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Talleyrand, les beautés du diable

Talleyrand, les beautés du diable

Titel: Talleyrand, les beautés du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel de Decker
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naturelle d’un Franquetot de Coigny avec une dame Beaugeard, affirmait l’autre.
    — Et si elle était le rejeton d’une des filles de madame de Brionne, du temps où Talleyrand était leur amant ? s’imaginait une troisième commère.
    Cette élucubration était parfaitement sotte puisque nous étions en 1803, que Charlotte connaissait à peine son cinquième printemps et que les amours de l’abbé de Périgord avec Anne-Charlotte, abbesse de Remiremont, ou avec Marie-Josèphe, princesse de Carignan, remontaient au début des années de 1780.
    — Comme madame Grand la caressait beaucoup, on crut tout simplement qu’elle était sa fille et celle de monsieur de Talleyrand, se souviendra la duchesse d’Abrantès.
    On croyait cela et on avait sans doute raison ! La jolie Charlotte qui venait de surgir dans la ville d’eaux était vraisemblablement la demi-soeur de Charles de Flahaut et d’Eugène Delacroix.
    Elle était le fruit du joyeux concubinage de cette époque où son père était encore abbé et où sa mère n’avait toujours pas obtenu le divorce.
    Dans ces conditions, elle aurait pu devenir légalement la fille de monsieur Grand.
    D’où la nécessité de la garder secrète.
    On se souvient que pendant un temps les familiers de Charles Maurice avaient trouvé que madame Grand s’était un peu empâtée.
    Ceci expliquerait cela.
    D’autre part, n’avait-elle pas discrètement quitté la France durant l’été de 1799 sous prétexte de rejoindre son amant en mission à Hambourg ?
    Et si elle y avait accouché clandestinement de cette enfant dont Talleyrand finira par devenir le tuteur officiel et à qui, un jour, il donnera pour mari son neveu le baron Alexandre-Daniel de Talleyrand, futur préfet du Pas-de-Calais ?
    Après avoir été avec elle d’une étonnante générosité. Comme on peut l’être avec la chair de sa chair.
    Il est vrai que depuis le coup d’État du 18 brumaire de l’an VIII, depuis que la France vivait en Consulat, « monseigneur Courtalon » ou « l’abbé Piébot », comme le surnommaient ses ennemis, ne tirait plus le diable par la queue.
    — Mais comment avez-vous fait pour amasser tant d’argent ? lui demande un jour Bonaparte, avec sa brusquerie habituelle.
    — C’est bien simple, général-consul, répond Charles Maurice tout cauteleux, en se frottant les mains, j’ai acheté de la rente le 17 brumaire et je l’ai revendue trois jours plus tard...
    À la suite de quoi il s’est constitué une sérieuse fortune immobilière. En qualité de propriétaire parisien, pour commencer, puisque dans les minutes de son notaire, maître Chodron, on peut constater que pour la seule année 1802 il fait l’acquisition d’un terrain situé rue Saint-Honoré, d’un autre rue d’Astorg, d’une propriété sise rue de la Ville-Lévêque, sans oublier, pour agrandir le parc de son hôtel de la rue d’Anjou, quelques bons arpents négociés auprès d’un lieutenant général des armées de la République, le nommé Louis-Gabriel Suchet qui deviendra un jour maréchal d’Empire et duc d’Albufera.
    En Bordelais, il a acheté le domaine de Haut-Brion ; dans le Nord, il s’est rendu propriétaire de la terre de Pont-de-Sains, un superbe lot comprenant les bois, le château, ses nombreux communs, la forge, les étangs et le potager.
    Dans le Vexin normand, il a enlevé près de six cents hectares de bois répartis sur les communes de Panilleuse et de Mézières ; il a fait main basse sur le petit château de Breuilpont, en vallée d’Eure...
    Et puis, pour 1 300 000 de nos modernes euros, il tombe sous le charme de la somptueuse demeure de Valençay.
    C’est Bonaparte – fraîchement nommé consul à vie – qui lui avait conseillé d’acheter une belle terre.
    — Pour que vous puissiez y recevoir brillamment le corps diplomatique et les étrangers marquants, avait-il expliqué. Il faut que l’on ait envie d’aller chez vous et que d’y être prié soit une récompense pour les ambassadeurs des souverains dont je serai content.
    — Je crois savoir que le domaine de Valençay est à vendre, avait répondu le ministre, avec l’air de n’être pas réellement concerné.
    — Valençay ?
    — Oui, dans le département de l’Indre, entre Châteauroux et Selles-sur-Cher...
    — Il vous conviendrait ?
    — On en attribue les plans à Philibert Delorme. Entouré de douves, il possède deux corps de logis disposés en équerre et

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