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Tarik ou la conquête d'Allah

Tarik ou la conquête d'Allah

Titel: Tarik ou la conquête d'Allah Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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avancer un
tel prétexte, c’est avouer que tu n’as pas l’intention de l’aider – il
attend tes troupes – et c’est compromettre le succès de ma mission.
    — Yahya, je voulais simplement
m’assurer que tu avais compris que je ne voulais rien faire mais que tout
devait démontrer le contraire. C’est pour cela que tu expliqueras à Théophile
que je lui fais don de la Crète et qu’il peut y agir en mon nom.
    L’ambassade cordouane mit plusieurs
mois pour aller à Byzance, où elle fut chaleureusement accueillie, et en
revenir. Yahya al-Ghazal déploya tous ses talents pour faire croire à son
interlocuteur que son maître attendait le moment propice pour rendre publique
leur alliance et se porter en Orient. Le basileus n’en demandait pas plus. Des
espions d’al-Mutasim s’empressèrent de mettre en garde le calife contre le
déclenchement d’une guerre qui se traduirait nécessairement par l’intervention
des troupes omeyyades auxquelles les gouverneurs des provinces les plus
éloignées se rallieraient. Effrayé, al-Mutasim préféra négocier une trêve avec
son voisin. Chacun fut satisfait de cet arrangement, à commencer par Abd al-Rahman
qui s’était imposé comme l’égal de deux souverains régnant sur des domaines
infiniment plus étendus que les siens.
    Son pouvoir était cependant fragile.
Les Nazaréens du Nord constituaient une menace permanente. Certes, depuis la
victoire remportée sur eux à al-Karya, le roi Alphonse II avait cessé ses
expéditions et son successeur, Ramiro I er , avait envoyé à plusieurs
reprises des ambassadeurs à Kurtuba. Tel n’était pas le cas des Vascons [102] ,
commandés par un prince jeune et ambitieux, Garcia Iniguez. Son père, Inigo
Arista, était un curieux personnage que tous redoutaient. Grand amateur de
femmes, il s’était remarié, après la mort de sa première épouse, avec une
muwallad, veuve elle-même de Musa Ibn Fortun Ibn Kasi, qui lui avait donné un
autre fils, Fortun Iniguez. Inigo Arista était ainsi devenu le parent de Musa
Ibn Fortun Ibn Kasi.
    Élevé à la cour, Musa Ibn Fortun Ibn
Kasi avait été le compagnon de jeux d’Abd al-Rahman. Quand celui-ci était monté
sur le trône, il avait fait de son ami l’un de ses principaux conseillers et
lui avait confié en 227 [103] le commandement d’une saifa dirigée contre l’Alaba. Le jeune homme s’était
brillamment acquitté de sa mission. Il avait amassé un énorme butin et fait des
centaines de captifs qu’il comptait ramener à Tudela, ville dont il était le
wali. Sur le chemin du retour, il avait eu une violente altercation avec l’un
de ses officiers. Il s’agissait d’un Arabe yéménite qui, dévoré par l’ambition
et la jalousie, estimait indigne de son rang et de sa naissance de servir sous
les ordres d’un homme qui comptait des Nazaréens dans sa famille. Publiquement,
il n’hésita pas à insulter son supérieur, mettant en doute sa loyauté et la
sincérité de son adhésion à la foi du prophète. Humilié, Musa Ibn Kasi s’était
enfermé dans la citadelle de Tudela et avait refusé de se rendre à Kurtuba où
l’émir l’avait convoqué.
    Cet acte de désobéissance ne pouvait
rester impuni. Abd al-Rahman avait ordonné à Harith Ibn Bazi de marcher contre
le rebelle dont il mit les troupes en déroute. L’ancien wali offrit alors de
faire sa soumission à condition que son vainqueur se replie sur Sarakusta.
L’émir rejeta sa proposition, laissant Harith Ibn Bazi continuer sa
progression. Affolé, Musa fit appel à son parent par alliance, Garcia Iniguez,
qui se porta à son secours à la tête de plusieurs centaines de cavaliers et de
fantassins bien décidés à infliger une cuisante défaite aux Ismaélites. De
fait, lors d’une féroce bataille entre les deux armées, Harith Ibn Bazi eut le
dessous. Il fut laissé pour mourant sur le terrain. Un médecin juif au service
de Garcia Iniguez tenta en vain de sauver son œil droit atteint par une flèche.
Depuis, il était prisonnier et Garcia Iniguez refusa toutes les offres de
rançon faites par la cour de Kurtuba. Furieux de cet affront, Abd al-Rahman,
accompagné de ses fils al-Mutarrif et Mohammed, lança contre les Vascons une
armée considérable, infligeant à ses adversaires de lourdes pertes à la fin du
mois de shawwal [104] Fortun Iniguez fut tué et sa tête envoyée à Kurtuba pour être promenée au bout
d’une pique. Blessés, ses complices, Garcia Iniguez et son

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