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Thalie et les âmes d'élite

Thalie et les âmes d'élite

Titel: Thalie et les âmes d'élite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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prénom, monsieur Bernier ?
    — Bien sûr, mademoiselle Jeanne, c’est Georges.
    — Et vous avez deviné le mien ?
    — Ce n’est pas difficile. J’ai entendu votre patronne au moins cinquante fois dire «Jeanne, pourriez-vous venir ici ? » ou «Jeanne, pourriez-vous faire cela ? »
    Il imitait bien le ton et le maintien d’Elisabeth. Comme il était toujours à genoux, cela rendait sa prestation assez amusante.
    — Cinquante fois! fit Jeanne en mimant la surprise.
    Dans ce cas, elle a raison : vous ne passez pas assez de temps à travailler.
    L’autre reçut la boutade avec un sourire, puis dit avec un clin d’œil :
    — Je ne peux résister à une jolie femme.
    La domestique affecta une mine sévère, puis elle monta à l’étage supérieur afin de constater les progrès des travaux.

    *****
    Pendant des années, Édouard avait vécu dans la rassurante illusion d’être le seul propriétaire du magasin PICARD.
    Tenir une réunion avec les autres détenteurs de parts l’empêcherait désormais de se leurrer. Le lundi 1er février, un peu avant sept heures du soir, il attendait près de la porte arrière du commerce, celle donnant sur la rue Desfossés, pour recevoir ses visiteurs.
    Le premier à arriver fut Mathieu. Pour se présenter ainsi à l’heure pile, le marchand le soupçonna d’avoir attendu dans l’encoignure d’une porte de la Basse-Ville.

    — Bonsoir, grommela-t-il en s’écartant pour le laisser passer. Tu es presque en avance, tu devras patienter un peu.
    — Je n’aurais pas voulu rater la rencontre pour rien au monde.
    — Pourtant, l’exercice me paraît tout de même un peu futile. Tu vas recevoir en main propre ce que le facteur aurait déposé demain matin dans ta boîte aux lettres.
    — Mais tu fais peu de cas de mon plaisir de voir à la fois mon cousin et ma cousine. Après tout, toi et Eugénie êtes mes seuls parents, si l’on excepte ma famille immédiate.
    Edouard eut envie de crier : «Arrête de dire des sottises, nous sommes plus que des cousins ! »
    Sachant depuis quelques mois la véritable nature de leur parenté, il le regarda attentivement, cherchant sur ses traits une ressemblance. Elle ne sautait guère aux yeux, excepté des traits communs aux Picard : les cheveux foncés, le visagerégulier, la grande taille. Tout de même, son interlocuteur lui rappelait plus Alfred que Thomas.
    — Tu peux monter t’asseoir dans la petite salle voisine de mon bureau, continua le marchand, tu connais le chemin.
    — D’accord.
    En progressant entre les étals de marchandises du rez-de-chaussée dans une quasi-obscurité, Mathieu ne cessait de se répéter: «Je possède le tiers de tout cela. » Après avoir gravi l’escalier, il s’arrêta dans l’espace réservé à la secrétaire, examina les lieux en se remémorant les années de travail de Flavie. Dans une pièce voisine, il trouva un homme penché sur un rapport d’activité. Celui-ci leva la tête et tendit la main en quittant son siège.
    — Monsieur Picard, je veux dire Mathieu Picard ? Je suis Jules Deschênes.
    — Bonsoir.

    S’il le rencontrait pour la première fois, le personnage ne lui était pas inconnu. Les années précédentes, il avait signé les états financiers du commerce. Les convenances exigeaient d’attendre les autres. Aussi gardèrent-ils le silence, assis de part et d’autre de la table.

    *****
Eugénie Picard descendit de son taxi quinze bonnes minutes après l’heure convenue pour le rendez-vous. En arrivant à la porte, elle déclara :
    — Je viens de renvoyer le conducteur. J’espère que tu me ramèneras à la maison.
    — ... Fernand ne t’accompagne pas ? demanda Edouard.
    — Fernand ne possède pas un sou de ce commerce, donc je ne vois pas pourquoi m’encombrer de lui. Alors, tu me reconduiras ?
    — Oui, bien sûr.
    En réalité, depuis le mois d’octobre précédent, elle et son époux ne partageaient guère que les repas et la messe dominicale. Elle ne l’avait pas invité à venir avec elle, il n’avait exprimé aucun désir de le faire.
    Le frère et la sœur traversèrent la moitié du commerce pour rejoindre l’ascenseur. Deux étages plus haut, ils entrèrent dans
    les
    locaux
    administratifs.
    Maladroitement,
    Edouard fit les présentations. Le comptable lui serra la main et reprit sa place aussitôt.
    — Tu connais bien sûr notre cousin, Mathieu.
    Le jeune homme accueillit la nouvelle venue en disant:
    — Ah ! Si les relations de parenté ne

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