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Thalie et les âmes d'élite

Thalie et les âmes d'élite

Titel: Thalie et les âmes d'élite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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me suffira, comme meubles, un lit. Pourvu que je sois avec toi. Je ne rêve pas d’une grande cérémonie, mais d’un anneau à mon doigt. Même un anneau en fer comme celui des ingénieurs me rendrait heureuse.
    La main dans la main, ils demeurèrent immobiles un long moment, silencieux aussi.
    — Dans quelques semaines, ajouta-t-il, je quitterai la maison pour emménager dans une pension très modeste.
    Mais, à moins d’une catastrophe, je mènerai une vie décente l’été prochain.
    — Les mariages sont nombreux, l’été.
    — Mais des enfants peuvent venir bien vite. Et dans ce cas...
    Comment expliquer à une jeune Canadienne française que
    le
    poids
    d’une
    famille
    nombreuse
    condamnait
    irrémédiablement à la médiocrité, sinon à la misère ?
    — Regarde-moi, murmura-t-elle.
    Lorsqu’il leva les yeux vers elle, elle continua :
    — Je sais qu’en faisant bien attention...
    Les joues cramoisies, elle n’osa pas aller au terme de sa phrase. Devant l’allusion, David sentit une solide érection.
    Elle venait de lui donner le meilleur motif d’acharnement au travail... et d’une cérémonie pas trop tardive.
    — Tu as raison, l’été est une saison propice. Je parlerai à ton père aux fêtes. Là, je devrais avoir un costume décent à me mettre sur le dos.
    Même s’il était trois heures, l’homme préféra profiter encore un peu du moment. Quand plus tard il se retrouva un whisky à la main à écouter Paul Dubuc discourir de la situation politique étrange au gouvernement fédéral, ses yeux restèrent englués sur la jeune femme.
    Celle-ci buvait son sherry à petites gorgées, discutant avec sa patronne des nouvelles robes reçues la veille. Le visage mobile, les boucles blondes... Comme il la trouvait désirable ! Une heure plus tard, quand elle le reconduisit à la porte du commerce, elle le trouva un peu moins gentleman, mais encore plus attachant.
    Quant à lui, il rentra à la maison avec des mains maintenant familiarisées avec l’élasticité de ses seins menus et la fermeté de ses fesses. Amélie le laisserait dorénavant consulter le menu un peu plus librement, afin de le maintenir dans ses bonnes résolutions.

    *****
    Une semaine plus tôt, Edouard avait décommandé le repas dominical avec sa mère. Evelyne, avait-il prétexté, ne se trouvait pas suffisamment bien pour la recevoir à dîner.
    Pareille éventualité survenait parfois ; mais dans ces circonstances, l’homme lui en faisait part de vive voix, pas grâce à un mot rédigé à la hâte.
    Sept jours plus tard, alors qu’il devait recevoir Eugénie, il invita plutôt Elisabeth à venir prendre le thé en après-midi.
    En se présentant à la porte, elle demanda sans attendre :
    — Tu ne t’es pas mis en tête de manigancer une petite rencontre de réconciliation entre ta sœur aînée et moi ? J’ai renoncé à tout espoir à ce sujet il y a des années, et je ne crois pas que je survivrais à l’entreprise.
    — Non, je songeais toutefois à une réconciliation entre toi et moi, si possible.
    Elisabeth resta bouche bée.
    — Je ne savais pas que nous étions divisés, murmura-t-elle.
    — Entre, je viens tout juste de demander à la domestique de préparer le thé.
    Comme à leur habitude, ils s’installèrent de part et d’autre du foyer, dans la bibliothèque. Le feu allumé dans l’âtre permettait d’atténuer l’humidité de novembre. La visiteuse apprécia de nouveau le décor de la pièce. Puis elle demanda, pour rompre le silence :
    — Évelyne ne se trouve pas ici ?
    — Non. Elle et Thomas junior sont allés visiter les beaux-parents. J’ai plaidé un rendez-vous d’affaires pour me dérober. De toute façon, ce n’est pas tout à fait un mensonge : je veux parler affaires.
    Une jeune bonne vint porter un plateau chargé d’une théière, de tasses et de petits biscuits. Par habitude, Elisabeth versa la boisson chaude dans les tasses puis demanda, en s’appuyant confortablement dans son fauteuil :

    — Maintenant, dis-moi le motif de notre querelle. Car honnêtement, je ne sais pas.
    — Tu as vendu ta part à Mathieu.
    Le ton cassant contenait un lourd reproche. Elle choisit de porter sa tasse à ses lèvres, le temps de chercher la meilleure réponse.
    — J’ai vendu mon bien à qui me faisait une offre convenable.
    — Mais tu savais que je la désirais... Je te l’ai demandée assez souvent au fil des ans.
    — Veux-tu dire que je n’avais pas le droit de disposer de

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