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Talleyrand, les beautés du diable

Talleyrand, les beautés du diable

Titel: Talleyrand, les beautés du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel de Decker
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Charles Maurice.
    Ce qui veut dire, en clair, que le père et le fils ont été attirés par les deux soeurs. Ce qui tendrait aussi à confirmer que, bien avant que l’on ne découvre l’existence des gènes, la sagesse populaire a toujours raison : les chats ne font pas des canaris.
    L’hiver polonais n’étant pas propice au déplacement de troupes, dans l’attente du printemps de 1807, tout ce petit monde batifola donc gaiement sous les lambris du palais Radziwill ou ceux de l’hôtel Pepper.
    Pas de grandes manoeuvres, donc, du côté de Varsovie, mais pas de trêve, non plus, s’agissant des conquêtes du prince de Bénévent.
    Pas de coup de canon tonitruant, pas de champs de bataille ensanglantés, simplement quelques coups d’archet pour ouvrir les bals et de vastes plateaux chargés de verres dégoulinants de vodka.
    — Talleyrand savait organiser les soirées, raconte madame Potocka. C’était une manière de magicien. Personne ne pouvait être plus habile et plus brillant. Le soir de la présentation de Napoléon, par exemple, alors que notre curiosité n’était pas exempte d’une certaine crainte, tout à coup, le silence fut troublé par une subite rumeur. Les battants de la porte s’ouvrirent avec fracas et monsieur de Talleyrand s’avança, prononçant à haute et intelligible voix cette parole magique qui fait trembler tout le monde : l’Empereur !
    Charles Maurice organisait les bals mais on se doute bien qu’il ne se lançait pas dans la cabriole.
    Napoléon, lui, s’efforçait simplement de ne pas écraser les pieds de ses cavalières. Le petit Corse n’a jamais été un grand danseur, on le sait. Il préférait faire valser ses ennemis.
    — Ce n’est pas par la danse que je dois chercher à briller, lancera-t-il un jour où sa belle-fille Hortense se plaignait de son pas trop saccadé.
    — Talleyrand me fit un étrange effet quand il apparut dans le bal de l’Empereur, ajoute la comtesse Potocka, il semblait blasé et ennuyé de tout, avide de faire fortune, jaloux de la faveur d’un maître qu’il détestait, sans caractère comme sans principes, en un mot malsain d’âme comme de figure.
    On sait que sa grande soeur Marie-Thérèse ne partageait pas son sentiment.
    Marie-Thérèse qui venait de prendre quarante-six ans, mais qui ne faisait pas son âge, comme on disait déjà au XIX e siècle.
    Et qui avait surtout été contrainte d’épouser une manière de vieux bibendum qui était pris d’une quinte de toux dès qu’il remuait le petit doigt.
    — Qui plus est, Vincent Tyszkiewicz était tellement obèse qu’il ne pouvait même pas croiser les bras sur sa grosse panse, affirme un témoin.
    — Sans compter qu’on avait affaire à un vrai fantasque, ajoute un autre contemporain. Ainsi ce monsieur tenait-il à célébrer la messe tous les matins en s’affublant d’une soutane, d’un surplis de dentelle et d’une étole et, le soir venu, à la façon de l’abbé de Choisy, il se déguisait en femme.
    Et par-dessus le marché tout Varsovie savait qu’il était impuissant.
    — Quand tu t’es allongée sous Tyszkiewicz, disaient les grisettes avec lesquelles il tentait vainement de connaître l’extase, tu as su que la grandeur n’est rien.
    Dans ces conditions, on comprend que son épouse ait vivement failli à sa promesse de fidélité.
    D’autant qu’elle avait le sang chaud, la ravissante Marie-Thérèse.
    Si chaud qu’elle en avait perdu un oeil !
    Un jour, en effet, en entrant dans ses appartements, sa gouvernante – qui s’appelait madame Hoffmann – l’avait surprise fort peu vêtue, se trémoussant dans les bras d’un hobereau de telle manière que le doute n’était pas permis quant à la finalité des secousses.
    — Oh, mon Dieu ! s’était écriée madame Hoffmann, avant de tomber en pâmoison.
    Pendant que, de son côté, Marie-Thérèse, effrayée, s’en était allée se camoufler dans les profondeurs d’une cheminée.
    Dont elle ne parvint pas à s’extraire.
    Pour la dégager, il avait fallu attaquer le conduit à grands coups de pic et de pioche.
    Et il arriva que dans la manoeuvre un gros éclat de brique lui crevât un oeil.
    Rares, cependant, furent ceux qui purent un jour constater qu’elle était borgne, car elle eut toujours le chic de dissimuler cette infirmité à l’aide d’une boucle de ses jolis cheveux.
    En tout cas, on peut être sûr que son mari, qui était myope et trop gros pour la serrer de

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