’un chef-d’œuvre ? »
    Le tableau était une aquarelle représentant la cérémonie du matin. Délicate. Fidèle. Et davantage encore. On reconnaissait facilement Brock et Mauss, et Glessing était là, sa proclamation à la main.
    « C’est excellent, monsieur Quance, dit Struan.
    — Cinquante guinées.
    — Je vous ai acheté un tableau la semaine dernière.
    — Vingt guinées.
    — Je ne suis pas dessus.
    — Cinquante guinées et je vous peins en train de lire la proclamation.
    — Non.
    — Monsieur Cooper. Un chef-d’œuvre. Vingt guinées.
    — Après le Taï-pan et Robb, j’ai la plus importante collection de Quance d’Extrême-Orient.
    — Nom de Dieu, messieurs, il faut que je trouve de l’argent quelque part !
    — Vendez-le à Brock. On le reconnaît très bien, conseilla Struan.
    — La peste de Brock ! » s’écria Quance et il avala une forte rasade de cognac avant de poursuivre d’une voix rauque : « Il a refusé, la peste soit de lui ! »
    D’un coup de pinceau rageur il effaça Brock.
    « Par Dieu, pourquoi le rendrais-je immortel ? Et la peste soit de vous deux. Je vais le vendre à la Royal Academy. Par votre prochain bateau, Taï-pan.
    — Qui va payer l’expédition ? Et l’assurance ?
    — Moi, mon garçon.
    — Avec quoi ? »
    Quance contempla son tableau. Il savait que même dans sa vieillesse il pouvait encore peindre et faire des progrès ; son talent ne l’abandonnerait jamais.
    « Avec quoi, monsieur Quance ? »
    Il fit un geste impérieux.
    « De l’argent. Des taels. De l’or. Des dollars. Comptant.
    — Vous avez découvert une nouvelle source de crédit, monsieur Quance ? »
    Mais le peintre ne répondit pas. Il continuait d’admirer son œuvre, conscient d’avoir accroché sa proie.
    « Allez, Aristote, insista Struan. Qui est-ce ? »
    Quance avala une énorme goulée de cognac, prisa et éternua. Puis il chuchota d’un air complice :
    « Asseyez-vous. »
    Il regarda autour de lui, pour voir si personne n’écoutait, et tendit le tableau :
    « Un secret. Vingt guinées ?
    — D’accord, dit Struan. Mais gare à vous si ça ne les vaut pas.
    — Vous êtes un prince parmi les hommes, Taï-pan. Une prise ?
    — Allez ! Parlez.
    — Il paraît qu’une certaine dame s’admire énormément. Dans la glace. Sans vêtements. Elle m’a commandé de la peindre ainsi.
    — Seigneur Dieu tout-puissant ! Qui est-ce ?
    — Vous la connaissez tous deux fort bien », déclara Quance et il ajouta en feignant la tristesse : « J’ai juré de ne pas révéler son nom. Mais je ferai passer son postérieur à la postérité. Il est magnifique. (Encore une gorgée de cognac.) Je… j’ai insisté pour la voir tout

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