Testament Phonographe
devoir
Madame ?
Tu vas retrouver ton mari
Pendant que l’Autre fait la pause
Madame ?
Le bonheur ça n’est pas grand’chose
Madame ?
C’est du chagrin qui se repose
Alors
Il ne faut pas le réveiller
Le bonheur…
QU’EST’C’QUE C’EST ?
Illustration : J. Bernex
MA VIE EST UN SLALOM
Ma vie est un slalom entre mes ombre s
Dans la brume là-bas je vois un assassi n
Tout empourpré dans le couchant qui tend l’épaul e
Un soleil ça descend toujours comme un vaurie n
Ça vous met son couteau entre les pôle s
J’ai peur de ce soleil maman, je ne sais rie n
Ni toi ni moi ni eux ni ce chagrin de l’aub e
Qui me fait chaque fois renaître du desti n
Que vous croyez heureux qui n’est que machina l
Ma vie est un slalom entre mon ma l
Mes cheveux n’ont plus de lico l
Mes chiens n’ont plus de muselièr e
Et mes hiboux prennent leur vo l
Tout à l’heure à Orly-sur-terr e
Mes araignées font des habit s
Pour les princesses de la Mor t
Mes hiboux dans les bars de nui t
Boivent la mienne au ralent i
Je suis d’ici je suis d’ailleur s
Je ne suis pas et que t’import e
À toi la fille au joli cœu r
Qui s’en va mesurant ma port e
À peine rabattue sur mo i
Ma porte comme une visièr e
Ombre ma gueule d’où je voi s
Tant de lumière sans lumièr e
Ma vie est un slalom machinal machina l
Mon ombre a son soleil qui lui lèche sa trac e
Quelle horreur de m’entendr e
Quelle horreur de gueule r
Quand pourrai-je m’étendre sur une marge nett e
Et regarder passer le texte a la lunett e
Être l’indifférent sur le monde accroup i
Le monde fait toujours pipi le cul par terr e
L’espoir vainc u
L’espoir debou t
L’espoir cach é
Et puis le désespoir qui lui sert d’arrangeu r
Ma vie est un slalom entre mon cœu r
Ça pue l’éternité dans ce bar-discothèqu e
L’éternité de la matière à « music-lov e »
Et ces couples muets devant l’imaginair e
Cet adultère abstrait encombré de pilule s
Au moins s’ils connaissaient le « sacre du printemps »…
Et moi qui meurs de froid devant ma page blanch e
Photo André Villers
LA SOLITUDE
Je suis d’un autre pays que le vôtre, d’un autre quartier, d’une autre solitude.
Je m’invente aujourd’hui des chemins de traverse. Je ne suis plus de ch ez vous .
J’attends des mutants. Biologiquement je m’arrange avec l’idée que je me fais de la biologie : je pisse, j’éjacule, je pleure. Il est de toute première instance que nous façonnions nos idées comme s’il s’agissait d’objets manufacturés. Je suis prêt à vous procurer les moules. Mais…
l a solitude…
Les moules sont d’une texture nouvelle, je vous avertis. Ils ont été coulés demain matin. Si vous n’avez pas, dès ce jour, le sentiment relatif de votre durée, il est inutile de vous transmettre, il est inutile de regarder devant vous car devant c’est derrière, la nuit c’est le jour. Et…
l a solitude…
Il est de toute première instance que les laveries automatiques, au coin des rues, soient aussi imperturbables que les feux d’arrêt ou de voie libre. Les flics du détersif vous indiqueront la case où il vous sera loisible de laver ce que vous croyez être votre conscience et qui n’est qu’une dépendance de l’ordinateur neurophile qui vous sert de cerveau. Et pourtant…
l a solitude…
Le désespoir est une forme supérieure de la critique. Pour le moment, nous l’appellerons « bonheur », les mots que vous employez n’étant plus « les mots » mais une sorte de conduit à travers lequel les analphabètes se font bonne conscience. Mais…
l a solitude…
Le Code Civil nous en parlerons plus tard. Pour le moment, je voudrais codifier l’incodifiable. Je voudrais mesurer vos danaïdes démocraties.
Je voudrais m’insérer dans le vide absolu et devenir le non-dit, le non avenu, le non vierge par manque de lucidité. La lucidité se tient dans mon froc.
Horoscope de Leo Ferré
par André Breton et sa fille Aube
L’AMOUR FOU
La mer en vous comme un cadea u
Et dans vos vagues enveloppé e
Tandis que de vos doigts glacé s
Vous m’inventez sur un seul mo t
Ô Ma Frégate des hauts-fond s
Petite frangine du ma l
Remettez-vous de la passio n
Venez que je vous fasse ma l
Je vous dirai des mots d’amou
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