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Thalie et les âmes d'élite

Thalie et les âmes d'élite

Titel: Thalie et les âmes d'élite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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très bien. Va.
    La domestique attendit que la femme enceinte se dirige vers la grande pièce à l’avant de l’appartement pour continuer :
    — Vous autres, essayez de ne rien casser. Si vous travaillez bien, nous n’en aurons que pour une petite demi-heure.
    Le «vous autres» s’adressait aux hommes parmi cette assemblée. Chacun obtempéra avec un sourire amusé.
    Pendant ce temps, Thalie aidait sa belle-sœur à s’asseoir, tout en remarquant à mi-voix :
    — Maintenant, tu sais à quoi t’attendre sous ses bons soins.
    — C’est un amour un peu... rugueux.

    — Je l’endure depuis plus de vingt-cinq ans, vingt ans si l’on enlève mes séjours à Montréal, et je ne m’en porte pas mal. Bien sûr, comme je ne porte pas l’enfant de son chouchou, elle me laisse un peu plus de liberté.
    Le petit dépit n’échappa pas à sa parente. Ne sachant pas comment aborder ce sujet délicat, elle préféra dire :
    — Cela peut devenir un peu... étouffant.
    — D’un autre côté, elle vient de me dire de venir m’isoler avec toi pour que je puisse te rassurer à ce sujet. Au fond, Gertrude n’est pas une idiote. Pour revenir souvent ici, elle doit faire en sorte que tu sois enchantée par sa présence.
    Ne t’inquiète pas...
    Thalie marqua une pause avant d’ajouter en souriant:
    — Comme ton médecin entend te suivre de près à la suite de l’accouchement, si jamais cette présence devient un peu trop... envahissante, tu m’en glisseras un mot.
    — Mon médecin, ou ma belle-sœur ?
    — Ta belle-sœur.
    Cela valait mieux. La présence trop fréquente d’un professionnel de la santé laissait présager des complications.
    — Pendant les fêtes, tu auras la possibilité de te détendre un peu ? demanda encore Flavie.
    — J’irai voir une amie à Sherbrooke... Là aussi, ce sera pour être témoin d’une promesse de mariage, dit-elle, la mine triste.
    La future parturiente eut la délicatesse de ne pas dire quelque chose comme: «Un jour, ce sera ton tour.» Au passage de la dernière Sainte-Catherine, Thalie avait vingt-cinq ans révolus. Désormais, elle comptait parmi les vieilles filles.
    — Demain, iras-tu chez Françoise et son mari?
    interrogea-t-elle plutôt.

    — Demain, je suis préposée aux diarrhées et aux vomissements au cabinet du docteur Caron. Le brave homme se montre prêt à faire fi des interdits : une femme recevra les messieurs coupables des excès du temps des fêtes.
    — Cela les incitera à mieux se contenir au jour de l’An.
    Peu après, le reste de la famille vint les rejoindre. Les visiteurs ne restèrent que quelques minutes encore. Marie décréta que la jeune
    femme
    devait
    se
    reposer.
    Quand
    Mathieu revint de la salle de bain, elle dormait déjà.

    *****
    Un bruit de sirènes réveilla Elisabeth à cinq heures trente. Elle se retourna dans son lit, ferma les yeux de nouveau, espérant se rendormir, sans succès. Elle se leva, un peu déçue de sa nuit écourtée.
    La femme se tint un moment devant la fenêtre donnant sur le jardin. Janvier tenait Québec dans un étau de froid.
    L’essentiel des travaux commencés l’automne précédent seraient terminés dans quelques jours. Le constructeur prenait plus de temps que prévu, demandait aussi plus d’argent en plaidant de «mauvaises surprises». Sur tous les chantiers, paraissait-il, les ouvriers découvraient une poutre totalement pourrie, des bardeaux percés, une infiltration d’eau dans un cadre de fenêtre. Malgré tous ces retards accumulés, l’échéancier respectait tout de même ses prévisions initiales.
    Maintenant, son petit chez-soi se trouvait au rez-de-chaussée, aménagé
    dans
    l’ancienne
    salle
    à
    manger
    et
    un
    petit boudoir. Elle y gagnait des plafonds plus hauts, mieux décorés, de grandes fenêtres, et un peu plus d’espace. Dans les deux maisons, les chambres offraient pour la plupart une nouvelle allure. Dans celle de la rue Sainte-Geneviève, les logis se composaient désormais de pièces doubles. Elisabeth espérait y attirer une clientèle capable de verser un loyer conséquent. Les étudiants se concentreraient dans celle de la rue Saint-Denis, dans des locaux à la fois plus spartiates et moins coûteux.
    Bien sûr, l’aménagement le plus important se tenait sous ses yeux, sur sa droite: une nouvelle aile de deux étages unissant les maisons. Elisabeth regrettait l’amputation d’une bonne partie du jardin. En échange, une cuisine et une salle à manger

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