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Thalie et les âmes d'élite

Thalie et les âmes d'élite

Titel: Thalie et les âmes d'élite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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le choix, de toute façon, décida Amélie. Si c’est un adepte du célibat, mieux vaut que je le sache.
    — Je ne devrais pas dire ce genre de chose, certainement pas à titre de médecin. Mais tu peux... alléger ton célibat sans risquer du « nouveau ».
    Les sous-entendus rendaient la réplique à peu près incompréhensible. Il fallut un instant avant que la jolie blonde ne réagisse :
    — Oh ! Je pense que ce genre de précaution est inutile.
    Tu sais, comme je l’ai dit, David demeure un gentleman.
    La voix contenait assez de dépit pour que son interlocutrice comprenne combien une pareille résolution de la part d’un prétendant devenait, à la longue, un peu lassante.
    — Décidément, conclut Thalie, je pense que l’une de vos longues marches devra s’agrémenter d’une charmante conversation.
    — Heureusement, avec la température plus froide, le rose sur mes joues ne trahira pas nécessairement ma timidité.
    De nouveau, toutes les deux gardèrent un long silence.
    Elles entendirent le bruit de la chasse d’eau. Les parents s’apprêtaient à aller au lit.
    — Si papa savait ce que tu viens de me dire, murmura Amélie, le pauvre homme en ferait une syncope. Ce genre de chose est totalement interdit par l’Eglise.
    — Ma belle, ne prends pas mal ce que je vais te dire, car j’apprécie les qualités de ton père, mais je suis un peu lasse de toute cette hypocrisie. Si ces deux-là ne nous ont pas fabriqué un nouveau parent, cela ne tient pas à une intervention divine. Tous les deux sont toujours en âge de se reproduire, et voilà dix ans qu’ils sont ensemble !
    — Tu veux dire que...
    La jeune femme, interdite, dut finalement admettre :
    — Bien sûr, tu as raison. Je suis sotte, n’est-ce pas ? J’ai pensé...
    — Que nos parents respectifs étaient de purs esprits ?
    — En quelque sorte, oui.
    —Je crois plutôt qu’ils s’entendent bien. Assez pour avoir des conversations comme celle que je te suggère.
    L’autre hocha la tête. Chacun essayait de négocier une existence acceptable avec sa conscience, malgré tous les interdits. Des accommodements s’imposaient, sinon la vie devenait vite insupportable.
    — Et de ton côté ? demanda finalement Amélie, un peu timide.
    — De mon côté ?

    — Tu n’évoques jamais de garçons.
    — Simplement parce qu’il n’y en a pas.
    Une certaine lassitude marquait sa voix.
    — Tout de même, les prétendants ne doivent pas manquer.
    Etendue de tout son long sur son lit, une mince chemise de nuit pour tout vêtement, on pouvait aussi dire de Thalie que tous les morceaux se trouvaient aux bons endroits. Dans la rue, elle recevait sa part de regards appuyés.
    — Si tel est le cas, je ne l’ai pas remarqué.
    — Tu me fais marcher.
    — Cela paraît si difficile à croire ? D’abord, mes années d’études tenaient un peu du cloître. Mais cela n’explique pas tout. D’un côté, je ne pourrais tolérer un homme susceptible de
    m’empêcher
    de
    travailler.
    De
    l’autre,
    je
    les
    effraie sans doute.
    L’armure forgée au fil des ans, pour se protéger des attaques nombreuses contre ses projets, la rendait inaccessible, ou la faisait paraître telle.
    — Puis, en termes pratiques, une femme mariée ne peut même pas signer un bail ou avoir son propre compte en banque, dans notre province.
    — Ton frère, en tant que notaire, pourrait te proposer un contrat à toute épreuve, semblable à celui de papa et Marie.
    — La chance de maman, c’est moins le contrat que la résolution de ton père à respecter sa liberté. Cela lui vaut d’ailleurs une affection sans limites. Ils ne sont pas légion à adopter cette attitude, et je ne peux pas me rabattre sur Paul.
    Il est pris.
    Après une pause, elle ajouta en pouffant de rire :
    — Je ne peux tout de même pas le voler à maman.
    — Sans compter que si je me réjouis de t’avoir comme demi-sœur, comme belle-mère, non merci.
    Imaginer la situation les amusa fort toutes les deux. Puis, la mine plus sérieuse, Amélie déclara :
    — Cet après-midi, ton oncle est passé à la boutique.
    — L’évêque ? Voulait-il acheter des mouchoirs brodés à sa domestique ?
    La raillerie sonnait faux. Le souvenir de sa visite au presbytère de la paroisse Saint-Roch ne lui fournissait aucune raison de se réjouir en pensant à lui.
    — Ils se sont enfermés dans la petite pièce quelques minutes. Lui est sorti le premier, les joues cramoisies, le regard fixe. En fait, je

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