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Talleyrand, les beautés du diable

Talleyrand, les beautés du diable

Titel: Talleyrand, les beautés du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel de Decker
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les pieds posés sur un coussin de tapisserie où s’étalaient les armoiries des Périgord, s’amuse un témoin. Quant à ses courriers, elle ne signa dès lors plus que « Princesse souveraine de Talleyrand » et, quand l’exaltation l’emportait, elle pouvait aller jusqu’à « Princesse régnante ».
    — J’ai appris que madame de Talleyrand commettait parfois quelques bévues, lui fait alors remarquer Napoléon.
    — Hélas ! Sire, je crois que c’est la plus bête que j’ai pu trouver...
    Tout laisse donc à penser qu’on n’en était plus à l’amour torride des folles années du Directoire .
    Sic transit ...
    S’il fallait une confirmation, il suffirait de suivre le mari de Kelly en Pologne, où on le retrouve à l’automne de 1806. Parce que, après avoir maté l’Autriche et réglé son compte à la Prusse, Napoléon envisageait maintenant d’en découdre avec la Russie. Écrasés comme toujours, entre Berlin et Moscou, les Polonais accueillirent avec ferveur le nouveau maître de l’Europe qui leur avait déclaré :
    — Il est de l’intérêt de la France, de l’intérêt de l’Europe que la Pologne existe ! Vive la Pologne ! Vive la Pologne... libre !
    Au Québec, plus d’un siècle et demi plus tard, le général de Gaulle ne fera pas mieux.
    La Pologne libre, oui, si seulement elle n’avait pas été aussi boueuse !
    Et Charles Maurice qui, à cette époque, suivait encore docilement son patron ne manqua pas d’en être consterné. Surtout quand, faisant route vers Varsovie, sa voiture s’enfonça sans crier gare jusqu’aux moyeux dans un véritable lac de gadoue.
    Et il paraît que, ce jour-là, il ne fallut pas moins de douze heures et de douze soldats pour parvenir à l’extraire de l’abominable fondrière.
    — Pourquoi venir faire de la diplomatie dans un aussi mauvais chien de pays, ronchonna alors le prince de Bénévent.
    Mais il changea très vite d’opinion après qu’on lui eut attribué le palais Radziwill comme résidence.
    Et surtout après avoir rencontré la jolie comtesse Marie-Thérèse Tyszkiewicz.
    Au vrai, tant pour Talleyrand que pour son fils Charles de Flahaut ainsi que pour l’Empereur, le séjour de Varsovie fut une période propice au repos du guerrier.
    « La valeur n’attend point le nombre des années » a dit Don Rodrigue, et Charles de Flahaut ne contredira pas cet alexandrin cornélien. À peine âgé de vingt et un ans, il fait partie de l’état-major de Murat. Une partie très étroite même – si ce n’est fine ! –, puisqu’il est bientôt devenu l’amant de la femme de son chef, c’est-à-dire de Caroline, la propre soeur de Napoléon. Et comme il avait un esprit de famille extrêmement développé, quand il quittera le lit d’une Bonaparte, ce sera pour aller se glisser dans celui d’une Beauharnais, à savoir Hortense, la fille de Joséphine et l’épouse de Louis, le jeune frère de l’Empereur.
    Mais entre-temps, il y aura eu les deux comtesses de Varsovie.
    La première, Marie, avait des formes troublantes, la peau laiteuse, de longs cheveux blond-blanc bouclés, les yeux d’un beau bleu des mers du Nord, le menton un peu rond peut-être, mais racheté par une bouche charmante et des dents éclatantes comme des perles ; elle avait été livrée à un vieux comte fatigué qui se prénommait Anastase et qui répondait au patronyme de Walewski. Ce comte-là totalisait déjà soixante-huit ans et deux mariages quand de son côté elle n’avait vécu que dix-sept printemps.
    La pauvre !
    Charles de Flahaut était évidemment tombé sous le charme de cette mal mariée, mais après avoir appris que son Empereur avait lui-même des projets de conquête la concernant, il s’était empressé d’interrompre ses travaux d’approche.
    Et l’on sait que Marie Walewska ne résistera pas longtemps aux assiduités napoléoniennes.
    Si prudence est mère de sûreté, Charles, lui, était décidément bien le fils de son père.
    Aussi se consola-t-il de la déconvenue Walewska dans les bras de l’ardente comtesse Anna Potocka, « une Slave de pure race qui avait l’air d’une gitane et la vivacité des femmes du Midi », et dont le mari était aussi glacial que l’eau du golfe de Finlande.
    Elle ne demandait qu’à être réchauffée.
    Anna Potocka était aussi la nièce du dernier roi de Pologne, Stanislas-Auguste Poniatowski, et la soeur cadette de Marie-Thérèse Tyszkiewicz, l’amour polonais de

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