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Thalie et les âmes d'élite

Thalie et les âmes d'élite

Titel: Thalie et les âmes d'élite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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crois qu’il a atteint la porte sans avoir vu personne dans la boutique, tellement la colère le tenaillait. Puis ta mère est revenue un peu plus tard, après un moment dans les toilettes. Ensuite, jusqu’à la fermeture, elle a semblé troublée.
    — Au souper, elle paraissait pourtant avoir retrouvé sa bonne humeur.
    — Mais juste après cet entretien... Je ne savais trop quoi lui dire pour la rasséréner.
    De toute façon, un peu comme sa fille, Marie entendait mener sa vie à sa manière, sans chercher l’avis de son entourage. Il était difficile de lui demander de se confier, ou de lui offrir des conseils.
    — Elle n’entretient pas de bonnes relations avec son frère, n’est-ce pas ? demanda Amélie.
    — Pour autant que je le sache, elle ne me paraît pas avoir la moindre relation avec lui. Pour Mathieu et moi, le saint homme demeure un inconnu.
    — Pourtant, c’est son seul parent... Quelque chose a dû survenir entre eux, une violente querelle, une faute impardonnable.

    — Tu as sans doute raison, puisqu’ils ont à peu près rompu tous les contacts. Mais je ne sais trop de quoi il peut s’agir. Cette histoire date d’avant ma naissance et celle de Mathieu.
    La visiteuse sembla s’apercevoir de l’heure tardive. Elle se leva bien vite, formula des souhaits de bonne nuit avant de se rendre dans sa chambre, de l’autre côté du couloir.
    Peu après, la couverture jusque sous son menton, Thalie songea à cette visite inopportune. Non seulement elle connaissait le sujet de l’affrontement survenu en après-midi
    - après le récit de son expédition au presbytère de la paroisse Saint-Roch, Marie fulminait -, mais elle devinait le motif de la rupture entre le frère et la sœur : une maternité illégitime.
    Si Marie n’avait jamais fait de confidences, quiconque la connaissait pouvait deviner la cause du litige. Cela seulement avait pu rompre aussi nettement une relation familiale.

Chapitre 17

    Deux jours plus tard, presque tout le peuple de Québec se réjouissait toujours de la bonne fortune de l’Église. Des centaines de personnes s’alignaient devant la chapelle des Jésuites afin de pouvoir se recueillir devant les saintes reliques. Plutôt que de se tenir sur le trottoir dans la froidure humide de novembre pour contempler de vieux os, Elisabeth préférait s’occuper de ses affaires.
    — Avoir deux cuisines et deux salles à manger me paraît excessif, expliquait-elle à un entrepreneur en construction, cela pour une trentaine de personnes, tout au plus, si je compte le personnel.
    — Mais vous ne pouvez pas demander à tout le monde de traverser les deux jardins sous la pluie battante, ou alors pendant l’hiver, à une température de moins dix, ricana l’homme.
    En même temps, il imaginait sa séduisante cliente avec des vêtements mouillés collés sur son corps.
    — Le mieux serait de construire un ajout qui permettrait de relier les deux maisons, pour y loger justement à la fois la cuisine et une salle à manger.
    Edouard avait eu raison : les affaires du magasin PICARD
    allaient plutôt bien, au point où sa part du commerce avait valu à Elisabeth une somme généreuse. Cela lui permettait d’entreprendre des travaux plus ambitieux que ceux qu’elle envisageait plus tôt.

    — Il y a aussi de nombreuses rénovations à effectuer dans les vieilles maisons, remarqua l’entrepreneur. Cela prendra du temps. Avec le montant convenu...
    Négocier avec une femme lui semblait une belle occasion pour augmenter sa part de bénéfices.
    — Mais en cette saison, rétorqua la cliente, votre secteur d’activité est plutôt tranquille. Je ne doute pas que vous trouverez de nombreux ouvriers disposés à vous fournir quelques semaines de travail pour un prix acceptable.
    — Les salaires sont à la hausse depuis 1921.
    — Pas en cette saison. Mais si vous préférez passer les prochains mois les pieds sur la bavette du poêle à attendre le printemps, je comprendrai. Il y a d’autres personnes à qui je peux m’adresser.
    Elle disait cela avec un charmant sourire. L’homme la toisa des pieds aux cheveux blonds, puis secoua la tête de droite à gauche.
    — Je vais tenter de trouver des hommes pour le prix convenu.
    — Et à la date convenue ?
    — Lundi prochain, nous nous mettrons au travail. Si c’est tout...
    — Vous pouvez commencer dès à présent à recruter vos ouvriers. Je serai là à sept heures du matin lundi pour vous ouvrir la porte, et à six

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