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Talleyrand, les beautés du diable

Talleyrand, les beautés du diable

Titel: Talleyrand, les beautés du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel de Decker
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alors le duc d’Otrante et ministre de la Police, Joseph Fouché, qui détestait tant le prince de Bénévent, c’est parfait, la boucle est bouclée car c’était le seul vice qui lui manquait.
    Fouché était fort laid – au sens propre comme au figuré. Entrant un jour au Conseil, il se plaignit de la maladresse de son cocher qui lui avait envoyé un coup de fouet dans la figure.
    — C’est bien désagréable, lui avait alors dit Talleyrand, il suffit qu’on ait mal quelque part pour qu’on vous y attrape.
    Avec ou sans Joseph Fouché, le revenu de Charles Maurice démissionnaire allait s’accroître de deux cent mille francs. De quoi mettre un peu de baume à son vieux coeur de grippeminaud.
    — L’argent était son dieu, a noté un mémorialiste, et si ce Dieu eut eu des évêques à son service, jamais monsieur de Talleyrand ne se fût fait relever de ses voeux...
    Titré, renté, doté et nanti, Son Altesse sérénissime Charles Maurice ne tarde pas à déménager. Il ne tient pas en place. Il quitte sa maison du 35 de la rue d’Anjou-Saint-Honoré (l’hôtel de Créqui), avec ses cent vingt mètres carrés de bibliothèque et son jardin à faire craquer un Lenôtre pour aller s’installer au 57 de la rue de Varenne dans l’hôtel de Monaco connu aujourd’hui sous le nom d’hôtel Matignon. Avant de devenir la résidence de nos Premiers ministres, cette merveilleuse demeure du faubourg Saint-Germain, avec ses presque trois hectares de jardins – le plus grand parc privé du Tout-Paris ! –, aura donc, pendant quelque temps, servi de nid douillet au vice-Grand Électeur de l’Empire.
    Et à Kelly gonflée d’orgueil, de malice et de trop de sucreries.
    De malice, oui, car à vivre en permanence (ou presque) avec le plus roué des maris l’ex-madame Grand avait fini par devenir très habile en affaires. Certains sont même allés jusqu’à affirmer qu’elle était alors à la tête d’une véritable mafia qui gérait la contrebande en Russie et que, par-dessus le marché, elle ne se privait pas de se faire verser de substantiels pots-de-vin de tous les visiteurs qui désiraient obtenir telle ou telle faveur par son entremise.
    À côtoyer le diable on peut devenir infernal.
    — Maintenant que vous disposez de grands salons, je veux que vous donniez quatre fois par semaine un dîner de trente-six couverts, avait intimé Napoléon à son ex-ministre. Je vous communiquerai le moment venu la liste des invités. Il s’agira toujours de conseillers d’État, de membres du Corps législatif ou de ministres indociles qu’il conviendra que vous remettiez dans les voies de la soumission.
    L’Empereur n’ignorait pas que la table de Talleyrand était alors la plus raffinée de la planète.
    Grâce à un maître queux qui se nommait Antonin Carême.
    — Cuisinier, moi ? s’offusquait Carême que la modestie n’étouffait pas. Non, je préfère que vous me qualifiez de pâtissier-architecte ou de Palladio de la pâtisserie française.
    Il est vrai que – avec ou sans Carême –, la table de Charles Maurice était beaucoup plus raffinée que celle de l’Empereur.
    — C’est exact, convient le représentant de l’Autriche qui n’était autre que le prince de Metternich, dans les repas que présidait Napoléon il fallait s’attendre au pire. Lui-même mangeait généralement en un quart d’heure ; il commençait parfois par les sucreries, trempait à la sauvette son pain dans la sauce, saisissait un pilon à pleine main, couvrait la nappe de taches et surtout il ne faisait preuve d’aucune patience.
    Si Metternich fut surpris de voir Napoléon se comporter en mâche-dru, l’Empereur ne le fut pas moins en rencontrant pour la première fois l’ambassadeur viennois.
    — Vous êtes bien jeune, monsieur, pour représenter la plus vieille monarchie de l’Europe, lui dit-il.
    Une vieille monarchie à laquelle il venait de faire mordre la poussière.
    — J’ai l’âge que Votre Majesté avait à Austerlitz, lui répondit calmement l’homme avec lequel Talleyrand négociera un jour le congrès de Vienne.
    Donc, Napoléon n’était pas un gourmet.
    — Un jour, à l’occasion d’un déjeuner de chasse auquel j’avais été convié, poursuit Metternich, alors que le service traînait un peu, j’ai vu Napoléon interpeller son frère Louis :
    — Roi de Hollande, informez-vous donc pourquoi on ne nous sert pas.
    Mais le mari d’Hortense fut totalement

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