Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Tarik ou la conquête d'Allah

Tarik ou la conquête d'Allah

Titel: Tarik ou la conquête d'Allah Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
Vom Netzwerk:
es-tu ? Pourquoi
n’as-tu suivi tes compagnons qui ont détalé comme des moutons à la vue d’un
loup ? Nous prenaient-ils pour des créatures sorties des entrailles de la
terre ?
    — Noble seigneur, la mort ne me
fait pas peur. Vous ne pouvez pas être plus cruels que ces maudits Wisigoths
qui ont enlevé mes enfants pour les élever dans leur foi impie.
    — À tes paroles, je devine que
tu es juif comme moi.
    — L’Éternel, béni soit Son nom,
a donc écouté mes prières. Tes amis sont-ils eux aussi issus de la semence
d’Abraham et de nos patriarches ?
    — Non, ils sont Ismaélites.
    — J’ai entendu parler de ces
hommes et de leur chef. On m’a raconté qu’ils ne maltraitent pas nos frères.
    — On t’a bien renseigné. Quel
est ton nom ?
    — Samuel, fils de Jacob.
J’étais négociant à Toletum jusqu’à ce que les fils d’Edom, ces chiens de
Chrétiens, nous réduisent en esclavage après avoir confisqué nos maisons et nos
biens. Mes enfants m’ont été volés. J’ignore où ils se trouvent mais j’espère
qu’ils n’ont pas oublié la foi de leurs ancêtres.
    — Je m’appelle Isaac et le même
malheur s’est abattu sur moi quand je vivais à Hispalis. Je me suis enfui de
l’autre côté de la mer. Aujourd’hui, je suis de retour pour une mission dont je
ne puis rien te révéler. Sache toutefois que de grands événements vont se
produire et qu’ils profiteront amplement aux affligés de Sion. C’est pour les
préparer que nous sommes ici et j’ai besoin que tu me fournisses des
renseignements.
    — Ce sera avec joie. Pour le
moment, que tes amis fassent boire leurs montures et les conduisent aux
écuries. Ensuite, viens me rejoindre et tu apprendras de ma bouche ce que tu
veux savoir.
    — Les fuyards ne risquent-ils
pas de donner l’alerte ?
    — La ville la plus proche se trouve
à trois jours de marche et sa garnison est composée d’ivrognes et de lâches. De
toute manière, mes compagnons n’oseront pas s’y rendre de peur qu’on ne les
prenne pour des esclaves en fuite. Car dès qu’un individu suspect, pauvrement
vêtu, en un mot tout étranger, se présente dans un village ou une cité, les
habitants ont ordre de se saisir de lui et de lui faire avouer – sous la
torture si nécessaire – sa condition servile et le nom de son maître.
S’ils ne le font pas, ils sont tenus pour collectivement responsables de
trahison et condamnés à recevoir deux cents coups de fouet. Mes amis ne sont
pas fous. Je pense qu’ils se cachent dans les environs en attendant votre
départ.
    Samuel raconta ensuite à Mughit
al-Roumi et à Isaac les événements récemment arrivés dans le royaume et qui
modifieraient sans nul doute les plans de Tarik Ibn Zyad. Witiza était mort.
Son fils Akhila, duc de Septimanie et de Narbonnaise, se trouvait alors loin de
Toletum. Il n’avait pu regagner à temps la capitale où résidaient sa mère, ses
frères, Ardabast et Olmondo, ainsi que leur oncle Oppas, évêque d’Hispalis.
Roderic, le duc de Bétique, un intrigant de la pire espèce, avait acheté les
suffrages du métropolite Sindered et des nobles qui l’avaient proclamé roi. Les
parents du monarque défunt, craignant pour leur vie, s’étaient réfugiés dans le
Nord du pays. Akhila, lui, avait envoyé une armée conduite par Rechesindo mais
ses troupes avaient été défaites et il avait dû se soumettre et prêter serment
de fidélité à l’usurpateur. Pour gagner les bonnes grâces du clergé et de
l’aristocratie, Roderic avait augmenté les impôts et confisqué les biens des
petits propriétaires terriens réduits en esclavage au seul motif qu’ils étaient
soupçonnés de rébellion. Samuel fit comprendre à ses interlocuteurs que le
petit peuple aiderait quiconque lui promettrait d’alléger son sort. En
regardant Isaac, il conclut :
    — En somme, toi et tes
compagnons, vous ressemblez aux émissaires envoyés par Josué dans le pays de
Canaan. Après avoir franchi le Jourdain, ils trouvèrent alors une terre où
coulaient le lait et le miel. C’est aussi le cas de cette contrée quand la
sécheresse ne sévit pas. Il a plu ces derniers mois et la récolte s’annonce
excellente. Malheureusement, nous n’en profiterons pas. Les seigneurs prendront
tout.
    — Les paysans seront-ils prêts
à nous aider, l’interrompit Mughit, s’ils apprennent que nous ne sommes pas
Chrétiens ?
    — La belle affaire ! Ces minim, ces

Weitere Kostenlose Bücher