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Thalie et les âmes d'élite

Thalie et les âmes d'élite

Titel: Thalie et les âmes d'élite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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offrir de sincères condoléances par quelques-unes de ces personnes.
    Son premier mouvement, après cette horrible journée, fut de se rendre directement au presbytère de la paroisse Saint-Roch. En se remémorant le visage sombre de son pasteur, il ralentit le pas au bas de la rue de la Fabrique. Un autre visage se substitua à celui de monseigneur Buteau. Petit, éclairé de grands yeux bleus, couronné de boucles sombres.
    Le docteur Picard, une parente de son conseiller spirituel : combien elle lui paraissait plus sympathique, plus... humaine.
    Debout à l’intersection, il décida finalement de s’engager vers l’ouest, dans la rue Saint-Jean. Si elle était là, tant mieux. Sinon, il devrait chercher sa consolation auprès du curé de sa paroisse.
    La chance lui sourit. Ce jour-là, la jeune femme remplaçait son collègue Courchesne, atteint de la grippe. Elle en était à remettre en question son engagement bénévole dans ce dispensaire. Au fil des mois, elle se constituait une véritable clientèle, capable de payer le prix de la consultation.
    Puis, tout le monde parlait sans cesse de cette écurie comme de l’hôpital Notre-Dame de l’Espérance. Non seulement l’endroit perdait beaucoup de son romantisme à ses yeux, mais voudrait-on la garder dans un véritable établissement de soins catholiques ?
    Un peu après cinq heures, Raymond Lavallée passa la porte s’arrêta devant la table de sœur Sainte-Sophie.
    — Je voudrais voir la... le médecin? C’est drôle, je ne sais pas comment dire. La dame que j’ai vue la dernière fois.
    — Le ou la, les deux me conviennent très bien. Le docteur Picard vous recevra, mais il y a une personne avant vous. Pouvez-vous me rappeler votre nom ?
    Si elle se souvenait du personnage, surtout à cause de sa longue conversation avec l’omnipraticienne ensuite, son nom lui était sorti de la tête. Elle sortit son dossier d’un classeur avant de lui dire de s’asseoir.
    Quand le garçon fut dans la salle d’attente, elle le surveilla du coin de l’œil. En s’adressant à elle, il avait paru plutôt joyeux, satisfait de lui. Maintenant, au bout du banc, les yeux perdus dans le vague, une immense tristesse transparaissait sur son visage.
    Une autre malade se dirigea bientôt vers le box où se déroulaient les consultations. Quand elle sortit, la religieuse prit sur elle de se rendre dans la petite pièce.
    — Docteur, le garçon est de retour, le paroissien de votre oncle.
    — Oh ! Le petit séminariste aspirant à la sainteté.
    — C’est bien lui. Je ne prétends pas poser un diagnostic, mais il m’est apparu... déprimé.
    — Alors, appelons cela une opinion soutenue par de longues années d’expérience et un solide sens commun.
    Son interlocutrice fit une petite grimace avant de souligner :
    — Vous insistez trop à mon goût sur les années accumulées.

    — Je tenterai de m’en souvenir. Faites venir notre ami...
    Bientôt, Raymond Lavallée se planta dans l’entrée du box, hésitant à la franchir.
    — Je me demande ce que je fais ici, chuchota-t-il.
    — Comme nous avons établi la dernière fois que le chemin pour arriver à mon bureau n’était pas un petit détour, tu as certainement une bonne raison. Ferme la porte derrière toi.
    Spontanément, elle en venait à le tutoyer. Après tout, elle en savait maintenant plus sur lui que sur les membres de sa propre famille. Le ton ferme, mais en même temps la sympathie sur le visage, donnèrent au garçon l’envie d’obtempérer. Il prit la place réservée aux visiteurs. Toutefois, il demeura silencieux.
    — Sans vouloir te brusquer, le patient dit quelque chose dans ma salle de consultation, remarqua Thalie. C’est l’usage.
    — ... Aujourd’hui, nous avons passé toute la journée dans la salle de classe, devant le corps d’un camarade.
    La confidence prit la jeune femme au dépourvu.
    — Tu veux dire le garçon mort subitement.
    Les quotidiens avaient relaté le triste événement dans leur édition du matin.
    — Pas subitement. Il s’est effondré samedi, mais il est mort dimanche.
    L’omnipraticienne enregistra l’information. Ensuite, elle formula doucement :
    — Comme ce pauvre garçon est décédé, je ne peux rien faire pour lui. Alors qu’est-ce qui t’amène ?
    — ... Je pense que c’est ma faute.
    Elle ne cacha pas sa surprise. Les journaux évoquaient une chute lors d’un jeu, dans la cour du Petit Séminaire.
    Personne ne faisait la moindre allusion

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