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Taï-pan

Taï-pan

Titel: Taï-pan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Clavell
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pourquoi garder en vigueur la Loi de Navigation ? Pourquoi la loi interdit-elle à tout autre navire que les navires anglais d’apporter des marchandises en Angleterre ? De quel droit monopolisez-vous le plus important marché de consommation du monde ?
    — Pas du droit divin, gamin, qui semble imprégner la façon de penser et la politique étrangère d’Amérique !
    — Pour certaines choses, nous avons raison et vous avez tort. Concurrençons-nous librement. Au diable les fichus tarifs ! Le libre commerce et la mer libre, voilà ce qui est juste !
    — Struan est de cet avis aussi. Vous ne lisez donc pas les journaux ? Je peux vous dire que nous achetons dix mille voix par an pour soutenir six parlementaires qui votent pour le libre commerce. Nous faisons assez d’efforts.
    — Le vote est libre. Nous n’achetons pas les voix.
    — Vous avez votre système et nous avons le nôtre. Et je m’en vais vous dire autre chose. Les Britanniques n’étaient pas pour les guerres d’Amérique, pas un seul d’entre eux, ni pour l’une ni pour l’autre. Ni pour ces fichus démons de rois hanovriens. Vous n’avez pas gagné les guerres, nous les avons perdues. Avec joie. Pourquoi ferions-nous la guerre à notre sang ? Mais si jamais le peuple des Îles décide de faire la guerre aux États, faites attention, par la sangdieu ! Parce que vous êtes finis !
    — Je crois qu’un toast s’impose », intervint Robb.
    Les deux hommes cessèrent de s’affronter pour le regarder avec stupéfaction. Il versait trois verres de whisky.
    « Tu ne boiras pas, Robb, lança Struan d’une voix cinglante comme un coup de fouet.
    — Si. Pour la première fois à Hong Kong. Et la dernière. »
    Robb leur tendit les verres. Le whisky était doré et distillé spécialement pour la Noble Maison à Loch Tannoch, où ils étaient nés. Robb avait besoin de boire.
    « Tu as fait un serment sacré !
    — Je sais. Mais ça porte malheur de faire un toast à l’eau. Et ce toast est important, dit Robb en levant son verre d’une main tremblante. À notre avenir. À l’ Independence et à l’ Independent Cloud . À la liberté sur mer. À notre délivrance de tous les tyrans ! »
    Il prit une gorgée et garda l’alcool dans sa bouche, sentit sa brûlure, le corps tout frémissant de besoin. Puis il le recracha et versa le reste sur les galets.
    « Si jamais je recommence, fais sauter le verre de ma main. »
    Il se détourna, pris de nausée, et marcha vers l’intérieur.
    « Il lui a fallu plus de force que je n’en ai, constata Cooper.
    — Robb est fou de tenter le Diable », murmura Struan.
    Six ans plus tôt, Robb s’était mis à boire à la folie. L’année précédente, Sarah était venue d’Écosse à Macao avec les enfants. Pendant quelque temps, tout alla à merveille, et puis Sarah avait appris que Robb avait une maîtresse chinoise depuis des années, et une fille. Struan se rappelait la fureur de Sarah et la détresse de Robb, et il avait de la peine pour tous les deux. Ils auraient dû divorcer depuis longtemps, pensait-il, et il rageait parce qu’un divorce ne pouvait être obtenu que par un vote du Parlement. À la fin, Sarah avait consenti à pardonner, mais à la condition que Robb jurât de se débarrasser à jamais de Ming Soo, sa maîtresse adorée, et de leur fille. Le cœur déchiré, Robb avait juré. En secret, il avait donné à Ming Soo quatre mille taels d’argent, et elle avait quitté Macao avec sa fille. Il n’avait plus jamais entendu parler d’elles. Mais bien que Sarah se fût radoucie, elle ne pouvait oublier la ravissante fille et l’enfant et continuait de verser du sel sur la plaie. Robb s’était mis à boire. Bientôt, il devint l’esclave de l’alcool ; il ne dessoûlait pas de plusieurs mois. Et puis un jour, il avait disparu. Struan avait fini par le retrouver dans un des bouges de Macao, ivre mort, et il l’avait porté chez lui et l’avait dégrisé. Puis il lui avait mis un pistolet dans la main.
    « Tue-toi ou jure sur Dieu de ne plus jamais toucher une goutte d’alcool. C’est du poison pour toi, Robb. Voilà presque un an que tu es ivre. Il faut que tu penses aux enfants. Les pauvres marmots ont peur de toi, à juste titre ; et j’en ai assez de t’arracher au ruisseau. Regarde-toi, Robb ! Allez ! »
    Struan l’avait forcé à se regarder dans une glace et Robb avait juré. Struan l’avait alors envoyé en mer pour un mois, en

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